Quand un indicateur technique marche et quand il ne marche pas


Édition du 16 Septembre 2017

Quand un indicateur technique marche et quand il ne marche pas


Édition du 16 Septembre 2017

Par Richard Guay

[Photo: 123rf.com]

Vous êtes amateur d'indicateurs techniques ? Quand fonctionnent-ils et quand ne fonctionnent-ils pas ?

Le Journal of Portfolio Management faisait récemment état d'une étude des professeurs Edward Zychowicz, Shu Feng et Na Wang sur le sujet.

D'abord, pour ceux qui connaissent moins le domaine, qu'est-ce qu'un indicateur ou une stratégie technique ? Il y en a de plusieurs types.

Un indicateur populaire est la moyenne mobile. Il consiste à acheter ou à vendre une position lorsque le cours de l'action grimpe au-dessus ou tombe en-dessous de sa moyenne de négociation sur une période donnée. C'est un système de lignes et de graphiques.

Un autre outil technique est la stratégie de momentum, qui consiste à acheter les titres qui ont le plus augmenté. L'approche classique est d'acheter au début de chaque mois les 10 titres qui ont le plus augmenté au fil du dernier mois et de vendre ceux qui ont le plus baissé.

Dans quelles situations ces indicateurs fonctionnent-ils ?

La conclusion des chercheurs est la suivante.

Au sein d'un marché boursier efficace, la valeur des actions est uniquement liée aux bénéfices prévus et au risque de l'entreprise. Aucune des approches techniques comme la moyenne mobile ou le momentum ne sont alors vraiment utiles, car elles ne permettent pas de dégager des rendements intéressants à long terme.

Toutefois, le marché n'est pas toujours rationnel. Et ce n'est pas pour rien que certains gestionnaires de portefeuille font appel aux indicateurs techniques.

Les auteurs précisent que lorsque le sentiment de confiance est élevé sur les marchés boursiers, les indicateurs techniques fonctionnent mieux et permettent de dégager de bons rendements.

Ils ajoutent qu'un marché peut aussi être négativement irrationnel - les investisseurs étant trop pessimistes -, mais qu'à ce moment, les indicateurs ont tendance à moins bien performer.

Pourquoi les indicateurs marchent avec l'optimisme et non avec le pessimisme ?

La réponse peut probablement se résumer ainsi. Les investisseurs trop pessimistes exercent une pression à la baisse sur le marché, mais les investisseurs réalistes se présentent pour acheter, sentant la bonne affaire. Ils contribuent à calmer le jeu et à limiter la baisse de prix. Les variations sont moindres que lorsque le marché est optimiste, parce que, dans un tel marché, les investisseurs réalistes ont généralement tendance à ne rien faire et à laisser grimper le prix.

Comment savoir si un marché est trop optimiste ou trop pessimiste ?

C'est ici qu'entrent en jeux d'autres indicateurs, de sentiments ceux-là. Il y en a plusieurs, mais aucun n'est parfait.

Certains scrutent les transactions des investisseurs du côté des fonds communs de placement. Plus les achats de fonds communs d'actions sont élevés par rapport aux achats d'obligations gouvernementales, plus l'optimisme est élevé.

Un sondage d'Investors Intelligence, qui porte sur les lettres financières des analystes, est un autre exemple de ce phénomène. Les lettres sont classées dans deux catégories, «optimistes» et «pessimistes», et l'agence calcule ensuite le ratio optimistes-pessimistes. Quand ce ratio est élevé, c'est un indicateur qu'il y a beaucoup d'optimisme.

Par ailleurs, on trouve un exemple d'indicateur intéressant et simple dans le sondage du professeur Robert Shiller, de l'Université Yale. L'enquête, qui porte sur les prévisions des investisseurs, est publiée sur le site Web de l'institution. Une de ses questions clés est : «Selon vous, est-ce que le marché boursier sera à la hausse pour les 12 prochains mois ?» Plus la proportion de «oui» est élevée, plus l'optimisme est élevé. Au dernier sondage de 2017, environ 80 % des investisseurs ont répondu «oui». C'est beaucoup, mais pas autant qu'à la fin de 2016, où plus de 90 % étaient persuadés que 2017 serait positif.

Et dans les prochains mois ?

Résumons-nous. Quand la majorité des investisseurs sont pessimistes ou tout simplement réalistes, vous devez être prudent avec les indicateurs techniques. Ils ne fonctionnent que rarement en ces occasions, et les signaux d'achat ou de vente sont généralement inutiles. Par contre, si vous observez que la majorité des investisseurs débordent d'optimisme, c'est un bon temps pour faire appel aux indicateurs techniques. Règle générale, le signal d'achat ou de vente est plus crédible. Selon le dernier sondage de l'Université Yale, l'optimisme était à un sommet à la fin de 2016. Il a baissé depuis le début de 2017, mais demeure plus élevé que la moyenne historique. Si on en croit la conclusion des chercheurs, l'année 2017 a donc de bonnes chances d'être une année faste pour les utilisateurs d'indicateurs techniques tels que les moyennes mobiles et le momentum.

Biographie
Richard Guay est professeur titulaire en finance à l'ESG UQAM et ancien président de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

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