«Le Québec est trop exceptionnel pour être compris» - Guillaume Lavoie, directeur exécutif de Mission Leadership Québec

 

Guillaume Lavoie, directeur exécutif de Mission Leadership Québec [Photo : Gilles Delisle]

Dominique Froment

Guillaume Lavoie, directeur exécutif de Mission Leadership Québec [Photo : Gilles Delisle]

Une ancienne consoeur de classe de Guillaume Lavoie nous a confié qu'à 16 ans, il pouvait réciter par coeur la plupart des grands discours de chefs d'État. Cette culture politique, doublée d'un parcours à l'international tout aussi hors norme, l'a conduit à créer, en 2006, Mission Leadership Québec pour mettre ses contacts «au service de la relève entrepreneuriale, politique et médiatique».


«Je suis un passionné d'histoire et de politique, et j'ai une mémoire auditive phénoménale, confirme le jeune homme. Quand j'entends un discours, comme ceux de Churchill ou de Kennedy par exemple, il reste gravé dans ma tête.»


À la faveur de nombreuses bourses d'études qui l'ont amené dans plusieurs pays, le Saguenéen de 35 ans dit avoir passé la moitié de sa vie adulte à l'étranger. Il a été le premier Canadien francophone à recevoir la bourse Sauvé, remise annuellement à 14 personnes dans le monde. «J'ai vécu pendant 10 mois à la Maison Jeanne Sauvé, à Montréal, à réfléchir avec d'autres jeunes venus d'ailleurs sur la façon d'améliorer le monde. Ça fait un réseau de contacts extraordinaire !», dit celui qui, aujourd'hui, commente la politique américaine dans les médias et est chargé de cours à l'ENAP.


Il a aussi été observateur des élections pour le gouvernement canadien au Salvador, au Népal, en Colombie et en Palestine... entre autres. Il était en mission d'observation lors de la «révolution orange» en Ukraine, en 2004. Il a vécu en Afrique du Sud, où il a rencontré Nelson Mandela. «Juste en lui serrant la main, j'ai ressenti quelque chose que je n'ai jamais expérimenté avec une autre personne.»


M. Lavoie a de plus gagné le concours oratoire La Joute en 2010, une émission de Stéphan Bureau à Télé-Québec.


À 24 ans, après avoir exercé quelques petits boulots, M. Lavoie part à Barcelone pour trois mois. «J'ai travaillé à faire avancer l'idée d'un accord de libre-échange Canada-Union Européenne pour le compte d'un regroupement d'entreprises canadiennes. Ça m'a permis d'apprendre comment fonctionne l'Europe.»


À son retour trois ans plus tard, il est responsable des relations avec le gouvernement canadien à la Fédération des étudiants universitaires du Québec. Il repart six mois en Espagne pour les Affaires extérieures.


L'indépendance sans casser les vitres


Avec Mission Leadership, le jeune homme veut faire comprendre le Québec au reste du monde. «L'être humain ne s'attarde pas à l'exception, explique-t-il. Or, le Québec est trop exceptionnel pour être compris à l'étranger.»


Il donne en exemple notre haut taux de syndicalisation. «Ça fait fuir les investisseurs étrangers, parce qu'ils ne comprennent pas qu'avec leur fonds de travailleurs, les syndicats savent comment fonctionnent les affaires, et qu'il en résulte une grande stabilité industrielle.» En outre, «il existe trois endroits dans le monde où la présence d'un mouvement "indépendantiste" n'est ni violent, ni marginal, ni d'extrême droite, ni d'extrême gauche : le Québec, la Catalogne et l'Écosse. Les investisseurs étrangers ne peuvent pas comprendre qu'on fasse des référendums sans qu'une seule vitre soit cassée ; c'est hors norme.»


Et M. Lavoie d'ajouter : «Mais il est inutile d'essayer d'expliquer cela à Obama ou à Merkel, il est trop tard. Il faut l'expliquer aux jeunes leaders avant qu'ils n'atteignent le sommet.»


Et c'est le but de Mission Leadership, en mettant en contact de jeunes leaders d'ici avec de jeunes leaders étrangers pour leur faire comprendre notre spécificité. Parfois, ils viennent ici pendant quelques jours, parfois ce sont les Québécois qui vont les rencontrer. Depuis ses débuts, 250 jeunes de 25 à 40 ans, dont la moitié de Québécois, sont passés chez MLQ.


«Ceux qui viennent chez nous rencontrent des gens des médias, des partis politiques, des gens du milieu syndical et patronal et vont en régions. Quand ils repartent, ils sont de petits experts du Québec», estime M. Lavoie.


Mon rêve


«Que toutes les personnes qui accèdent à un poste décisionnel aient une bonne connaissance de la spécificité québécoise.»


Ma pire erreur


«La réforme de l'éducation, à cause de laquelle il n'y a plus d'échec.»

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