Le meilleur moment pour investir en Bourse


Édition du 12 Mai 2018

Le meilleur moment pour investir en Bourse


Édition du 12 Mai 2018

Par Philippe Leblanc

Les perspectives à long terme de la Bourse demeurent attrayantes. Rappelons-nous qu’il y a 20 ans nous étions en pleine bulle techno, avec le titre de Nortel qui valait 125$. [Photo : Mw12310/CC]

On a toujours l'impression, me semble-t-il, que la situation est pire aujourd'hui que dans le passé. Que le marché boursier est sur le point de basculer, de subir une correction.

Je crois que ce n'est qu'une illusion. On est toujours influencé davantage par les événements récents que par ceux des dernières années. On oublie rapidement le passé. En revanche, les médias travaillent sans relâche à nous rappeler tout ce qui va mal dans le monde aujourd'hui.

Demandez si le moment est opportun pour investir en Bourse ces jours-ci et plusieurs vous répondront par la négative, en faisant valoir les motifs suivants :

• Les marchés sont historiquement chers et près d'un sommet.

• La volatilité a fortement augmenté récemment, ce qui témoigne de la nervosité des investisseurs.

• Les choses vont de mal en pis pour le président Trump. Que ce soit l'enquête concernant l'implication alléguée des Russes dans les élections présidentielles de 2016, le scandale Stormy Daniels, une possible guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, l'envoi de militaires aux frontières du Mexique, tout semble mener à une possible destitution du président.

• Les taux d'intérêt sont à la hausse.

• La croissance économique est vigoureuse, mais elle ne peut que ralentir.

• Le gouvernement américain s'endette lourdement par ses coupures d'impôt et ses investissements en infrastructures.

• Les États-Unis pourraient de nouveau frapper le régime syrien.

Pourtant, revenez en arrière et vous constaterez qu'il y a rarement eu des périodes où tous les astres semblaient alignés pour procurer de forts rendements boursiers. De fait, lorsque cela s'est produit, l'euphorie générale qui en a résulté s'est traduite par des évaluations anormalement élevées. Je pense notamment à 1986-1987 ou à la fin des années 1990.

La plupart du temps, il existe une foule de raisons qui font que les marchés sont incertains et que les investisseurs doutent que le moment soit bien choisi pour investir. Imaginez-vous à nouveau à la fin de 2016, quelques semaines après la victoire surprise de Trump. Auriez-vous alors cru que le marché boursier était sur le point de connaître une hausse de 19,4 % au cours des 12 mois suivants (c'est ce qu'a enregistré l'indice S&P 500 en 2017) ? L'incertitude concernant Trump était à son comble. Peu de gens savaient quelles seraient les politiques qu'il mettrait en place. En outre, on ne pouvait pas dire à l'époque que le marché boursier était peu cher. Et la Fed avait déjà commencé à augmenter son taux directeur (la première de l'actuelle série de hausses a eu lieu le 15 décembre 2016).

Il y a cinq ans, en 2013, on se demandait quand et comment la Fed arrêterait de racheter ses propres obligations sur le marché, un programme qui lui avait permis d'injecter des fonds afin d'aider la reprise économique.

Il y a 10 ans, en 2008, les États-Unis traversaient l'une de leurs pires crises économiques et celle-ci avait des répercussions partout dans le monde. Plusieurs se demandaient alors (avec raison) si le système financier allait survivre à cette crise.

Il y a 20 ans, en 1998, nous étions en pleine bulle techno. Le titre de Nortel valait 125 $ en décembre. Les titres techno obtenaient des évaluations ridiculement élevées, mais de nombreux autres titres plus terre-à-terre s'échangeaient à des ratios raisonnables. Plusieurs remettaient en question les capacités de bien des investisseurs « valeur » traditionnels. Même Warren Buffett faisait l'objet de critiques nourries, plusieurs se demandant s'il n'était pas devenu un dinosaure, et ce, parce qu'il refusait d'investir dans les titres de la nouvelle économie.

Il y a 30 ans, en 1988, nous sortions tout juste du fameux krach de 1987. De nombreux investisseurs avaient alors pris la décision de ne plus jamais investir en Bourse, arguant qu'elle était bien trop risquée pour eux.

Bref, quelle que soit la période, il y a presque toujours de bonnes raisons de ne pas investir en Bourse.

Pourtant, malgré tout ce qui s'est produit au cours des 30 dernières années, les nombreuses corrections, les guerres, les récessions et les bouleversements politiques, le marché boursier a continué de progresser et d'enrichir les investisseurs patients. Le 1er avril 1988, le S&P 500 Total Return (incluant les dividendes) valait 264 points. Trente ans plus tard, il en vaut 5 179, ce qui représente une multiplication par 19,6 !

Le rendement annuel composé de l'indice au cours des 30 dernières années a été de 10,4 %, ce qui, incidemment, s'apparente aux rendements historiques des marchés boursiers. Si vous aviez investi 10 000 $ dans cet indice en 1988, puis rien fait pendant les 30 dernières années, vous auriez aujourd'hui en poche plus de 196 000 $.

J'entends souvent des investisseurs dire que le moment est mal choisi pour investir. Plusieurs hésitent présentement à investir compte tenu de toutes les sources d'incertitude qui prévalent.

Je suis d'accord. Mais ce sont des inquiétudes qui touchent le court terme. Nul ne peut prévoir quand une correction boursière surviendra. À mon avis, les perspectives à long terme de la Bourse, disons pour les 20 prochaines années ou plus, demeurent attrayantes. Pour l'investisseur à long terme, le meilleur moment pour investir est presque toujours « maintenant ».

Expert invité : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. Plusieurs comptes sous la gestion de COTE 100 possèdent des actions de Berkshire Hathaway.

À la une

Il faut concentrer les investissements en R-D, dit le Conseil de l’innovation du Québec

L’État devrait davantage concentrer les investissements en R-D dans certains secteurs, selon le Conseil de l’innovation.

Repreneuriat: des employés au rendez-vous

23/04/2024 | Emmanuel Martinez

REPRENEURIAT. Le taux de survie des coopératives est bien meilleur que celui des entreprises privées.

De nouvelles règles fiscales favorisent le repreneuriat familial

Édition du 10 Avril 2024 | Emmanuel Martinez

REPRENEURIAT. Elles devraient stimuler le transfert d'entreprise à des proches.