« La loi 101 a été une très bonne chose pour la communauté chinoise » - Winston Chan, chiropraticien

 

[Photo : Gilles Delisle]

Dominique Froment

[Photo : Gilles Delisle]

Winston Chan est né dans le très multiethnique quartier montréalais Côte-des-Neiges. Mais en bas de la côte, dans la partie pauvre. Le surnom de chintoc, il connaît. Et il veut éviter cela à ceux qui lui succéderont.


« Je suis un enfant de la loi 101 ; je n'avais personne pour m'aider à faire mes devoirs, raconte le chiropraticien de 32 ans. C'est pour cela que, dès le secondaire, j'ai commencé à travailler à la francisation des immigrants. Je ne voulais pas que les jeunes connaissent la même situation que moi. »


Vous ne risquez aucunement de vexer Winston Chan si vous lui dites qu'il fait partie d'une minorité visible. Il a lui-même utilisé cette expression à plusieurs reprises durant notre entrevue. « Il faut créer des modèles », explique-t-il.


Celui qui parle couramment quatre langues (anglais, français, cantonnais et espagnol) estime par ailleurs que la loi 101 a eu un impact très positif sur la communauté chinoise. « Ça fait 100 ans que la communauté chinoise est présente au Québec, et elle n'est pas encore sortie de sa coquille à cause de la barrière linguistique. Elle ne chiale pas, elle ne revendique pas, elle ne participe pas au débat social parce qu'elle ne parle pas français. En les obligeant à apprendre la langue de la majorité, la loi 101 a forcé la communauté chinoise à s'intégrer, et ce sera une très bonne chose pour elle. »


En tout cas, si la communauté chinoise ne sort pas de sa coquille, ce ne sera pas de la faute de M. Chan. Parce qu'il en brasse, des affaires, à l'extérieur de sa clinique de la Promenade Fleury.


De multiples mandats


Étudiant brillant, il a reçu une bourse d'excellence pour faire ses études au Collège Brébeuf. Puis il est allé étudier la chiropratique à l'Université du Québec à Trois-Rivières, où il a démarré les stages de recherche pour les étudiants de son département. « J'ai aussi attiré à Trois-Rivières un congrès mondial d'étudiants en chiropratique pour lequel j'ai fait venir le vrai DrPatch Adams. »


Et puisqu'il faut donner l'exemple, M. Chan ne se gêne pas pour dire qu'il a été le premier membre d'une communauté visible à siéger à différents conseils, comme ceux de l'Assemblée des gouverneurs de l'Université du Québec, de l'Association des chiropraticiens du Québec et de la Fondation de recherche chiropratique du Québec.


« Je suis aussi le premier représentant d'une minorité visible à avoir été président du conseil du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec et le premier enfant de la loi 101 à siéger au Conseil supérieur de la langue française. » Il occupe encore ces postes aujourd'hui, en plus d'être membre du conseil d'administration de la Fédération des chambres de commerce du Québec.


M. Chan n'est pas peu fier de dire que, lorsqu'il était vice-président du Regroupement des jeunes chambres, l'organisme a attiré dans son giron de jeunes chambres ethniques ; elles sont maintenant 8 sur 31. Au Regroupement, il a de plus organisé pendant cinq ans le colloque Bâtissons l'avenir, réunissant quelque 300 jeunes leaders du milieu des affaires et des communautés culturelles.


En outre, M. Chan, qui a remporté en 2011 le prix Claude-Masson remis par le gouvernement du Québec pour son engagement social, est depuis l'an dernier président du Comité des jeunes de l'Orchestre symphonique de Montréal. Justement, 1 800 jeunes professionnels et entrepreneurs seront présents à l'Adresse symphonique le vendredi 5 octobre pour le concert-bénéfice mettant en vedette DJ Champion et Kent Nagano.


Tout ça, toujours dans le même but : créer une société plus inclusive.


« Les jeunes des communautés ethniques peuvent contribuer à diversifier géographiquement l'économie du Québec, et le Québec ne doit pas s'en priver », conclut M. Chan.


Une lacune à combler


« Les jeunes des communautés culturelles ne comprennent pas toujours l'importance de développer leur réseau social. »


Ce qui le motive


« Je veux créer des modèles pour aider les jeunes à se tailler une place dans le milieu des affaires et auprès des instances décisionnelles. »

1 commentaire

jfjoubert le 14-09-2012

L'ironie de la loi 101 c'est qu'elle n'affecte pas la langue maternelle mais *ajoute* le français. Et puisqu'il faut parler français au Québec pour faire de meilleurs affaires... il y a un avantage stratégique pour tous de parler français. Finalement, c'est au Québec et grâce à la promotion du français que nous sommes, ironiquement... la société la plus billingue du continent.

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