«La croissance aveugle, ça ne me tente pas» - Thomas Asselin, de 73DPI

 

Thomas Asselin, de 73DPI [Photo : Gilles Delisle]

Dominique Froment

Thomas Asselin, de 73DPI [Photo : Gilles Delisle]

Thomas Asselin a acheté deux appartements contigus dans une ancienne usine de souliers du quartier Hochelaga-Maisonneuve : un pour lui et sa famille, l'autre pour les bureaux de 73DPI. Nous sommes accueilli à son appartement par un chien grassouillet, un chat et une statue de plus de deux mètres de hauteur dénichée en Tanzanie. Le jeune homme de 38 ans tient à sa qualité de vie, ça saute aux yeux !


Devenu entrepreneur par nécessité au début des années 2000, cet architecte de formation ne veut pas grossir à tout prix.


«Je suis rendu à l'étape de gérer ma croissance. Si je veux aller plus loin, je devrai investir... sans savoir si les ventes seront au rendez-vous. La croissance aveugle, je l'ai vécue à San Francisco et ça ne me tente pas de la revivre.»


M. Asselin fait partie de la dernière cohorte d'architectes qui faisaient leurs dessins à la main. Puis, il a découvert l'ordinateur Mac pour lequel il a eu le coup de foudre. Assez pour retourner étudier le design graphique pendant deux ans à l'UQAM. C'était l'époque de la bulle techno, et le jeune homme voulait être aux premières loges. En 1999, avec sa blonde Hélène Fortin, elle aussi architecte, il est parti pour San Francisco. «C'était magique ! raconte-t-il. Ils étaient 10 ans en avance sur tout le monde ! Les gens faisaient déjà leur épicerie sur Internet.»


Trop beau pour être vrai. Deux ans plus tard, la bulle éclate ; en trois mois, 500 000 emplois disparaissent à San Francisco, dont ceux de M. Asselin et de sa conjointe. Le couple rentre à Montréal où, curieusement, il règne une certaine effervescence. Le jeune homme ne met pas de temps à dénicher de nombreux contrats pour concevoir des sites Web pour des architectes ; 73DPI est née.


Pourquoi 73 ? Un écran d'ordinateur ne pouvait à l'époque compter plus de 72 DPI (dots per inch, points par pouce), le DPI de plus faisait toute la différence, explique-t-il. Sa clientèle s'est élargie depuis, et le graphisme et la conception de sites Web représentent aujourd'hui 40 % de son chiffre d'affaires.


Jamais à court d'idées


L'entrepreneur a diversifié ses sources de revenus au fil des années. L'hébergement de sites Web compte pour 15 % des revenus de l'entreprise qui a 500 clients.


En 2004, M. Asselin fonde en plus Copie-Conforme, spécialisée dans l'envoi de courriels de masse. Quatre millions de courriels par année pour la Place des Arts, entre autres.


Thomas Asselin a aussi lancé ChaletsQC.com en 2006, un site de location qui répertorie 1 000 chalets, dont 850 au Québec. «La clé, c'est le référencement ; 95 % de mon achalandage vient de Google.» Ce site représente maintenant 25 % du chiffre d'affaires de M. Asselin et, comme il a une dimension internationale, c'est peut-être le plus prometteur.


Finalement, le site FashionCart, créé en 2007, aide les designers de mode québécois à vendre leurs vêtements sur le Web. S'il ne compte que pour 5 % de ses ventes, c'est que M. Asselin, avec seulement cinq employés, manque de temps pour s'en occuper.


CE QUI L'AGACE


«On est un peuple de chialeux ; on n'est jamais contents. Quand des Québécois réussissent, comme Céline Dion ou Guy Laliberté, on passe notre temps à leur chercher des bébites.»


OÙ SERA-T-IL DANS CINQ ANS ?


«À la même place, j'espère. Ma blonde est enceinte. Je vais chercher mon fils à la garderie à 5 heures. J'ai un chien, un chat... Je suis bien là-dedans ; j'ai une qualité de vie. Avoir 50 employés, ça me donnerait quoi ?»

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