Mini révolution dans le monde de la consultation

Offert par Les Affaires


Édition du 24 Octobre 2015

Mini révolution dans le monde de la consultation

Offert par Les Affaires


Édition du 24 Octobre 2015

[Photo : Shutterstock]

SOMMAIRE DU DOSSIER

Le monde de la consultation, qui pâtit d’une image poussiéreuse et mercantile, se réinvente. Les formes de collaboration entre experts externes et PME se diversifient, mutent vers de nouveaux modèles. Un peu partout, des tentatives de changement en profondeur émergent.

L’été dernier, lors du Festival international de la startup de Montréal, Present Profit Solutions a lancé sa nouvelle plateforme de consultation, 2ps.com. La version complète a été officiellement mise en ligne le 21 septembre dernier et 70 consultants sont d’ores et déjà inscrits. Depuis deux ans, la petite entreprise faisait de la R-D pour la mettre au point. De la R-D dans le domaine de la consultation ? Oui !

La plateforme 2ps.com est une illustration de la révolution culturelle que traverse l’industrie de la consultation. Les multiples consultants, travailleurs autonomes de toute spécialité, pourront se réunir virtuellement dans cette base de données, et l’entreprise en recherche d’expertise n’aura qu’à formuler ses besoins dans des termes clairs pour dénicher les consultants appropriés, disponibles et à proximité. C’est ce que Yann Rousselot-Pailley, président et cofondateur de Present Profit Solutions, appelle « l’uberisation de la consultation » : tout en ayant une vocation mondiale – elle comprend déjà des noms de consultants de 15 pays (60 % des consultants déjà inscrits viennent du Canada) –, la plateforme donnera des informations locales. Ensuite, le but est qu’un consultant rassemble sa propre équipe d’experts afin de répondre au mieux à la demande d’une entreprise, qui pourra ainsi se servir de la plateforme presque comme d’un guichet unique.

« On veut changer le mode de pratique en silo pour lier les expertises, car il y a beaucoup d’interdépendance dans les entreprises », croit Yann Rousselot-Pailley, qui, avec sa nouvelle plateforme, s’adresse particulièrement aux PME, « qui n’ont pas toujours facilement accès aux grands cabinets conseils » dont les prix sont élevés. Le jeune entrepreneur, convaincu qu’il y a « un besoin de consommation simple des services des consultants », vise donc rien de moins que la démocratisation de la consultation.

« De vrais partenaires »

Sa démarche s’ancre dans une tendance déjà bien amorcée : le recours fréquent aux consultants par les PME dans le cadre d’une impartition grandissante. Dans un Jardin, l’entreprise québécoise de produits pour le bain, le corps et la maison, fait appel à de nombreux consultants pour ses activités d’exportation, la comptabilité, les services juridiques. Rien que pour les technologies de l’information et de la communication (TIC), ils sont quatre experts avec chacun sa spécialité. « On a une taille intermédiaire qui nous oblige à ne pas faire les choses en amateur, mais sans avoir encore les moyens d’embaucher les experts seniors dont nous avons besoin. Le recours à des consultants externes pour pallier ce manque d’expérience et d’expertise est une solution moins coûteuse », explique Eric Arminjon, président de l’entreprise de Boucherville qui compte 300 employés.

Varitron, une firme d’assemblage électronique de Saint-Hubert, elle, utilise les services de consultants pour compléter sa gamme de services, ce qui lui procure un avantage concurrentiel auprès de ses clients dans un secteur dominé par les grandes entreprises. « On cherche le meilleur bouquet de partenaires. Si un client nous demande d’améliorer son concept sur le plan du design par exemple, nous faisons appel ponctuellement à un expert externe afin d’offrir un service plus complet, et ainsi, de nous démarquer. Mais on n’aurait pas le marché suffisant pour justifier un emploi à temps plein à l’interne », indique Martial Vincent, directeur général de Varitron, qui fait aussi appel à des consultants en développement de marché, en planification stratégique et marketing, en TI, en relations publiques, en comptabilité et en services juridiques.

Cette tendance au recours massif à l’expertise externe va de pair avec l’évolution des relations entre les PME et les consultants. Aujourd’hui, consultants et entrepreneurs « sont de vrais partenaires », estime Martial Vincent. Natalie-Ann Shorteno, consultante en développement organisationnel, le confirme : « On a une relation de proximité très intense avec les dirigeants de l’entreprise qui me consultent souvent dans les décisions stratégiques de l’entreprise. »

Des formes de collaboration encore traditionnelles

Sur la forme, la collaboration entre les consultants et les PME évolue peu, même si elle intègre un peu plus les TIC comme Skype pour des mandats à distance par exemple. Elle s’assouplit néanmoins, les consultants s’adaptant à l’agilité dont les entreprises ont besoin. Ainsi, Maxime Dubois, associé principal de DRH en direct, une agence de services en ressources humaines, a lancé il y a quelques années, en plus de son service d’impartition, une ligne téléphonique accessible en tout temps. Les entreprises qui ont peu ou pas de professionnels en ressources humaines à l’interne peuvent ainsi poser leurs questions et recevoir une réponse rapide d’un expert.

Pour des mandats qui demandent plus de réflexion et de temps, comme la planification stratégique, d’autres formules sont expérimentées. Isabelle Jalbert, directrice générale de Publicité sauvage, une agence d’affichage de Montréal d’une cinquantaine d’employés, a par exemple essayé le « bureauberge » d’Anthony Shorteno pour penser à l’avenir de la firme, confrontée à l’avènement des modes d’affichage numériques. « Cette formule, qu'on a pratiquée deux fois, a un aspect convivial qui permet de faire tomber les barrières. C'est aussi valorisant pour les cadres qui sont invités à se joindre aux dirigeants dans ce comité restreint. En deux jours, on a l'impression d'avoir fait beaucoup de chemin », estime-t-elle. Le consultant en développement d’entreprise fait ainsi venir à la campagne le comité de direction d’une entreprise pendant deux jours pour une immersion complète. L’objectif : repartir avec un plan stratégique sur trois ans. « Les dirigeants appliquent mieux un plan auquel ils ont réfléchi et qu’ils assument », explique Anthony Shorteno, qui anime les débats parfois vifs sur la vision de l’entreprise entre les différents membres de la direction.

La complexification des affaires et la conjoncture économique mondiale poussent les PME à recourir à des consultants externes pour de nombreux champs d’expertise. Leur partenariat se raffine pour être encore plus efficace.

Révolution dans la facturation

Le changement dans les relations entre consultants et PME se traduit également dans la facturation. Longtemps craints, voire conspués pour leurs honoraires prohibitifs réclamés à la minute, les consultants sont poussés à revoir leur approche.

Si le projet de plateforme 2ps remporte le succès qu’escomptent ses instigateurs, il pourrait contribuer à changer la donne. La plateforme impose en effet des taux horaires standardisés selon les régions du monde et même selon les villes. « Nous voulons donner un coup de pied dans la fourmilière. Aujourd’hui, les tarifs de consultation peuvent être de 450 $ de l’heure ou de 80 $ selon l’expert et le domaine ! » constate Yann Rousselot-Pailley.

De fait, les entrepreneurs sont désormais plus vigilants quant aux coûts des prestations des consultants et veillent à éviter les dépassements de budget. « C’est plus facile aujourd’hui d’avoir des prix fermes avec des variations de 5 à 10 % seulement », reconnaît Eric Arminjon. Martial Vincent a même imposé à son cabinet d’avocat un règlement de facture (détaillée) hebdomadaire pour « ne pas avoir de mauvaise surprise » !

L’avenir : le forfait ?

Les dirigeants utilisent également de plus en plus souvent des outils de suivi des contrats dans le même but. « Ça me rassure, car je peux suivre ce qui est réalisé par rapport aux objectifs fixés. Sinon, c’est insécurisant », témoigne Isabelle Jalbert, directrice générale de Publicité sauvage.

Si le taux horaire reste la norme, la demande de facturation au forfait s’accroît. Une requête que refusent certains consultants qui craignent à leur tour des dépassements de coûts dont ils feraient les frais. « Les forfaits mensuels sont difficiles à accepter parce qu’il y a beaucoup d’impondérables, notamment lorsque les projets sont trop gros et pas assez compartimentés. Les risques de dérapage sont alors élevés », explique Caroline Deguire, directrice générale de l’Association québécoise des informaticiennes et informaticiens indépendants (AQII).

Néanmoins, Me Patrick-Claude Caron, avocat associé chez Caron avocats, croit qu’« à l’avenir, le forfait pourrait devenir la norme », notamment sous l’influence des changements de pratique que le gouvernement, qui souhaite lui aussi « avoir une vision et éviter les dépassements de coûts », vise à imposer. La conséquence : « Les consultants devront procéder à une évaluation globale initiale poussée, la nature de la prestation devra être écrite très précisément dans le contrat et une grande planification sera nécessaire pour assurer la rentabilité », conclut l’avocat.

SOMMAIRE DU DOSSIER

1. Les 300 c'est...
2. Agrandir pour attirer plus de clients
3. Implanter de nouveaux systèmes informatiques
4. Rendre sa production encore plus efficace
5. Des stratégies payantes
6. Mille milliards... d'actif !
7. L'artiste devenue entrepreneure
8. Vaillancourt continue d'ouvrir ses horizons
9. Se relever et se diversifier
10. Faire sa place parmi les grands
11. Mini révolution dans le monde de la consultation
12. L'ADN d'un top recruteur
13. Des Y parlent à coeur ouvert
14. Durer à l'international

À la une

Faut-il acheter présentement l'action de Nvidia?

Mis à jour il y a 2 minutes | Morningstar

Depuis son introduction en bourse en 1999, l’action de Nvidia a explosé de plus de 30 000%.

Gain en capital: la fiscalité va nuire à l’économie, selon le patron de la Nationale

Il y a 5 minutes | La Presse Canadienne

Le banquier craint que la mesure ne décourage l’investissement au Canada.

Le CELI de Mathieu Corbeil: en construction

Édition du 10 Avril 2024 | Jean Décary

PLEINS FEUX SUR MON CELI. L’ingénieur en construction mise sur un portefeuille composé de FNB et de titres individuels.