«Sans le secteur pluriel, notre société ne serait pas la même» - Pascal Lépine, président d'Atypic

 

Pascal Lépine, président d'Atypic [Photo : Gilles Delisle]

Dominique Froment

Pascal Lépine, président d'Atypic [Photo : Gilles Delisle]

Pascal Lépine a mis plus de 10 ans à trouver la vocation de la firme qu'il a fondée en 1999. Atypic est devenue il y a deux ans une société-conseil auprès d'organismes à but non lucratif et d'organisations caritatives.


«Nous divisons toujours le monde entre le secteur privé et le public, alors qu'entre les deux existe un monde très vaste sans lequel notre société ne serait pas la même», explique M. Lépine, 35 ans, qui détient 90 % d'Atypic.


C'est ce que Henry Mintzberg appelle le secteur pluriel. L'auteur montréalais mondialement reconnu dans le domaine du management a été le directeur du document final de M. Lépine lors de son EMBA, terminé en 2012.


Ce monde comprend les organisations caritatives, les fondations, les organismes communautaires et non gouvernementaux, les associations professionnelles, les coopératives, les mutuelles, les établissements de santé, les maisons d'enseignement, etc. Ce sont ces 46 000 OBNL québécois que cible Atypic et qui, selon M. Lépine, contribuent au PIB à hauteur de 22 milliards de dollars et emploient 470 000 personnes.


Avec ses 15 employés, Atypic offre à cette clientèle des services de communication, de stratégie et de recherche de financement.


«D'autres sociétés-conseils proposent aux OBNL des services de recherche de financement, mais nous sommes les seuls à offrir une gamme de services aussi large», soutient M. Lépine.


Au cours des prochaines années, Pascal Lépine veut mettre sur pied une coopérative de travailleurs actionnaires qui détiendra de 25 à 30 % d'Atypic. Les coops font partie du secteur pluriel, et pour M. Lépine, c'est une question de valeurs. C'est pour lui aussi une façon d'exercer son «communautéship», une forme de leadership moins égocentrique. «On parle beaucoup de leadership, mais ce n'est pas vrai qu'un seul leader peut être responsable du succès d'une organisation.»


Un repositionnement


Pascal Lépine a étudié en littérature française pour devenir poète. Mais il s'est vite rendu compte qu'il ne pourrait pas vivre de sa plume. «Après mes études, je ne savais pas ce que je ferais dans la vie.» Il trouve un emploi d'été dans une firme de relations publiques qui a comme projet de créer un répertoire de médias en ligne. Mais la firme ne trouve pas le financement pour son projet. «J'étais certain que je pouvais trouver du financement pour ce répertoire», raconte M. Lépine, qui décide alors de créer Atypic avec un associé, en 1999.


Et il trouve en effet l'argent pour ce répertoire. Son projet reçoit un très bon accueil dans les médias, mais les clients se font rares. «J'en ai tiré une leçon : tu peux avoir l'idée la plus géniale, mais si le marché n'est pas prêt à l'accueillir, ça ne marchera pas.»


En 2002, il vend son moteur de recherche à son associé, dont il se sépare. Il commence à faire des sites Web, mais finit par se lasser. «On n'avait que des miettes de la stratégie de communication de nos clients.» Atypic devient alors une agence de communication intégrée.


Mais le jeune entrepreneur ressent toujours un vide, qu'il comble en consacrant 25 heures par semaine à des OBNL, comme le PROMIS, qui aide les immigrants à s'intégrer, et la Chambre de commerce gaie du Québec, dont il a été président pendant trois ans. «Je n'ai pas de femme mais un mari», se plaît-il à répondre à tous ceux qui l'interroge sur le jonc qu'il porte à la main gauche. Marié depuis trois ans à l'un de ses employés et ayant entrepris des démarches pour adopter un enfant, Pascal Lépine assume pleinement sa différence. «Je fais mon coming out toutes les semaines», dit-il. En 2007, il fonde la Chambre de commerce internationale gaie et lesbienne.


Il s'occupe aussi depuis plus de six ans de la Fondation CSSS Jeanne-Mance. «Comme plusieurs OBNL faisaient partie de nos clients, j'ai décidé il y a deux ans de repositionner Atypic sur les OBNL. J'aurais dû le faire bien avant.»


Un conseil


«On n'a jamais tout ce qu'il faut pour réussir ; demandez de l'aide !»


Une erreur


«Je voulais travailler avec les OBNL, mais j'ai résisté pendant 10 ans.»

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