« Je me pensais ambitieux avant d'aller en Chine » - Charles Desjardins, vice-président, ventes et marketing, Absolunet

 

Charles Desjardins, vice-président, ventes et marketing, Absolunet [Photo : Gilles Delisle]

Dominique Froment

Charles Desjardins, vice-président, ventes et marketing, Absolunet [Photo : Gilles Delisle]

Découvrez chaque semaine un des 25 gagnants du concours Créateurs d'avenir, organisé par Les Affaires en collaboration avec le Fonds de solidarité FTQ.


Avec une croissance annuelle de 30 à 40% depuis deux ans, Charles Desjardins se pensait ambitieux. Peut-être même trop. Jusqu'à ce qu'il participe à une mission commerciale en Chine, l'an dernier.


Il y a rencontré un Chinois qui « s'était lancé en affaires deux mois auparavant. Son immeuble n'était pas encore terminé et il était en train d'en construire un deuxième, parce que le premier était déjà plein », raconte le vice-président, ventes et marketing, d'Absolunet.


La PME de Boisbriand gère les communications interactives, électroniques et mobiles de ses clients. « Nous leur apportons une expertise variée comme aucune entreprise, même grande, ne peut en avoir à l'interne. » Bell Média est son plus gros client, et dans la liste figurent aussi Lise Watier Cosmétiques, Fiera Capital, IGA, Aon et la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.


« C'est fou ce qui se passe en Chine, insiste M. Desjardins, 35 ans. J'en suis revenu gonflé à bloc et avec la conviction que, si l'on n'accélère pas le rythme, on va passer à côté. » Depuis sa fondation en 1999, Absolunet a assuré une croissance effrénée, mais uniquement interne. M. Desjardins et ses partenaires, les deux cofondateurs Daniel Labrie, chef des technologies, et Martin Thibault, président, sont conscients qu'il leur faudra hâter le pas en procédant à des acquisitions.


« Notre plan est de passer de 60 employés et d'un chiffre d'affaires de près de 5 millions de dollars, actuellement, à une centaine d'employés et 10 à 12 M$ de chiffre d'affaires d'ici deux ans, précise M. Desjardins. Nous avons déjà une acquisition en vue à Toronto. »


Le but est de devenir assez solide au Canada pour ensuite prendre de l'expansion à l'international, dans quelques années. Toutefois, le jeune homme refuse de donner un objectif, parce que « notre croissance à l'étranger est trop tributaire des occasions d'acquisition », explique-t-il. Actuellement, 90 % des ventes d'Absolunet se font au Québec.


Charles Desjardins, qui est titulaire d'une maîtrise ès sciences, a fondé au début des années 2000 une sociétéconseil en développement international, à la suite d'un stage à la Copenhagen Business School. L'expérience s'est soldée par un échec, mais il en a tiré des leçons, dont l'importance d'avoir de bons partenaires. « La force d'Absolunet, c'est que les trois actionnaires se complètent. » M. Desjardins s'est joint à Absolunet, son ancien client, en 2003 ; il est devenu actionnaire à parts égales en 2010.


Sa femme, Chantal Aubry, possède également son entreprise de jeux gonflables, Bööm-Hop, à Laval. Elle a nommé à la présidence son fils trisomique Raphaël, âgé de 18ans. « On travaille fort pour le rendre autonome », lance M. Desjardins.


Le défi RH


Lorsque Charles Desjardins dit que trouver des contrats, c'est simple, mais que trouver des gens pour les remplir, c'est une autre histoire, on comprend l'ampleur du défi des ressources humaines pour une PME qui veut presque doubler ses effectifs.


« Il manque de maind'oeuvre dans notre industrie. Et les jeux vidéo, plus glamour, attirent beaucoup de gens », affirme l'ancien président du conseil du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec.


Conscients du problème, les trois actionnaires d'Absolunet ont pris le taureau par les cornes. La PME a obtenu la certification Employeur remarquable du Bureau de normalisation du Québec et travaille à obtenir du même organisme la norme Conciliation travail-famille.


Entre autres mesures, la direction a adopté un mode de gestion transparent, instauré des horaires flexibles, créé un programme de partage des bénéfices et un programme de reconnaissance, donné des objectifs précis à chaque employé. Résultat : le taux de roulement du personnel est de seulement 2%, ce que M. Desjardins estime être unique dans son industrie. « Les jeunes aiment les défis ; ce qui les écoeure, c'est quand ils atteignent leurs objectifs et que seuls les actionnaires en bénéficient. » Un conseil « Résistez aux bonnes occasions qui se présentent à vous si elles vous éloignent de votre objectif. » Le défi « Préserver notre culture d'entreprise malgré les nombreuses acquisitions que nous prévoyons faire. »

Aucun commentaire sur cet article