Pratt & Whitney Canada (P & WC) sert aussi de pépinière de talents pour sa société mère, United Technologies Compagnies (UTC), une mégaentreprise qui compte 200 000 employés à l'échelle internationale. À preuve : Benoît Brossoit, d'origine montréalaise, nommé en janvier vice-président, exploitation, au siège social d'UTC à Hartford, au Connecticut, après un parcours sans faute dans les installations de Longueuil. Son nouveau mandat : s'occuper notamment du déploiement du système d'exploitation ACE (Achieving Competitive Excellence) dans les activités mondiales d'UTC. Pas une mince affaire.
Jeune homme, Benoît Brossoit montre vite ses grandes ambitions. Plutôt qu'entrer dans une école de gestion montréalaise après son passage au collège André-Grasset, il quitte le Québec pour aller étudier au GMI Engineering & Management Institute de Flint, au Michigan, où il participe à un programme international de cinq ans. «Cette expérience sensationnelle m'a permis de développer des contacts avec des gens partout dans le monde», dit ce père de deux enfants adultes.
Parrainé par GM, qui défraie ses coûteuses études, l'ingénieur entame sa carrière dans les installations du constructeur automobile de Sainte-Thérèse. «Cela a été une grande école. J'ai participé à l'élaboration de la plateforme d'assemblage des Camaro/Firebird», dit-il. Attiré par de nouveaux défis, il passe en 1995 chez P & WC, employeur qu'il choisit en raison de son programme de développement des talents.
«Comme on le dit chez nous : on fait des moteurs ET on fait des leaders», dit Benoît Brossoit. Et ce n'est pas qu'un simple slogan. «Dès mon arrivée chez P & WC, j'ai eu l'impression que quelqu'un s'occupait de ma carrière», raconte-t-il.
Parmi les programmes de développement de talents, P & WC mise sur les stretch assignments. En quoi ça consiste ? Les participants occupent un poste sans lien avec leur description de tâches, ce qui les oblige à sortir de leur zone de confort. «Les cadres doivent mettre leurs compétences à l'épreuve, tout en en acquérant de nouvelles. Cela leur permet aussi d'élargir leur réseau de relations au-delà de la base traditionnelle», explique Annick Lambert, directrice des communications chez le motoriste. Grâce à cette pratique, P & WC comble 80 % de ses postes à l'interne.
De telles stratégies de gestion de talent permettent aux multinationales d'améliorer la rétention du personnel dans leurs filiales. «Auparavant, les possibilités d'avancement y étaient minces. Les meilleurs cadres plafonnaient et finissaient par quitter leur poste», affirme Tania Saba. Aujourd'hui, à la rigueur, même un bureau satellite peut servir les ambitions d'un cadre ambitieux. Une situation gagnant gagnant, tant pour les entreprises que pour les employés.
Depuis que Martial Lalancette et Benoît Brossoit ont été lancés en orbite dans les plus hautes sphères de leur organisation, avec des défis à accomplir à la hauteur de leur savoir-faire, ils n'ont plus l'intention d'atterrir. Seuls la retraite ou le mal du pays, disent-ils, pourraient les ramener au Québec.