Développement durable 3.0

Publié le 15/06/2011 à 11:40, mis à jour le 18/10/2011 à 11:03

Développement durable 3.0

Publié le 15/06/2011 à 11:40, mis à jour le 18/10/2011 à 11:03

Produire selon les principes du développement durable n’est plus la lubie de quelques entrepreneurs écolos. Cela permet aux entreprises d’être plus rentables, Et bientôt, ce sera la norme pour exporter.

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Quand Martin Valiquette prend la direction de Liberté, en 2004, ça chauffe. Les ventes stagnent et Pineridge Foods, un fonds d’investissement ontarien, vient d’acquérir le fabricant de pro-duits laitiers. Son mandat : relancer la croissance de cette entreprise fondée en 1928.

Que faire ? Mettre à pied des employés ? Rogner sur la qualité des produits ? Lancer une offensive marketing ?

Non. Pour rebrasser Liberté, Martin Valiquette choisit le développement durable.

Là où plusieurs voient une dépense, le jeune dirigeant – il a 33 ans à l’époque – voit une façon d’améliorer la productivité de ses deux usines, l’une à Brossard et l’autre à Saint-Hyacinthe. Sept ans plus tard, il parle de cet épisode avec la même passion. « Il n’était pas question de mettre de la gélatine dans le yogourt et encore moins de sabrer le personnel », dit ce diplômé de
HEC Montréal, embauché chez Liberté comme représentant descomptes majeurs au tournant des années 2000.

Pari gagné. Pineridge Foods a revendu Liberté au géant français Yoplait en décembre 2010. Le numéro deux mondial des produits laitiers frais hérite d’une entreprise dont les ventes ont grimpé de 13 % par an depuis 2004 et ont atteint 175 millions de dollars en 2009. Liberté a pris de l’expansion aux États-Unis et a accru sa rentabilité.

Comment ? En optimisant son circuit de distribution, notamment grâce à un logiciel commercialisé par UPS, Roadnet, et en formant ses chauffeurs à l’écoconduite, Liberté a diminué ses coûts de transport de 150 000 dollars. L’entreprise a aussi réduit le coût annuel de ses emballages de plus de 400 000 dollars en modifiant la conception des boîtes contenant ses pots de yogourt, ce qui lui permet d’utiliser moins de carton. Dans l’usine, un système d’échangeur d’air lui permet d’utiliser l’air extérieur pour refroidir les produits en hiver, tandis que l’air chaud dégagé par les compresseurs permet de chauffer les bureaux du siège social.

Dès la première année, les réductions de coûts engendrées par les pratiques de développement durable ont couvert
ces investissements. L’histoire de Liberté est maintenant enseignée dans les cours de gestion de l’alma mater de Martin
Valiquette, HEC Montréal. « Pour nous, le développement durable est une fonction de l’entreprise, comme la gestion des ressources humaines, le marketing ou les finances. Je ne prends pas les décisions les plus payantes en premier, mais celles
qui sont à la fois payantes et liées à l’environnement », dit Martin Valiquette.

 

L’exemple Cascades

Plusieurs entrepreneurs vous diront que le développement durable n’est que de la saine gestion. Cascades, par exemple,
est une des entreprises de son secteur qui a le mieux traversé la dernière récession. Sa diversification dans le papier et
dans le carton d’emballage l’a souvent sauvée, mais c’est sans compter toutes les économies qu’elle réalise grâce à ses initiatives « vertes ».

L’entreprise s’est fixé un plan de 18 objectifs qu’elle prévoit atteindre d’ici 2012. « Après l’utilisation de la fibre recyclée et les économies d’énergie, nous voulons réduire notre consommation d’eau », explique Hubert Bolduc, vice-président aux communications et aux affaires publiques de Cascades.

Déjà, Cascades consomme cinq fois moins d’eau que la moyenne de son industrie, grâce à un système en circuit fermé qui lui permet de recycler l’eau. Elle veut maintenant réduire encore le volume d’eau nécessaire à ses procédés de fabrication. Sa facture d’énergie baissera encore, puisque l’eau qu’elle utilise doit être chauffée.

Cependant, avant d’aller plus loin et de se demander « Peut-on faire mieux ? » Roger Gaudreault, directeur corporatif du Développement scientifique et Innovation de Cascades, s’est d’abord demandé « Faisons-nous bien ? » Obsédé par cette question, cet homme s’est enfermé pendant deux mois avec des chercheurs du Centre interuniversitaire de recherche sur le
cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) de l’École Polytechnique afin de réaliser une analyse du cycle de vie de l’eau pour l’usine de Kingsey Falls.

« Nous nous sommes rendu compte que les gains environnementaux liés à la réduction de notre consommation d’eau étaient supérieurs aux impacts potentiels liés à l’installation et à l’opération de l’équipement nécessaire à cette réduction »,
explique le scientifique.

IBM Bromont, qui fabrique des composantes informatiques, est une autre de ces entreprises qui a accru sa compétitivité grâce au développement durable. Sans les innovations réalisées dans cette usine, le géant aurait sans doute déménagé sa production en Asie il y a longtemps, de l’aveu même de son directeur des affaires environnementales, Yves Veilleux.

« Chaque fois que nous améliorons un procédé de fabrication en tenant compte du développement durable, c’est rentable, parce que nous utilisons moins de ressources, moins de temps et moins d’énergie pour fabriquer nos composantes tout en réduisant nos déchets », dit-il. Pour IBM Bromont, le développement durable est un processus d’amélioration continue, au même titre qu’une norme ISO ou qu’un programme Lean, explique le directeur.

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