Biofase : Des noyaux d’avocats transformés en plastique

Publié le 18/11/2015 à 00:01

Biofase : Des noyaux d’avocats transformés en plastique

Publié le 18/11/2015 à 00:01

SOMMAIRE DU DOSSIER

Par James Fredrick, Sparknews

ÉCONOMIE CIRCULAIRE – Les innovations scientifiques ne sont pas le produit d’une formule toute faite. Il suffit parfois que, par un concours de circonstances, la bonne personne lise le bon article au bon moment. C’est ce qui est arrivé à Scott Munguía, le jeune fondateur de Biofase, une entreprise de bioplastique de Monterrey, au Mexique.

En 2011, Munguía, alors âgé de 21 ans, était en voie de terminer ses études en génie chimique au Tecnológico de Monterrey, l’une des meilleures universités du Mexique. « J’étais à la recherche d’une idée à partir de laquelle je pourrais construire une entreprise, tout en cherchant aussi à m’occuper pendant le temps qu’il me restait à étudier », explique-t-il.

Puis un jour, un professeur a donné un article à lire sur la composition chimique des bioplastiques. Il s’agit d’un type de plastique d’origine végétale (en général de blé) et à même de se biodégrader en quelques années. La variété de plastique traditionnelle, à base de pétrole, représente 99 % de la quantité de plastique mondiale. Et celui-ci met des siècles à se décomposer.

Pour la plupart des étudiants, la structure du biopolymère dans le blé qui permet d’en faire du plastique est le genre d’information à assimiler et à stocker quelque part dans le cortex cérébral. Pas pour Scott Munguía.

« Le lendemain, j’ai lu un article qui traitait des propriétés chimiques des noyaux d’avocat. En réalité, j’ai eu l’heureux hasard de lire ces articles l’un après l’autre », dit-il en repensant à sa révélation.

Il s’est aperçu alors que le biopolymère présent dans le noyau d’avocat était étrangement similaire à celui du blé. Citoyen d’un pays à l’origine de près de la moitié de la production mondiale d’avocats, le jeune entrepreneur décida alors de passer le plus clair de son temps libre au laboratoire, effectuant une série d’expériences visant à modifier le polymère d’avocat afin de le rapprocher le plus possible de celui de blé.

Six mois plus tard, il avait créé un nouveau bioplastique. Il s’était de plus rendu compte que le Mexique dispose d’un stock de noyaux d’avocats presque inépuisable. En effet, en plus d’exporter des avocats entiers, les entreprises du pays réduisent ceux-ci en purée pour en faire du guacamole, laissant dans leur sillage une importante quantité de noyaux inutilisés, qui équivalent à près des 300 000 tonnes par an.

« Actuellement, les entreprises paient pour qu’on les débarrasse de leurs noyaux d’avocats », déclare Scott Munguía. La plupart sont incinérés dans des décharges, ce qui contribuer à produire des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. « Autant dire que ces entreprises sont ravies qu’on leur propose de les soulager de leurs noyaux d’avocats sans le moindre coût. »

Une entreprise bien en selle

Biofase emploie 13 personnes et prévoit s’implanter à Morelia, une ville où l’on cultive beaucoup d’avocats. L’usine pourrait alors produire plus de 600 tonnes de résine par mois, ce qui en ferait la plus importante usine de bioplastiques en Amérique lati

L’idée de Scott Munguía est une grande réussite. En 2012, le laboratoire est passé en phase de production. Trois ans plus tard, Biofase compte 13 employés et un petit bureau dans l’incubateur de l’alma mater de l’entrepreneur, à l’école Tecnológico. Bien qu’il ne souhaite pas révéler les chiffres précis, il affirme que son entreprise génère des bénéfices.

Biofase fabrique actuellement trois différentes gammes de produits. Son plus grand succès est la résine de plastique, que les clients transforment à l’aide de leurs propres machines en objets jetables, tels que des couverts, des assiettes et des bouteilles. L’entreprise produit aussi sa propre marque d’articles en plastiques : dans la cafétéria de l’université, on croise des étudiants qui consomment leur déjeuner à l’aide de couteaux et de fourchettes Biofase. Celle-ci crée aussi des articles sur mesure en plastique pour de grands clients.

Une conversion facile

Selon Scott Munguía, convertir les entreprises aux bioplastiques est une chose aisée, car tout le monde veut se targuer de réduire son empreinte carbone. Les tarifs, en revanche, sont là où le bât blesse. Aujourd’hui, sa résine se vend 15 % plus cher que les plastiques fabriqués à partir d’hydrocarbures. Mais cette différence devrait bientôt s’atténuer : Biofase est sur le point de multiplier sa production par 13.

L’entreprise s’implantera dans la ville de Morelia, au sein d’une région où l’on cultive beaucoup d’avocats, et construira une usine où l’on produira plus de 600 tonnes de résine par mois (l’équivalent de 35 millions de petites bouteilles en plastique). Il s’agira alors de la plus importante usine de bioplastiques d’Amérique latine.La nouvelle usine de Biofase produira plus de 600 tonnes de résine par mois, ce qui en fera la plus importante usine de bioplastique en Amérique latine.

D’après Scott Munguía, les économies d’échelle de la nouvelle usine changeront la donne. Son but est de proposer un produit 10 % moins cher que les plastiques traditionnels. Il prévoit d’élargir sa clientèle au-delà du Mexique, vers les États-Unis. Là, il en est sûr, les clients ne tarderont pas à être séduits par le coût plus qu’avantageux de sa résine. « Je pense que nous allons être les premiers producteurs du monde à vendre des bioplastiques moins cher que les plastiques à base d’hydrocarbures. »

Munguía n’a pas l’intention d’en rester là. De retour au laboratoire, il déborde de nouvelles idées, telles que la biodégradation sélective, une technologie récente qui permettrait aux individus « d’appuyer sur un bouton » pour démarrer le processus de dégradation, ce qui signifierait que les bioplastiques pourraient passer de simples fourchettes jetables à des biens durables tels que des tables ou encore des chaises.


« J’étais à la recherche d’une idée à partir de laquelle je pourrais construire une entreprise, tout en cherchant aussi à m’occuper pendant le temps qu’il me restait à étudier », raconte Scott Munguía, de Biofase.

Munguía est conscient de l’impact minime de Biofase. Même à pleine capacité, l’usine n’utilisera qu’une petite fraction des déchets de noyaux d’avocats du Mexique. Et si l’entreprise était capable de transformer chacun de ces noyaux en plastique, cela ne représenterait que 30 % de la production mondiale de bioplastiques, soit moins d’1 % de la production de plastique, tous types confondus.

La particularité de Biofase est sa capacité à transformer des déchets locaux en produits durables et rentables. Selon l’entrepreneur mexicain, l’idéal serait de voir d’autres types de biomasses, dans d’autres régions du monde, être convertis en plastiques du futur. Et en ce qui concerne les avocats, il a démontré une fois encore qu’il n’existe pas de mets plus succulent – et plus durable dans le monde.

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