« Réunir Nike et North Face, faut le faire ! » - Félix Rioux, président et cofondateur, iF3

 

Félix Rioux, président et cofondateur, iF3 [Photo : Gilles Delisle]

Dominique Froment

Félix Rioux, président et cofondateur, iF3 [Photo : Gilles Delisle]

Un festival du film sur le freeski, ça peut faire de l'argent, ça ?


Et d'abord, qu'est-ce que c'est, le freeski ? C'est un sport de glisse qui se pratique avec des skis recourbés des deux bouts pour skier à reculons. Il a été inventé par des skieurs de bosses rebelles, un genre de hippies sur neige, qui trouvaient leur sport trop ordinaire. Et le temps leur a donné raison, puisque le freeski sera admis pour la première fois aux Jeux olympiques d'hiver de Sotchi, en 2014.


Si vous voulez en savoir plus, la sixième édition d'iF3, le Festival international du film de freeski, se tiendra du 12 au 16 septembre au Monument-National, à Montréal.


Un festival que Félix Rioux, président et cofondateur d'iF3, en 2007, sait comment rentabiliser.


Sa liste de commanditaires a de quoi faire des envieux : Nike, The North Face, Salomon, Oberson, Red Bull et bien d'autres encore. « Essayez de réunir Nike et North Face à un même événement, lance M. Rioux, un photographe professionnel de 38 ans. Ce sont des ennemis jurés ! » Nike a même associé son nom à l'événement ; ce sera donc le Nike iF3 2012.


Peu connu du grand public, iF3, qui emploie deux personnes à plein temps (dont M. Rioux) a néanmoins été qualifié de « Festival de Cannes du film de ski » par le réseau américain ESPN. Cette année, 45 films provenant d'une douzaine de pays seront présentés. iF3 générera des revenus de 350000 $ (100 000 $ de plus que l'an dernier), mais comme il coûtera 325 000 $ à produire, il faudra trouver d'autres sources de revenus.


Et M. Rioux a son idée là-dessus. D'abord, en diffusant la marque iF3 et en organisant de nombreux événements, des festivals de films ou autres, dans plusieurs pays. « Au cours des prochaines années, je veux ajouter deux événements par année. Je suis en discussion pour le Japon, l'Australie et le Chili », raconte M. Rioux. iF3 gère déjà trois festivals de freeski : à Montréal, à Annecy en France et à Innsbruck en Autriche.


Miser sur son image


Le jeune homme était jusqu'à présent le seul actionnaire d'iF3, mais histoire de faire entrer un peu d'argent frais dans sa PME, d'autres viennent de le rejoindre : Éric D'Anjou, co-fondateur de la marque de vêtements Orage, Louis-Philippe Sansfaçon, producteur de vidéos dans l'univers du ski, et Charles Mercier, producteur d'événements sportifs. Félix Rioux reste majoritaire.


« Très peu d'événements culturels ont un niveau d'autosuffisance financière de 90 % comme le nôtre, et j'en suis très fier. » Pour la première fois cette année, iF3 a reçu une aide gouvernementale du ministère du Tourisme pour boucler son budget.


Le festival présentera une exposition de photos de ski. « On mise beaucoup sur une image de marque ; on ne présentera pas n'importe quel film ou photo. »


Les produits dérivés, M. Rioux connaît aussi. iF3 a déjà fait produire des t-shirts avec Nike, et il prévoit offrir des skis et des bâtons de ski portant sa marque en collaboration avec le fabricant américain Moment. Mais toujours en série limitée.


« La clé, c'est l'image, explique M. Rioux. À partir de là, on peut s'associer à des fabricants de prestige pour concevoir beaucoup d'articles liés au ski. »


Le freeski est un petit monde auquel M. Rioux a facilement accès, ce qui pourrait lui permettre de développer des contenus pour la télévision et Internet : entrevues avec des vedettes du freeski, reportages sur des compétitions, etc. Il pourrait aussi produire des spectacles de freeski en s'inspirant par exemple du Cirque Éloize.


Le modèle de M. Rioux est en fait celui du Banff Mountain Film Festival, qui organise 300 événements par an sur le thème bien plus large du plein air. « Nous, nous sommes plus spécialisés et notre clientèle est plus ciblée. Environ 40 % des acheteurs de billets d'iF3 viennent de l'extérieur de Montréal et passent au moins une nuit à Montréal. »


L'erreur à ne pas faire


Dépenser de l'argent que l'on n'a pas encore gagné.


Le défi


Générer des revenus à longueur d'année par une activité saisonnière.

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