Train de la Caisse : Montréal comme banc d'essai


Édition du 20 Mai 2017

Train de la Caisse : Montréal comme banc d'essai


Édition du 20 Mai 2017

Par Matthieu Charest

Le ­Réseau électrique métropolitain est aussi novateur sur le plan de la conception technologique que sur celui du financement.

Beaucoup d'encre a coulé depuis le dévoilement du projet du Réseau électrique métropolitain (REM) en avril 2016. Un tout nouveau réseau de transport en commun estimé à plus de 6 milliards de dollars (G$) qui suscite l'admiration... et de vives critiques. Si la Caisse de dépôt et placement du Québec réussit son pari avec ce projet, c'est le marché mondial des infrastructures de transport qui s'ouvrira à elle.

Il n'y a pas que les divers paliers de gouvernement qui investissent massivement dans les infrastructures. Les fonds d'investissement ont aussi les yeux rivés sur ces actifs. De plus en plus de projets liés à la production et à la distribution d'énergie, d'eau potable ou de transport sont financés par des fonds souverains ou des fonds de pension. Et ce, partout dans le monde.

Les infrastructures, pour se prémunir contre les cycles économiques

Une fois terminé, le ­REM serait le quatrième réseau de transport automatisé dans le monde (après ceux de ­Dubaï, ­de Singapour et ­de Vancouver).


Le Canada ne fait pas exception. Les fonds PSP, OMERS et Teacher's détiennent respectivement environ 9 G$, 15 G$ et 18 G$ dans les infrastructures, selon leurs derniers rapports annuels ou les données accessibles. Dans le cas de Teacher's, presque 60 % de cette somme est concentrée dans les transports.

Encore plus près de chez nous, la Caisse de dépôt et placement du Québec montre aussi un vif intérêt pour ce créneau. Non seulement la Caisse possède-t-elle des actifs d'à peu près 15 G$ dans les infrastructures, mais elle a également innové en mettant sur pied une nouvelle filiale : CDPQ Infra.

«Le monde entier est intéressé à investir dans les infrastructures, déclarait récemment Macky Tall, premier vice-président, infrastructures, et président et chef de la direction de CDPQ Infra dans une entrevue accordée à Les Affaires. Ce secteur offre des rendements stables et prévisibles qui sont moins affectés par les cycles économiques. Et [le modèle] CDPQ Infra nous permet de nous démarquer de nos concurrents.»

Un modèle et son projet phare

Le modèle de cette nouvelle filiale se démarque par deux éléments. Peu importe ce que l'on pense de son projet phare, le REM, l'idée est novatrice.

D'abord, l'institution offre une solution clé en main aux gouvernements, à l'instar d'un promoteur immobilier qui livrerait un complexe résidentiel alors que la plupart de ses compétiteurs se contenteraient d'investissements silencieux.

Ensuite, ce modèle «public-public», comme l'a surnommé la Caisse, représente une occasion en or pour les pouvoirs publics.

«Le gouvernement nous propose un projet, nous évaluons ensuite son potentiel, sa rentabilité, parce que nous avons une responsabilité fiduciaire. Si nous sommes prêts à le réaliser, nous présentons notre solution au gouvernement, qui décide de donner ou pas son feu vert en tant que gardien de l'intérêt public», explique le chef d'orchestre de ce gigantesque projet de train léger automatisé.

Au lieu de contracter une dette pour financer un réseau de transport, comme le métro de Montréal, les gouvernements «investissent» avec la Caisse. Bref, même si Québec octroie 1,28 G$ au REM, ce n'est pas considéré comme une dette, puisque l'actif annule le passif. L'argent «reste donc disponible pour le gouvernement, qui peut l'investir en santé ou en éducation».

La vitrine Montréal

Une fois terminé, le REM serait le quatrième réseau de transport automatisé dans le monde (après ceux de Dubaï, de Singapour et de Vancouver). De quoi faire rayonner la métropole. D'ailleurs, à l'époque d'Obama, Michael Sabia, le président-directeur général de la Caisse, a été invité à la Maison-Blanche afin de parler du modèle de CDPQ Infra.

Comme son modèle d'affaires, le REM aurait déjà généré beaucoup d'intérêt dans le monde. C'est ce que soutient M. Tall.

«Une fois le projet réalisé, nous voulons exporter notre modèle. Déjà, des provinces canadiennes et des États américains nous ont contactés. L'intérêt vient même d'aussi loin que l'Australie ! Ce n'est pas demain matin que nous irons aussi loin, mais dans 10 ans, nous serons des leaders mondiaux.»

Nul doute, l'enthousiasme de la Caisse est palpable. Et si on réussit à actionner les premières rames de ce mégaprojet électrique en 2020, le synchronisme sera parfait. Non seulement les infrastructures de transport sont à renouveler et à réinventer, mais la demande pour les systèmes légers (SLR) comme le REM est en forte croissance dans le monde.

Selon un rapport de l'Union internationale des transports publics, «les occasions sont prometteuses pour les SLR, et les bénéfices, tant sur le plan de l'environnement que sur ceux du confort des passagers et de l'efficacité, sont nombreux». Pour le croire, il suffit de constater l'intérêt que suscite l'Hyperloop d'Elon Musk, une ébauche de système de transport ultrasonique par capsules à travers des tubes.

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