Coup de barre réussi chez Algorithme Pharma

Offert par Les Affaires


Édition du 31 Mai 2014

Coup de barre réussi chez Algorithme Pharma

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Édition du 31 Mai 2014

Le redressement

La chasse aux coûts superflus a vite donné des résultats. Le pdg cite l’exemple de la publicité faite par Algorithme pour recruter des participants à ses tests cliniques. Avec stupeur, il s’est rendu compte que l’entreprise dépensait des centaines de milliers de dollars pour des annonces radiophoniques. Or, il n’y avait aucun indicateur pour évaluer l’efficacité de ce procédé coûteux pour rejoindre le groupe démographique visé. En répartissant mieux ses publicités, notamment en ligne et dans les transports en commun, la société a doublé son recrutement, tout en réduisant de moitié son budget publicitaire !

L’autre cible de Chris Perkin : la clinique d’Algorithme, qui peinait à faire des profits. « Nous y avons repéré tellement d’aberrations », soupire Chris Perkin. Les logiciels implantés pour faciliter la vie des employés la leur rendaient en fait plus complexe. Le rôle des différents membres de l’équipe n’était pas clairement défini. « Il y avait une avalanche de redondances. Avec les employés, nous avons tout revu. » Les changements ont rapidement été populaires, tout le monde étant encouragé par les résultats. « La situation a été redressée en six mois et les profits de la clinique ont explosé. »

L’appétit du convalescent

Après avoir dépassé les objectifs de rendement pendant trois années consécutives, Chris Perkin s’est présenté devant les actionnaires avec une proposition audacieuse en 2013 : acquérir le centre de recherche américain Vince & Associates, spécialisé dans les essais cliniques en phase initiale du développement de médicaments. « Nous en étions arrivés au point où il fallait réaliser une grosse acquisition pour maximiser le potentiel de la société. Sinon, nous risquions de plafonner », dit-il.

Chez Kilmer Capital, ce projet a rappelé de mauvais souvenirs. Tout le monde se souvenait de l’échec du centre de recherche de Baltimore, fermé à peine deux ans et demi plus tôt. « Tout allait bien chez Algorithme, explique Marie-Claude Boisvert. Cette acquisition promettait de doubler les profits de l’entreprise, mais elle y remettait aussi du risque. Nous y avons pensé à deux fois. » De plus, ajoute la gestionnaire, les banques n’avaient pas oublié la mésaventure de Baltimore, et il fallait les convaincre d’embarquer.

Chris Perkin les a persuadés de l’importance stratégique de cette acquisition et la transaction a été conclue en mai 2013, pour un montant confidentiel. « Il n’y a aucune redondance entre Algorithme et Vince. Nous décrocherons plus de contrats ensemble que séparément, car nous pourrons offrir plus de services, notamment aux petites entreprises de biotechnologie qui font très souvent appel à la sous-traitance et qui recherchent des solutions clé en main. »

Faire sa chance

La relance d’Algorithme arrive au moment où la tempête parfaite cède le pas à un climat beaucoup plus favorable aux CRO. Après les avoir malmenées, la crise pourrait même finir par les favoriser, croit Jean-Marc Juteau, directeur de la Cité de la Biotech de Laval. « Les grandes pharmaceutiques ont compris qu’elles étaient peu performantes à l’interne pour mener à bien des projets de R-D, dit-il. Elles se tournent donc de plus en plus vers les CRO, dont elles reconnaissent désormais l’expertise. »

La hausse des coûts de développement de nouveaux médicaments rend aussi la sous-traitance plus attrayante. Aux États-Unis, l’investissement moyen pour développer un médicament approuvé par la FDA est passé de 800 millions de dollars américains à 1,5 milliards de dollars américains depuis 2000, selon la firme Cowen and Company. Une étude publiée en 2013 par Results Healthcare prédit une croissance annuelle de 5 à 6 % pour les CRO d’ici 2018, alors que celle d’Applied Clinical Trials en prévoit une de 7,9 %.

Pour bien se positionner, Altasciences, la société de portefeuille qui chapeaute Algorithme Pharma et Vince & Associates, pourrait procéder à de nouvelles acquisitions. « L’idéal serait de pouvoir offrir tous les services, de la recherche jusqu’à la preuve de concept », soutient Chris Perkin.

Cependant, prévient-il, il faut avant tout éviter de se reposer sur ses lauriers. Algorithme, qui compte maintenant plus de 400 employés, s’est distinguée dans quatre catégories du palmarès 2014 des meilleures CRO du magazine Life Science Leader. Chris Perkin a trop d’expérience pour croire que le passé est garant de l’avenir. « Il est impossible de prédire les changements que subiront les CRO, conclut-il. Il est crucial de rester alerte et surtout, flexible. Il faut toujours être prêt à se transformer pour suivre l’évolution du marché. »

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