Mohamed El-Erian partira de PIMCO en mars. [Photo: Bloomberg]
Le mois dernier, PIMCO, le plus gros gestionnaire d’obligations du monde, annonçait à la surprise générale que son pdg, Mohamed El-Erian, serait congédié sans en révéler la cause. Certains observateurs spéculent sur du surmenage, d’autres sur des intérêts politiques. Toutefois, une querelle à l’interne semble être la principale explication, rapporte le Wall Street Journal.
Mohamed El-Erian, prédésigné comme successeur de Bill Gross, cofondateur de PIMCO, devrait quitter son poste au sein du plus gros gestionnaire d’obligations du monde en mars, avait déclaré le mois dernier l’entreprise dans une note à ses clients.
Pimco a affirmé que M. El-Erian continuerait à faire partie du conseil de direction de la maison mère de PIMCO, l’assureur allemand Allianz, sans toutefois révéler la raison de son départ.
Plus tard, Bill Gross avait déclaré que Mohamed El-Erian souhaitait se lancer dans l’écriture d’un second livre et passer plus de temps avec sa famille. Toutefois, M. Gross ne semble pas avoir dit «la vérité, toute la vérité», et n’a pas dit «je le jure!».
En effet, Bill Gross, qui a cofondé PIMCO en 1971 et en a fait un mastodonte gérant près de 2000 G$ US, aurait eu une altercation plutôt houleuse avec Mohamed El-Erian devant une douzaine d’employés, rapporte le quotidien financier. Le type de dispute rarement vu chez PIMCO, disent les salariés.
«J’ai une feuille de route de 41 ans qui montre l’excellence de mes placements», a dit Bill Gross à Mohamed El-Erian, selon deux témoins cités par le WSJ. «Toi, qu’est ce que tu as?»
«Je suis tanné de nettoyer ta m***e !», lui aurait répondu M. El-Erian, faisant référence à la façon dont Bill Gross dirige son équipe, qui serait nuisible à PIMCO, selon les deux témoins.
Après que Mohamed El-Erian a fait part de «ses quatre vérités» à Bill Gross, l’empressant de changer sa manière d’interagir avec les employés, M. Gross a accepté de faire des ajustements, disent les employés de PIMCO. Toutefois, le mois dernier, PIMCO prenait les employés et les investisseurs de court en annonçant le départ du pdg de l’entreprise.
Pas de tensions, selon Bill Gross
Dans une entrevue donnée au WSJ en janvier, Bill Gross a balayé du revers de la main les interrogations quant à des tensions ayant mené au départ de M. El-Erian.
«Ça n’a rien à voir avec des frictions», avait-il déclaré, bien qu’il reconnaît qu’il peut être dur au travail. «Des fois les gens disent «Gross en demande trop», et peut-être que c’est vrai. J’aimerais souligner que si vous pensez que j’en demande beaucoup aujourd’hui, vous auriez dû me voir il y a 20 ans.»
Le mois dernier, les obligations se sont retrouvées sous pression, car les investisseurs étaient effrayés par la possibilité que la Réserve fédérale américaine réduise son plan d’achat d’obligations. En juin, les investisseurs ont retiré 9,6 G$US du fonds de M. Gross. «Ne sautez pas du navire maintenant», avait écrit Bill Gross à ses clients.
L’environnement des marchés obligataires semble donc avoir été «la goutte qui fait déborder le vase», ajoutant de la pression sur les épaules des deux personnalités aux caractères antagonistes.
Bill Gross est un ancien joueur de blackjack et un négociateur (trader) dans l’âme, tandis que M. El-Erian est un économiste avec une approche beaucoup plus méthodique.
