Un bilan solide : une arme autant défensive qu'offensive


Édition du 17 Septembre 2016

Un bilan solide : une arme autant défensive qu'offensive


Édition du 17 Septembre 2016

Par Philippe Leblanc

[Photo : Shutterstock]

Une entreprise qui possède une généreuse encaisse et qui n'a aucune dette peut difficilement faire faillite. Les entreprises qui n'ont pas réussi à traverser la crise de 2008-2009 - les Lehman Brothers, GM ou Lyondell Chemical - étaient pour la plupart lourdement endettées. On connaît tous les vertus et les avantages d'un bilan sain : il nous permet de traverser les périodes difficiles et de pallier les mauvaises surprises.

Deux exemples tirés de l'actualité des dernières semaines nous montrent que les entreprises qui jouissent d'une robuste santé financière bénéficient d'un autre avantage par rapport à celles dont les finances sont plus serrées : elles peuvent sauter sur les occasions qui se présentent. Un compte bancaire bien garni est non seulement une arme défensive, mais aussi une arme offensive fort efficace pour les entreprises.

Deux exemples percutants

Deux sociétés que nous détenons dans plusieurs de nos portefeuilles sous gestion ont profité de leur solide santé financière pour annoncer récemment des acquisitions majeures qui ont, dans les deux cas, propulsé leurs titres à la hausse.

En premier lieu, Alimentation Couche-Tard (ATD.B, 65,50 $) a annoncé l'acquisition de la société américaine CST Brands pour la somme de 4,4 milliards de dollars en espèces. CST ajoutera près de 2 000 emplacements nord-américains au réseau de près de 8 000 emplacements qu'exploite Couche-Tard sur ce continent. Le titre de l'entreprise s'est apprécié de près de 17 % à la suite de l'annonce de cette acquisition.

Comment Couche-Tard a-t-elle pu réaliser une acquisition d'une telle envergure ? Son bilan est tout simplement très solide. Au 31 juillet 2016, elle affichait une dette nette d'environ 2,2 G$, ce qui représente 42 % de l'avoir des actionnaires de près de 5,3 G$. Non seulement la société présente-t-elle un ratio dette nette/bénéfice d'exploitation très raisonnable (0,95), mais son endettement a diminué progressivement depuis l'acquisition majeure des actifs de Statoil en 2012. À la fin de son exercice 2013, son ratio d'endettement net par rapport à son bénéfice d'exploitation atteignait 2,15.

Un autre exemple encore plus percutant est celui de Ritchie Brothers (RBA, 44,04 $), une entreprise de Richmond en Colombie-Britannique, qui, forte de ses 44 sites de vente aux enchères, est le plus important encanteur industriel du monde. La société a surpris plusieurs observateurs en annonçant l'acquisition, pour la somme de 758,5 millions de dollars américains en espèces, d'IronPlanet, qui exploite une plateforme électronique permettant la vente et l'achat d'équipements lourds d'occasion. Fondée en 1999, la société compte aujourd'hui près de 1,5 M d'usagers inscrits dans le monde. Grâce à cette transaction, Ritchie achète un concurrent redoutable, tout en se positionnant solidement dans le segment du commerce électronique. Le titre de Ritchie Brothers s'est envolé de près de 25 % au lendemain de l'annonce.

Si Ritchie a réussi à faire une telle acquisition en espèces, c'est parce que son bilan le lui permettait. Au 30 juin, Ritchie avait une encaisse nette de 237,5 M$ US, ou 2,22 $ US par action.

Une santé financière solide devient encore plus importante pendant les périodes difficiles. Rappelez-vous la crise de 2008-2009. Des sociétés en excellente santé financière, telles que US Bank ou Berkshire Hathaway, ont profité de cette crise pour faire des emplettes à prix réduit, étant parmi les seules sociétés à pouvoir acheter pendant cette période.

Même si l'environnement actuel, avec ses taux d'intérêt historiquement bas, est propice aux acquisitions, les sociétés qui jouissent d'une solide santé financière réussissent souvent à se financer à des taux encore plus bas que leurs concurrents. J'ai bien hâte de connaître les taux de financement qu'ont obtenu Alimentation Couche-Tard et Ritchie, mais je présume qu'ils sont très faibles, ce qui leur permettra de rentabiliser rapidement leur acquisition.

Une qualité souvent sous-estimée

Nous avons toujours porté une attention particulière à la santé financière d'une entreprise chez COTE 100, un principe sur lequel se fonde notre gestion. J'ai toujours dit que nous étions allergiques à la dette en raison des risques accrus qui y sont associés pour l'investisseur. Or, les années m'ont démontré à maintes reprises qu'une bonne santé financière est souvent un aspect sous-estimé de la part des investisseurs. Les analystes financiers, en particulier, y attribuent généralement peu d'importance. De fait, dans bien des cas, une santé financière robuste est souvent perçue négativement par les investisseurs et les analystes, qui estiment alors qu'une société ne maximise pas l'utilisation de son capital au profit de ses actionnaires. Bien souvent, les titres de sociétés qui détiennent une généreuse encaisse s'échangent à des ratios similaires à ceux de sociétés comparables.

Dans un environnement où les marchés boursiers fracassent des records et où les aubaines se font plus rares, les exemples frappants de Couche-Tard et de Ritchie Brothers démontrent que les investisseurs devraient attribuer une plus grande importance à la santé financière d'une entreprise. La plupart du temps, un solide bilan représente une valeur cachée.

Biographie

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. COTE 100 détient des actions de Ritchie Brothers dans divers comptes sous sa gestion.

À la une

Correction boursière et marché baissier: pas de panique!

SE LANCER EN BOURSE. Le propre des marchés boursiers est de progresser et de reculer en permanence.

L’éclipse totale a eu un impact positif sur le tourisme des Cantons-de-l’Est

Il y a 24 minutes | La Presse Canadienne

Tourisme Cantons−de−l’Est fait état d’au moins 55 000 visiteurs de l’extérieur de la région seulement le 8 avril.

JP Morgan: la tendance haussière est-elle à risque?

11:20 | Jean Gagnon

BOUSSOLE BOURSIÈRE. Le récent recul du titre de JP Morgan a-t-il de quoi inquiéter?