« Nous sommes devenus un énergéticien »

Offert par Les Affaires


Édition du 31 Mai 2014

« Nous sommes devenus un énergéticien »

Offert par Les Affaires


Édition du 31 Mai 2014

Par François Normand

Sophie Brochu, présidente et chef de la direction, Gaz Métro [Photo: Guillaume Simoneau]

Gaz Métro s'est transformée de fond en comble depuis une décennie. Non seulement l'entreprise a abrégé son nom (elle s'appelait Gaz Métropolitain depuis 1969) et changé de logo, mais elle a beaucoup diversifié ses activités. Résultat, elle compte depuis quelques années plus de clients aux États-Unis qu'au Québec ! Histoire d'une grande transformation.

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Vous voulez poser une colle à vos collègues ou à des amis ? Demandez-leur ce que fait Gaz Métro. Ils vous répondront que la société distribue du gaz naturel. Ils ont raison, mais en partie seulement. Car elle fait beaucoup plus que distribuer cet hydrocarbure. Par l'intermédiaire de ses filiales, elle produit et distribue de l'électricité à partir de sources d'énergie aussi diversifiées que l'eau, le vent, le soleil et le méthane issu du fumier bovin (cow power).

« Nous sommes devenus un énergéticien », laisse tomber dans un entretien avec Les Affaires sa présidente et chef de la direction, Sophie Brochu. Et le mot « énergéticien », qu'elle affectionne, décrit très bien ce qu'est devenue l'entreprise qu'elle dirige depuis 2007, et dans laquelle elle évolue depuis 1997, notamment à titre de vice-présidente au développement des affaires.

Depuis le milieu des années 2000, Gaz Métro a énormément diversifié ses activités au Québec et au Vermont. En 2006, 72,5 % de l'actif de la société se trouvait dans la distribution gazière au Québec. L'an dernier, ce chiffre n'était plus que de 41,5 %. Une situation qui tient surtout à l'entrée de Gaz Métro dans la production et la distribution d'électricité au Vermont grâce à deux acquisitions : Green Mountain Power et Central Vermont Public Service (CVPS).

Ces transactions ont profondément transformé Gaz Métro. « Au Vermont, nous sommes devenus le plus grand opérateur de barrages au fil de l'eau de la Nouvelle-Angleterre. Et au passage, nous avons aussi hérité de fermes éoliennes et d'une source d'électricité produite à partir de biomasse de vaches ! » raconte la dirigeante de 50 ans, sourire en coin.

Au cours de cette période, la société a aussi accru sa présence dans la distribution de gaz naturel liquéfié (GNL). Par exemple, la route bleue (l'autoroute 20 au Québec et l'autoroute 401 en Ontario) permet à des camions de faire le plein de GNL, notamment à Boucherville et à Mississauga. De plus, les trois nouveaux traversiers de la Société des traversiers du Québec fonctionneront au GNL. Sans oublier un projet-pilote pour une locomotive du CN.

La transformation de Gaz Métro fait d'elle un poids lourd de l'industrie énergétique au Canada et dans le nord-est de l'Amérique du Nord. Avec des revenus de 2,2 milliards de dollars en 2013, le distributeur d'énergie est toutefois beaucoup plus petit que le géant Hydro-Québec, dont les revenus ont atteint 12,8 milliards de dollars en 2013. Mais Gaz Métro est appelée à grandir, puisque la société souhaite faire d'autres acquisitions dans le nord-est des États-Unis.

Un ADN revu et bonifié

L'évolution s'amorce sans tambour ni trompette à la fin des années 1990. Le distributeur de gaz naturel est alors dirigé par Robert Tessier, un ancien haut fonctionnaire. Celui-ci sera à la tête de l'entreprise de 1997 à 2007.

« Nous avions fait le plein de clients au Québec, et nous étions déjà implantés au Vermont depuis 1986, grâce à l'acquisition de Vermont Gas. Nous avons donc commencé, à la fin des années 1990, à regarder la possibilité de nous diversifier », confie celui qui est aujourd'hui président du conseil d'administration de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Les occasions d'achat ne courent cependant pas les rues à l'époque. Malgré de nombreuses recherches, l'occasion rêvée ne se présente que quelques années plus tard. En juin 2006, Gaz Métro achète Green Mountain Power, le deuxième distributeur d'électricité du Vermont, pour 187 millions de dollars américains. Puis, cinq ans plus tard, en 2011, elle absorbe Central Vermont Public Service au coût de 472,4 millions de dollars américains, et la fusionne avec Green Mountain Power.

La hausse des prix du gaz naturel au milieu des années 2000 explique aussi la recherche de diversification, selon Sophie Brochu. En 2006, le cours du Henry Hub (le prix de référence en Amérique du Nord) a même dépassé les 13 dollars américains par million de BTU, soit trois fois les niveaux actuels. Rien pour inciter les particuliers, les entreprises et les institutions à se tourner vers le gaz naturel !

C'est d'ailleurs à cette époque que l'entreprise décide d'investir dans la production d'énergie éolienne dans la Seigneurie de Beaupré (340 mégawatts au total, dont 272 MW sont actuellement en service) avec deux sociétés : Valener, la société cotée en Bourse qui détient 29 % de la société en commandite Gaz Métro, et Boralex, un producteur québécois d'énergie renouvelable. Gaz Métro et Valener ont une participation de 50 % dans ce projet, tandis que Boralex en détient l'autre moitié.

Selon Sophie Brochu, ce partenariat avec Boralex s'est bien passé, même si sa « fantastique culture d'entreprise » est différente de celle de Gaz Métro.

« Il y a eu des ajustements à faire », admet la patronne du distributeur d'énergie. Les partenaires ont dû s'entendre sur un plan qui tient compte des coûts de construction des parcs éoliens, du potentiel éolien de la région, de même que des revenus et des rendements anticipés. À ce jour, les échéanciers ont été respectés pour la phase 1, qui a engendré des retombées de plus de 85 millions de dollars dans la grande région de Québec. Quant au budget, la femme d'affaires a « bon espoir » qu'il soit respecté.

« Un degré de séparation, pas plus »

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