Là où semer, là où ne pas semer


Édition du 22 Août 2015

Là où semer, là où ne pas semer


Édition du 22 Août 2015

Par Jean Décary

[Photo : Shutterstock]

Après les années fastes qui ont suivi la crise de 2008, le marché boursier canadien a finalement connu depuis le début de 2015 un certain essoufflement, tiré vers le bas par le secteur des ressources naturelles. À l'opposé, l'indice S&P 500 affiche un rendement positif, quoique modeste, à un moment où la Réserve fédérale américaine laisse planer une première hausse du taux directeur en neuf ans. Que nous réserve la fin de l'année ? Quatre stratèges ont bien voulu nous faire part de leurs prévisions et de leurs recommandations.

Stéfane Marion, économiste et stratège en chef à la Banque Nationale

Cibles des principaux indices à la fin de 2015

S&P/TSX : Hausse d'environ 3 % (ce qui amènerait l'indice aux environs de 15 000 points)

S&P 500 : Hausse d'environ 5 % (ce qui placerait l'indice à 2 160 points)

Prix du baril de pétrole : 45 à 50 $ US

Or : 1 200 $ US/once.

Répartition de l'actif

Plus : les financières et une pondération plus importante en devises américaines.

Moins : le secteur des ressources.

À surveiller : les développements en Chine. L'appréciation du dollar américain pourrait diminuer les sommes allouées aux pays émergents.

Mise en garde : réduire trop fortement sa pondération en obligations.

Stéfane Marion est légèrement moins optimiste qu'il ne l'était en début d'année en ce qui concerne le marché boursier canadien. Il prédit un rendement de 3 % pour la Bourse de Toronto, ce qui placerait l'indice à environ 15 000 points en fin d'année. «La chute des cours énergétiques et le manque de vigueur de l'économie chinoise ont beaucoup pesé sur le secteur des ressources, une composante importante du S&P/TSX», explique-t-il.

Les récents développements en Chine n'aident pas. «Le yuan a été déprécié par les autorités d'environ 5 %, et je crois que cela pourrait se rendre jusqu'à 10 %. C'est un choc très important. C'est une première dévaluation depuis 1994 pour la devise chinoise. Cela crée un flottement supplémentaire sur les marchés boursiers et l'environnement devient soudainement plus incertain», lance-t-il.

L'économiste et stratège en chef de la Banque Nationale conserve sa cible d'un rendement de 5 % à la Bourse de New York, ce qui placerait le S&P 500 à 2 160 points. Mais le potentiel demeure limité à ses yeux en raison de la transition de la politique monétaire américaine et du fait que la Réserve fédérale américaine (Fed) songe à hausser les taux d'intérêt. «Pour obtenir un bon rendement, il faudra bien choisir les secteurs à l'intérieur de l'indice», précise-t-il. Aux États-Unis, il voit d'un bon oeil le secteur des financières, maintenant recapitalisées et qui évoluent dans un nouveau cadre juridique. «Grâce à la bonne tenue du marché de l'emploi américain, les banques peuvent prêter de nouveau aux ménages. Le troisième trimestre s'annonce comme l'un des meilleurs pour le crédit bancaire depuis la fin de la récession [que ce soit pour les entreprises ou les ménages]», explique-t-il. Une nouvelle politique monétaire américaine devrait être porteuse pour les banques de l'oncle Sam, selon le stratège. Certaines d'entre elles pourraient augmenter leurs dividendes. «Étant donné la volonté de nos autorités de déprécier la monnaie canadienne, je maintiens l'importance pour les investisseurs d'avoir une pondération plus grande qu'à l'habitude en devises autres que le dollar canadien. Je favorise plus particulièrement le dollar américain.»

Au Canada, compte tenu des bas taux d'intérêt, M. Marion considère que les sociétés financières offrent également un rendement attrayant. «Elles ont un aspect défensif pour le marché. Surtout si on les compare aux taux obligataires.» Il estime aussi qu'en raison d'un dollar d'une faiblesse qu'on n'a pas connue depuis une décennie, les banques canadiennes devraient bien performer, tout comme les exportateurs qui ont une bonne exposition au marché américain.

Côté portefeuille d'investissement, le stratège préconise une approche plus défensive. Particulièrement à la lumière des récents développements en Chine «Je suggère une répartition équipondérée obligations-actions, avec davantage d'encaisse qu'à l'accoutumée.» Pour la portion actions du portefeuille, il privilégie une pondération d'au moins 50 % en dollars américains.

Que faut-il éviter ? L'économiste reste prudent à l'égard des ressources. «Ce qui m'inquiète, notamment, c'est l'incertitude politique qui règne en Alberta en matière de redevances énergétiques depuis l'élection du nouveau gouvernement néo-démocrate.» Il se dit cependant prêt à reconsidérer ce secteur à l'automne, d'où l'importance d'une encaisse substantielle prête à être déployée. «J'attends aussi de voir si le marché intègre pleinement la possibilité d'une hausse des taux d'intérêt aux États-Unis. Lorsque les marchés l'auront escomptée, une rotation de secteurs sera envisageable.»

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