«Nous ne nous laisserons pas décourager par les mauvaises nouvelles» - Vincent et Alexandre Range, propriétaires de Blanc Bistro

Offert par Les Affaires


Édition du 07 Mai 2016

«Nous ne nous laisserons pas décourager par les mauvaises nouvelles» - Vincent et Alexandre Range, propriétaires de Blanc Bistro

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Édition du 07 Mai 2016

Les frères Alexandre (à gauche) et Vincent Range, propriétaires du restaurant Blanc Bistro à Sept-Îles, viennent d’être désignés ambassadeurs pour la Côte-Nord de la campagne Prospérité Québec. [Photo : Optik 360]

Un vent de renouveau souffle sur le bas de la ville de Sept-Îles, un quartier à proximité du fleuve. Au cours des dernières années, de nombreux jeunes entrepreneurs de la région ont acheté et rénové des commerces ou en ont créé de nouveaux : Café Toscane, Marché MelLau, Pub St-Marc... Et le restaurant Blanc Bistro, propriété de deux natifs de Sept-Îles, les frères Alexandre et Vincent Range. Ils viennent tout juste d'être désignés ambassadeurs pour la Côte-Nord de la campagne Prospérité Québec, ce mouvement mis sur pied en 2015 par le Conseil du patronat du Québec (CPQ) pour favoriser le développement économique.

Après des études à Québec, en administration et en cuisine pour Vincent et en création multimédia pour Alexandre, les deux frères sont revenus dans leur patelin en 2011 pour brasser des affaires.

«À sept ans, je voulais déjà avoir mon restaurant, raconte Vincent. La fibre entrepreneuriale, c'est quelque chose qui commence tôt.» À plus forte raison lorsqu'on a un exemple sous les yeux : Léonard Range, le père des deux jeunes entrepreneurs, est propriétaire de l'entreprise de construction septilienne Maintenance Vemco.

Ses fils lancent d'abord une entreprise de chef à domicile, puis, en 2014, le Blanc Bistro dans une maison patrimoniale qu'ils agrandissent. Pour ce deuxième projet, la SADC Côte-Nord les aide à peaufiner leur plan d'affaires et leur octroie un prêt de démarrage.

En novembre dernier, Vincent récidive et ouvre le Placard à poutine, où le mets emblématique, proposé en versions gourmandes, est offert jusqu'à tard dans la nuit (4 h) les week-ends. Cette fois-ci, l'homme d'affaires de 27 ans s'associe à sa conjointe, Julie Thibault, sous-chef au Blanc Bistro.

«À Sept-Îles, il n'y avait pas de restaurant ouvert la nuit, dit-il. Pourtant, il y a beaucoup de travailleurs de nuit et de gens qui sortent dans les bars. La clientèle est là. La preuve : le Placard à poutine est ouvert trois jours par semaine, et c'est toujours plein !» Vincent Range songe même à prendre de l'expansion en ouvrant un autre bistro du genre ailleurs sur la Côte-Nord et, pourquoi pas, en établir aussi ailleurs au Québec. «Nous sommes en train de mijoter tout ça», indique-t-il sans donner d'échéancier. Son cadet affirme pour sa part avoir aussi d'autres projets d'entrepreneuriat en tête.

Pas étonnant que le CPQ les ait choisis comme ambassadeurs pour sa campagne Prospérité, aux côtés de Guylaine Quessy, présidente de Synergica Électrique, de Port-Cartier. Pendant leur mandat de trois ans, les frères Range donneront des conférences auprès des jeunes, en collaboration avec le Carrefour jeunesse-emploi de Duplessis. Ils souhaitent témoigner de leur expérience de démarrage d'entreprise dans l'espoir de susciter des vocations.

«Nous aimerions que déjà, sur les bancs d'école, les jeunes envisagent l'entrepreneuriat comme une possibilité de carrière, dit Vincent Range, dont les deux restaurants emploient 22 personnes. Nous voulons changer les mentalités. Être entrepreneur, c'est positif. Cela crée de la richesse, oui, et c'est avec de la richesse qu'on peut offrir de meilleures conditions de travail aux gens.»

Le verre à moitié plein

L'optimisme de Vincent et Alexandre Range détonne dans une région où l'humeur générale est plutôt à la morosité. Malmenée par la faiblesse du prix du fer, la région a été touchée depuis deux ans par la fermeture de l'usine de bouletage de Pointe-Noire, à Sept-Îles, et la mine de fer du lac Bloom, à Fermont.

«Ce sont environ 450 emplois directs qui ont été perdus, note Russel Tremblay, directeur adjoint de Développement économique Sept-Îles. En comptant les pertes indirectes, c'est l'équivalent de la disparition de 26 000 emplois à Montréal.»

Autre coup dur : l'espagnole FerroAtlantica a annoncé en décembre dernier qu'elle renonçait à bâtir une usine de silicium à Port-Cartier, invoquant la concurrence chinoise. La région croyait pourtant que ce projet de 350 emplois était dans la poche. «Cela nous aurait aidés à nous diversifier et à moins dépendre du fer», dit Danielle Beaupré, présidente de la Chambre de commerce de Port-Cartier. L'année dernière, 1 339 citoyens de la Côte-Nord ont plié bagage, soit près de 1,5 % de la population.

Les frères Range, eux, sont restés et n'ont pas l'intention de partir. Mais le ralentissement les a forcés à revoir le positionnement de leur restaurant. Au départ, le Blanc Bistro se voulait «bistronomique», un néologisme issu de la fusion de bistro et de gastronomique. «Maintenant, notre cuisine est davantage de type bistro-brasserie, et les prix sont plus abordables, indique Alexandre Range, 25 ans. Cela nous a permis de maintenir l'affluence.»

L'entrepreneur nord-côtois ne considère pas ce repositionnement comme un recul : «Quand on fait des affaires, il faut savoir s'adapter. Même si la situation économique est difficile, les gens ont toujours besoin de se divertir». Incidemment, le Blanc Bistro a toujours un sommelier à son service !

Pour l'aîné Vincent, qui a ouvert un deuxième restaurant en plein creux de la vague, mieux vaut éviter de stopper tous les projets d'expansion ou d'amélioration lors d'une crise. «C'est au contraire préférable de se préparer à être plus solide quand la reprise surviendra. Il faut être réaliste plutôt que négatif. Le fer est une industrie cyclique, et on doit vivre avec ça.»

Vincent et Alexandre Range préfèrent résolument voir le verre à moitié plein. «L'achat par le gouvernement des installations de Pointe-Noire, c'est extraordinaire !» lance Alexandre, qui poursuit des études en gestion urbaine et immobilière parallèlement à son métier de restaurateur.

En février, Québec a en effet confirmé l'injection de 67 millions de dollars dans le rachat des éléments d'actif de la minière en faillite Cliffs Natural Resources, dans le secteur Pointe-Noire, à Sept-Îles. Cet investissement ouvre la voie à différents projets miniers, dont celui de la société indienne Tata Steel qui compte investir 400 M$ dans une mine de fer à Schefferville. C'est que la Pointe-Noire, qui longe la baie, constitue un emplacement stratégique pour l'expédition de la production issue de la fosse du Labrador. Or, Cliffs en refusait l'accès aux autres minières.

«Avec le rachat de ses installations, un gros noeud est dénoué, se réjouit M. Tremblay. Les infrastructures et les terrains serviront au développement économique de toute la région... à la condition qu'ils demeurent la propriété de l'État. On ne doit pas répéter les erreurs du passé !»

Diversifier la filière minérale

Pour réussir sa relance, la région compte aussi sur l'acquisition récente par Champion Iron des installations de la mine du lac Bloom qui appartenaient à Cliffs. «Il faudra attendre une remontée du prix du fer avant que les activités reprennent, commente M. Tremblay. Mais chose certaine, l'industrie du fer est là pour longtemps, car la fosse du Labrador en a des réserves phénoménales.»

Reste que la diversification minérale, qui permettrait à la Côte-Nord de moins souffrir des cycles baissiers du fer, reste à l'ordre du jour. Certes, il y a déjà l'Aluminerie Alouette qui fait travailler 900 personnes à Sept-Îles. Mais la région a aussi dans ses cartons deux projets de mise en valeur du graphite : Mason Graphite (Baie-Comeau) et Focus Graphite (Fermont). Ce minerai est notamment utilisé dans la construction des véhicules électriques. Un projet de mine d'apatite, Mine Arnaud, est également au programme. Il a toutefois pris du retard, faute d'investisseurs.

La scierie Arbec travaille pour sa part à un projet de production de biocarburant à partir de résidus de bois. Une usine pourrait éventuellement voir le jour à Port-Cartier, mais aucun échéancier n'est fixé.

En 2015, les investissements miniers sur la Côte-Nord ont dégringolé à 580 millions de dollars, en baisse de 30,7 % par rapport à 2014 et loin derrière les deux milliards de dollars de 2012, selon l'Institut de la statistique du Québec.


CES GENS QUI FONT UNE RÉGION

Série 1 de 3. Certains entrepreneurs ont un impact important sur leur région en contribuant à revitaliser son économie. Portraits de ces catalyseurs d'énergie locale.

 

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