Fabriquer un téléphone intelligent éthique

Publié le 03/11/2016 à 14:12

Fabriquer un téléphone intelligent éthique

Publié le 03/11/2016 à 14:12

Un téléphone intelligent contient environ 30 mg d’or, dont 6 à 9 mg se trouvent sur les circuits imprimés.

Les raisons pour ne pas acheter un téléphone mobile abondent, du moins d’un point de vue éthique. Un téléphone mobile est composé d’une quarantaine de minerais dont beaucoup proviennent de pays pauvres. Les pratiques d’extraction y sont proches de l’exploitation, tandis que les profits miniers peuvent financer des conflits locaux. Les téléphones sont ensuite généralement fabriqués dans des usines où des employés à bas coût travaillent dans des conditions loin d’être idéales. Enfin, parce que leur durée de vie est d’un à deux ans en moyenne et que leurs pièces sont difficilement remplaçables, les smartphones génèrent beaucoup de déchets électroniques.

par Nina Siegal pour Sparknews

Dans un vaste ancien entrepôt du quartier des docks de l’est à Amsterdam, une cinquantaine de jeunes entrepreneurs œuvrent à perfectionner le premier smartphone socialement responsable au monde : le FairPhone.

Le fondateur Bas van Abel et les co-fondateurs Miquel Ballester et Tessa Wernink n’avaient aucune expérience dans la production de téléphones, mais ils étaient convaincus que c’est de l’intérieur que l’on peut le mieux impacter une industrie. Lorsqu’ils se sont rencontrés, Bas van Abel et Miquel Ballester évaluaient le potentiel du marché de l’électronique équitable à l’Open Design Lab de la Waag Society, une fondation à but non lucratif. Tessa Wernink était quant à elle responsable marketing et communication.

Pour bien prendre la mesure du défi, l’équipe part en mission d’enquête dans l’est de la République Démocratique du Congo, où de nombreux minerais sont extraits, ainsi qu’en Chine, où la plupart des téléphones sont produits. Ils mènent par ailleurs des recherches poussées sur les technologies embarquées dans les smartphones. Ensemble, ils identifient des moyens d’améliorer les pratiques sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’industrie, des matières premières au recyclage.

En 2013, FairPhone reçoit un premier investissement de 400 000 euros (450 000$ US) et lance une campagne de sociofinancement qui dépasse son objectif : 25 000 téléphones sont vendus avant même que la production ne commence. « Soudain, nous nous retrouvions avec trois millions d’euros dans notre compte sans avoir jamais fabriqué un seul téléphone », raconte Tessa Wernink.

FairPhone s’associe avec une petite usine chinoise adhérant aux principes du commerce équitable, et vend son premier modèle à 60 000 exemplaires. Le modèle suivant, FairPhone 2, est plus complexe. Modulaire, il permet à toute personne équipée d’un petit tournevis de remplacer les pièces cassées – et bientôt les pièces qui auront été mises à jour. Plus de 50 000 unités s’en sont vendues, au prix de 525 euros, depuis le début de 2016.

La désirabilité du FairPhone 2 est, selon le magazine Wired, celle d’un « téléphone honnête au design interne passionnant mais au design extérieur ennuyeux ». L’entreprise cherche à améliorer l’habillage du téléphone, qu’elle envisage de rendre personnalisable.

Déployer un réseau de distribution fait partie des défis auxquels FairPhone s’est trouvé confronté. Il est en effet compliqué de vendre hors d’Europe, notamment en raison des spécifications techniques propres à chaque marché. Il est par ailleurs impossible à l’entreprise de garantir une chaîne d’approvisionnement irréprochable pour chaque minerai. Elle promet cependant qu’au moins quatre de ses composants – étain, tantale, tungstène et or – proviennent de mines certifiées exemptes de lien avec un conflit.

« A ce stade, il est important de dire que le téléphone équitable n’existe pas encore, parce que personne n’est en mesure de remonter à l’origine exacte de chaque matière utilisée », déclare Tessa Wernink. « Mais en fabricant ce téléphone, du moins pouvons-nous commencer à rendre cela possible ».

Aujourd’hui, l’entreprise gagne 9 euros par téléphone vendu. Ses revenus sont présentés avec la plus grande transparence sur son site Internet. En plus de collaborer avec des usines qui promeuvent des conditions de travail équitables, FairPhone finance un programme social en faveur des ouvriers. L’entreprise s’attaque également aux déchets électroniques. Pour chaque FairPhone vendu, 3 euros sont réservés au recyclage des téléphones mis au rebut au Ghana, au Rwanda, au Cameroun et en Ouganda, en partenariat avec l’organisation néerlandaise de recyclage Closing the Loop.

Selon son porte-parole Fabian Hühne, FairPhone est rentré dans ses frais en 2015. Le fabricant vise cette année 100 000 téléphones vendus, ce qui assurerait sa rentabilité. Que cela se réalise ou non, l’objectif de FairPhone est atteint. « Le but n’est pas de dominer le marché », explique Fabian Hühne. « Le but est d’inspirer d’autres entreprises, et de collaborer avec d’autres entreprises pour les aider à suivre notre exemple ».

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