COP24 - En Italie, l’économie circulaire crée de la valeur

Publié le 08/12/2018 à 11:27

COP24 - En Italie, l’économie circulaire crée de la valeur

Publié le 08/12/2018 à 11:27

Une rivière qui a la forme d'un cercle, entourée d'arbres

[Photo: courtoisie]

Trois ans après l’adoption de l’Accord de Paris, les gouvernements du monde se réunissent du 3 au 14 décembre en Pologne, dans l’espoir de combler le fossé entre l’ambition et l’engagement pour la lutte contre les changements climatiques. Or, la participation des entreprises et des investisseurs est primordiale pour atteindre ces objectifs. 

À l’occasion de la COP24, Les Affaires, en partenariat avec Solutions & Co, s’associe à des médias économiques du monde entier dans un projet unique de journalisme d’impact afin de vous présenter des solutions d’affaires mises en place aux quatre coins du globe pour accélérer la transition vers une économie à faible émission de carbone et qui représentent de réelles occasions commerciales.

Par Elena Comelli, Il Sole/24 Ore

L’ère des produits jetables est révolue, place aux produits recyclables. L’avenir du secteur manufacturier réside dans sa capacité à recycler, à réduire sa dépendance aux matières premières et à diminuer les déchets et le gaspillage d’énergie.

Cette position, soutenue par l’Union européenne, est justifiée par les résultats des entreprises qui opèrent au sein de l’économie circulaire et qui réussissent mieux que leurs paires.

L’Italie, qui n’a jamais été riche en ressources naturelles, a pensé son économie pour opérer dans la pénurie, ce qui place aujourd’hui le pays dans une position privilégiée par rapport à ses concurrents dans l’économie circulaire mondiale.

De la ferraille de Brescia aux chutes de papier de Lucca en passant par les haillons de Prato, les fabricants italiens sont à la pointe de ces techniques depuis des siècles. Mais on peut toujours mieux faire.

« Le système de production italien se place au premier rang européen en matière d’utilisation de matières premières secondaires recyclées », affirme Domenico Sturabotti, directeur de Fondazione Symbola, la référence italienne pour les entreprises en voie de transition vers un système de production circulaire.

D’après les chiffres d’Eurostat, 18,5 % des matériaux utilisés dans les usines d’Italie sont des matières premières secondaires.

L’Allemagne, la seule grande nation européenne avec un secteur manufacturier plus important que l’Italie, est derrière avec 10,7 %.

Parmi toutes les grandes économies européennes, l’Italie possède le deuxième taux d’efficacité en matière d’utilisation des matières premières.

Elle ne consomme aujourd’hui que la moitié de ce qu’elle consommait en 2008, soit quelque 256 tonnes de matières premières par million d’euros, tandis que l’Allemagne en consomme 424 tonnes.

Le Royaume-Uni se hisse à la première place avec 223 tonnes par million d’euros, mais son économie repose plus sur le secteur financier que l’italienne.

Second recycleur industriel européen, l’Italie recycle près de 48 millions de tonnes de déchets non dangereux chaque année (contre 59 millions de tonnes recyclées par l’Allemagne).

Grâce à son système de recyclage, le pays économise une quantité d’énergie primaire équivalente à 17 millions de tonnes de pétrole, tout en réduisant ses émissions de CO2 de 60 millions de tonnes.

L'économie circulaire et ses avantages

Cependant, la réduction des émissions et la baisse des factures énergétiques ne sont pas les seuls avantages que présente l’économie circulaire.

« Une efficacité accrue implique des coûts de production moindres, une dépendance modérée aux matières premières provenant de pays étrangers, ainsi qu’une plus grande place pour l’innovation, que ce soit pour la conception de nouveaux produits à partir de déchets ou d’appareils usés, des vêtements recyclés ou l’utilisation de déchets agricoles pour produire du bioplastique », explique Domenico Sturabotti.

« En 2017, 27 % des moyennes entreprises du secteur industriel qui s'inscrivent dans une démarche éco-efficace investissaient dans la recherche et le développement, contre seulement 18 % chez les entreprises qui n’ont pas pris cet engagement. »

Les effets sur la productivité sont encore plus importants. D’après une étude menée conjointement par Symbola et Union Camere (la chambre du commerce italienne), « entre 2014 et 2016, les moyennes entreprises du secteur industriel qui ont investi dans l’innovation écologique ont obtenu de meilleurs résultats que les autres. »

Ce qui s’est traduit par la création d’emploi : environ 41 % des entreprises éco-innovantes ont signalé une augmentation du nombre d’employés, contre seulement 31 % pour les autres entreprises. Les exportations ont aussi augmenté de 49 %, contre 33 % pour les autres.

Fondamentalement, une économie circulaire engendre de la croissance, comme le montre l’histoire des entreprises qui, en utilisant la technologie industrielle 4.0, ont fait des défis environnementaux autant d’opportunités.

Ce changement a affecté tous les secteurs d’industries et chaînes d’approvisionnement, mais c’est à la machinerie industrielle que cela a plus profité, lui permettant de concevoir des produits plus efficaces et plus facilement recyclables.

Les jeans délavés Tonello

[Photo: courtoisie]

Parmi ces belles réussites, nous retrouvons des entreprises telles que Dell’Orco & Villani à Florence et Tonello à Vicence.

Tonello produit des machines utilisées par les plus grandes marques de prêt-à-porter pour finaliser leurs vêtements.

Ces machines consomment beaucoup moins d’énergie que celles des concurrents, et proposent un système de recyclage de l’eau.

La technologie « NoStone » de Tonello a gagné en popularité en donnant une apparence délavée aux jeans grâce à des procédés mécaniques, sans avoir recours à des produits chimiques, ou des poudres et chaux industrielles.

Le Made in Intaly se réinvente

Des secteurs d’affaires traditionnels portés sur le Made in Italy ont eux aussi tiré leur épingle du jeu.

À titre d’exemple, la confection de meubles Saviola, dans la région de Mantoue, récupère 1,5 million de tonnes de bois jetés dans les décharges et produit des agglomérés, sans couper un seul arbre, sur 14 sites répartis à travers l’Italie, la Belgique et l’Argentine.

Dans l’industrie de la mode, l’entreprise de rembourrage thermique, qui investit depuis les années 1980 dans le recyclage du plastique, a conçu des collections fabriquées exclusivement avec du polyester recyclé.

La collection Ecodown, par exemple, utilise uniquement des fibres obtenues grâce au plastique recyclé. Le manteau Ecodown moyen est fabriqué à partir de 10 bouteilles plastiques qui seraient autrement jetées aux ordures.

En même temps, les styles de vie et les habitudes de consommation évoluent aussi rapidement.

D’après une étude menée par Lifegate, un réseau international d’innovation durable, environ 59 % des Italiens déclarent se préoccuper des questions de durabilité.

L’industrie agroalimentaire biologique a multiplié par deux ses revenus, s’approchant de la barre des cinq milliards d’euros.

La consommation éthique est en pleine expansion. L’ONG italienne Legambiente estime que ces nouveaux secteurs d’affaires pourraient créer jusqu’à 867 000 emplois en Europe, dont 190 000 en Italie.

Cliquez ici pour consulter le dossier «Changements climatiques 2018».

 

 

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