«Difficile d'être entrepreneur ? Vous voulez rire !» - Annie Legroulx, fée Clochette en chef de dringdring

 

Annie Legroulx, fée Clochette en chef de dringdring [Photo : Gilles Delisle]

Dominique Froment

Annie Legroulx, fée Clochette en chef de dringdring [Photo : Gilles Delisle]

Ne demandez pas à Annie Legroulx de vous parler des vicissitudes de la vie d'entrepreneur. La carrière de la jeune femme, qui a l'audace de sa candeur, est une véritable «Mélodie du bonheur». «Être en affaires, c't'une vraie joke !»


Sans employé autre qu'elle-même, sa société dringdring vend ses sonnettes de vélo dans plus de 50 pays. La gestion du personnel, la fabrication, la distribution, très peu pour la designer !


Et malgré le succès de dringdring, Mme Legroulx a un message : «Je ne suis pas allée à l'école de la sonnette ; je peux concevoir beaucoup d'autres objets.»


Sur le même modèle de licence de fabrication et de distribution que sa sonnette, la jeune femme a signé une entente pour un étui à iPad et une clochette de bureau de son cru, qui se retrouveront sur le marché en 2013. «J'ai un tas d'idées de produits, le truc c'est de trouver le bon fabricant-distributeur.»


Et, comme elle dit, tant qu'à avoir toutes ces relations, aussi bien que ça serve. Mme Legroulx est donc devenue agente pour des designers moins habiles qu'elle à commercialiser leurs produits. Comme Loyal Luxe, de Montréal, qui a conçu des chalets et des tipis pour chats et pour laquelle elle a trouvé un fabricant-distributeur à Londres.


La gestion ? Non merci !


À la naissance de sa fille, en 2002, Mme Legroulx passe deux ans à la maison. Elle acquiert un vélo pour amener sa fille à la garderie. Comme elle roule sur les trottoirs (!), elle s'achète une sonnette, question d'avertir les piétons. Déformation professionnelle, elle peint sa sonnette. «Plein de gens m'arrêtaient pour me demander où je l'avais achetée.»


Flairant la bonne affaire, elle fait fabriquer 200 sonnettes en Asie - sans pièce de plastique, puisque la peinture est cuite. «C'était une façon sans risque de voir si j'aimerais être en affaires», explique la «fée Clochette en chef» de dringdring. Elle réserve un kiosque grand comme une douche à une vente d'artisans dans le Vieux-Montréal et manque de sonnettes avant la fin de l'événement. C'est décidé, elle se lance !


Elle gagne plein de bourses, commande des centaines de sonnettes et découvre Formétal, une entreprise d'insertion de Montréal qui peint encore aujourd'hui ses sonnettes. La pratique du vélo augmentant, la jeune femme de 36 ans n'a aucune difficulté à convaincre des détaillants, un à un, d'offrir ses sonnettes.


Puis, en 2007, deux ans après avoir créé dringdring, Mme Legroulx participe à une foire commerciale du vélo à Montréal. Les marchands font la file à son kiosque. «Pendant trois jours, je n'ai même pas pu aller faire pipi.»


Pour satisfaire la demande, elle recrute plusieurs pigistes pour peindre ses sonnettes. Mais gérer des pigistes ne la passionne pas vraiment. «Je commençais à trouver ça ennuyeux ; mon entreprise allait dans la bonne direction, mais pas moi !»


En même temps, la jeune femme sent que son succès est fragile : si les Chinois se mettent à la copier et à vendre leurs sonnettes la moitié du prix, son compte est bon ! «Pour me protéger et aussi me décharger de la production, je me suis dit qu'il fallait que j'accorde une licence à une grande société. Ce qu'elle fait en 2010 avec Kikkerland, de New York, avec laquelle elle signe une licence de fabrication et de distribution mondiale. C'est Mme Legroulx qui fait le design des sonnettes vendues par Kikkerland.


Comme cette dernière ne vend qu'aux boutiques de cadeaux, elle conseille à la société d'octroyer à Outdoor Gear, de Montréal, une licence de distribution dans les boutiques de vélos au Canada. «Outdoor Gear voulait distribuer mes sonnettes depuis longtemps, mais je n'aurais pas pu dégager une marge de profit suffisante en lui vendant directement», explique Mme Legroulx, à qui il reste à trouver pour Kikkerland des distributeurs pour les boutiques de vélos aux États-Unis et dans d'autres pays. «C'est ça, mon modèle d'affaires !» lance-t-elle.


À méditer


«C'est pas parce que je suis bonne vendeuse que je suis obligée d'être vendeuse !»

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