L’énergie qui provient de l’enveloppe du riz

Publié le 18/11/2015 à 00:01

L’énergie qui provient de l’enveloppe du riz

Publié le 18/11/2015 à 00:01

SOMMAIRE DU DOSSIER

Par Preeti Mehra, Hindu Business Line (Inde)

BIOMASSE – Si votre enfance avait été bercée par un monde plongé dans le noir tous les soirs, vous ne pourriez pas effacer ces souvenirs de sitôt. Chaque fois que Gyanesh Pandey et Ratnesh Yadav se retrouvaient, ils se rappelaient leur enfance au début des années 1990, vécue sans électricité, dans les zones rurales de l’État du Bihar en Inde.

Une fois diplômés de l’université, ils se sont promis d’offrir la lumière par une simple pression sur un interrupteur dans les zones qui n’étaient pas encore raccordées au réseau. Afin d’établir un programme viable et écologique, ils ont enrôlé Manoj Sinha, diplômé en gestion des affaires. C’était en 2007, alors qu’un tiers de la population du pays n’avait aucun accès à l’électricité.

À la suite d’une tentative infructueuse d’utiliser les graines de jatropha pour créer du carburant biodiesel, les amis se sont intéressés aux bales du riz, un produit résiduaire généré lorsque le riz, une denrée de base, est passé dans le moulin pour retirer les enveloppes du grain. Ils ont découvert que, dans les rizières du Bihar, 1,8 milliard de kilogrammes de bales étaient générés chaque année, mais sans utilisation productive.

Des minicentrales qui changent des centaines de milliers de vies

En fondant en 2008 leur entreprise, Husk Power Systems (HPS), et en lançant leurs activités dans le district du Champaran occidental, les entrepreneurs ont voulu développer un circuit qui permettait de transformer la biomasse en énergie. Grâce aux subventions du gouvernement central, ils ont conçu une centrale électrique basée sur les bales de riz et dotée d’une capacité de 30-35 kW, soit 5 à 7 heures d’électricité chaque soir pour 400 familles dans un rayon de 3 kilomètres.

Les clients devaient payer 150-160 roupies par mois (environ 3 $ CA) pour deux ampoules LFC et une unité de chargement mobile. Un système de prépaiement basé sur des compteurs électriques intelligents permettait de les faire payer plus s’ils utilisaient la télé, un réfrigérateur ou réalisaient des activités commerciales.

« Avant, lorsque la nuit tombait, on devait utiliser des lanternes au kérosène ou des bougies. Maintenant, nos enfants peuvent étudier une fois la nuit tombée et je peux aussi laisser mon magasin ouvert », dit Ranjit, boucher du village Dahwa.

HPS s’est rapidement étendu dans huit autres districts, notamment le Champaran occidental et oriental, Samastipur, Motihari, Siwan, Muzaffarpur et Gopalganj. En 2011, environ 70 minicentrales de biomasse fournissaient de l’énergie à plus de 100 000 personnes. L’investissement était faible et chaque centrale générait des revenus de 50 000 roupies (1 000 $ CA) en trois mois.

Ils ont également formé les jeunes des régions pour entretenir et travailler au sein de la centrale. « J’ai été sélectionné pour la formation et je gagne maintenant 6 500 roupies (130 $ CA) par mois », dit Ajit Kumar.

Des prix... et des fonds

Heureusement pour HPS, les financements ont afflué de plusieurs manières. Les prix obtenus lors des Darden’s Annual Business Plan Competition à l’Université de Virginie, Social Innovation Competition à l’Université du Texas et de la Ignite Clean Energy Competition au Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont été investis dans l’entreprise. Le prix International Ashden de 120 000 livres (240 000 $ CA) obtenu en 2011 s’est révélé être la cerise sur le gâteau.

La Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a également attesté le fait que la centrale de biomasse de 40 kW de la société permet une réduction de 215 tonnes de CO2 par an en fonctionnant 5 à 6 heures par jour, ce qui la rend éligible aux transactions de crédits de carbone. Elle a également reçu des dons de la Shell Foundation et des placements en actions de sociétés à capital-risque social comme Bamboo Finance, Acumen Fund et LGT Venture Philanthropy.

Sur le terrain, la société avait néanmoins ses propres griefs. Elle constatait qu’elle avait oublié plusieurs hameaux dans sa carte énergétique, car ils étaient trop éloignés ou peu peuplés. « Nous avons répondu aux besoins essentiels de ce dernier groupe par le biais de microréseaux basés sur des panneaux photovoltaïques », explique Manoj Sinha, pdg de HPS.

Husk Power Systems a conçu une centrale électrique utilisant un produit résiduaire du riz et dotée d’une capacité de 30-35 kW.

Partenariat avec First Solar

En 2014, le scénario a encore changé. HPS a constaté que ses clients n’étaient plus satisfaits par huit heures d’électricité. Ils voulaient de l’électricité à la demande. L’entreprise a donc commencé à chercher un partenaire pour faire le lien entre la biomasse et le solaire dans une unité de synchronisation hybride pour les clients, afin que l’électricité solaire leur serve pendant la journée et que l’électricité à partir de bales de riz leur serve après la tombée de la nuit.

Pour sa technologie propriétaire, elle a trouvé comme partenaire un fabricant de panneaux photovoltaïques américain, First Solar. « En tant qu’investisseur stratégique, First Solar a acquis des actions et fourni des panneaux solaires à des prix préférentiels », dit Manoj Sinha, sans révéler le ratio exact.

En septembre, HPS a lancé sa première unité hybride à Manjhariya (Motihari) où, avec la mini centrale de biomasse, 25-50 kW de panneaux solaires fournissent une électricité sans interruption. En décembre, trois autres unités de ce type seront implantées.

Bien que HPS ait innové la technologie en Inde, elle constate qu’il est très simple de mettre en œuvre de tels projets dans d’autres pays comme l’Ouganda ou la Tanzanie. « Ils ont des politiques claires pour les petits producteurs d’énergie et offrent des droits exclusifs pour 8 à 10 ans, tant qu’on respecte les tarifs. Il n’y a aucune garantie de ce genre en Inde, ce qui rend les investisseurs plutôt méfiants », explique Manoj Sinha.

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