SNC-Lavalin: pas de poursuite contre Duhaime

Publié le 26/03/2012 à 12:52, mis à jour le 26/03/2012 à 17:52

SNC-Lavalin: pas de poursuite contre Duhaime

Publié le 26/03/2012 à 12:52, mis à jour le 26/03/2012 à 17:52

Pierre Duhaime, l'ex chef de la direction de SNC-Lavalin. Photo : Bloomberg.

SNC-Lavalin n'entreprendra aucun recours contre son pdg démissionnaire. Selon le géant du génie et de la construction, Pierre Duhaime a autorisé des paiements irréguliers totalisant 56 millions de dollars faits en 2009 et 2011 pour l'obtention de contrats de l'entreprise, mais il ne savait pas à quoi ils serviraient. Il aurait ainsi violé le code d'éthique de la firme.

SNC-Lavalin tente depuis février de faire la lumière sur des paiements irréguliers de 33,5 millions de dollars, attribués à un contrat auquel ils ne se rapportaient pas. Selon le rapport d'enquête qu'elle vient de publier, l'entreprise a découvert dans ses recherches d'autres débours suspects de 22,5 millions autorisés par Pierre Duhaime. Le document évoque aussi un contrat de recouvrement de 8,25 millions pour un autre contrat pour lequel «il n'existe aucune preuve orale, documentaire et circonstancielle». La valeur des paiements irréguliers effectués par SNC-Lavalin passe donc de 33,5 à 64,25 millions au total.

La direction a dit ignorer dans quel but ces paiements ont été faits et refuse de dire à quels projets ils se rapportent. L'entreprise dit être en train de transférer des informations concernant ces malversations aux autorités canadiennes, sans préciser à quelles organisations.

Selon le président du conseil d'administration, Gwyn Morgan, Pierre Duhaime collabore «pleinement» à l'enquête en cours, mais l'ancien pdg n'a pas pu dire à quoi ont servi ces paiements, erronément associés à des projets de construction auxquels ils ne se rapportaient pas.

«L'examen indépendant n'a pas révélé de preuve directe et concluante établissant la nature des services rendus», mentionne le rapport. «Les contreparties nommées dans les contrats semblent fictives et tout particulier inscrit dans les registres publics relativement aux sociétés contrepartistes ne semble pas être une véritable partie intéressée.»

Selon Gwyn Morgan, les seules personnes pouvant savoir à quoi ont servi ces sommes sont l'ancien vice-président directeur de la division construction, Riadh Ben Aïssa, et Stéphane Roy, ex vice-président aux finances de la même division, qui ont quitté l'entreprise en février dans la foulée de ses problèmes en Libye. SNC-Lavalin y entretenait des liens étroits avec la famille du dictateur déchu Mouammar Kadhafi, assassiné en octobre.

Les paiements suspects ne sont cependant pas liés à la situation de l'entreprise en Libye, assure l'entreprise.

Pierre Duhaime a été remplacé par intérim par le vice-président du conseil d'administration, Ian Bourne, qui participait à la conférence de presse, accompagné de Gilles Laramée, vice-président directeur et chef des affaires financières. L'entreprise indique que le président du conseil d'administration de SNC-Lavalin International et le chef des affaires financières avaient refusé d'approuver le deuxième et plus important paiement, de 33,5 millions de dollars en décembre. Il a tout de même été approuvé par Pierre Duhaime.

Paiements d'agence

Au cœur des problèmes de SNC-Lavalin figurent les fameux «paiements d'agence», des montants qu'accorde l'entreprise à des «agents» pour faciliter les contacts avec les autorités et faire sa promotion dans les pays où elle œuvre, dans le monde entier.

Gwyn Morgan assure que l'entreprise et tous ses rivaux utilisent ces «agents commerciaux» sur une base régulière partout dans le monde.

Dans les deux cas suspects, ces paiements n'ont cependant pas été faits en suivant les méthodes habituelles et les règles de l'entreprise, dit Gwyn Morgan. «Le premier problème, ici, c'est l'importance de ces paiements», dit-il. Il mentionne que les montants payés à ces agents s'élèvent à 700 000 $ en moyenne dans les trois dernières années.

«Le processus d'autorisation n'a pas été suivi, et les qualifications des agents n'étaient pas les bonnes», ajoute le président du CA.

Gwyn Morgan a refusé de dire si le pdg démissionnaire a droit à des indemnités de départ. «M. Duhaime prend sa retraite. Nous le remercions pour ses 23 années de service chez SNC-Lavalin. Nous n'avons aucune raison de croire qu'il ait intentionnellement violé le code d'éthique de l'entreprise, même si sa supervision, dans le cas de ces deux paiements, n'a pas été adéquate», a dit le président du CA, dans une conférence avec les analystes.

Les deux hauts dirigeants qui ont quitté SNC-Lavalin en février, Riadh Ben Aïssa et Stéphane Roy, ne collaborent pas aux enquêtes internes de l'entreprise, dit l'entreprise. Selon ses informations, Riadh Ben Aïssa est déménagé en Tunisie. À sa copropriété du centre-ville de Montréal, la boîte vocale est pleine et ne peut prendre aucun nouveau message.

Les autorités mexicaines ont arrêté une consultante sous contrat avec l’entreprise, Cynthia Vanier, qu’elles accusent d’avoir tenté d’aider le fils de Mouammar Kadhafi, Saadi Kadhafi, à fuir dans leur pays. La Gendarmerie royale du Canada mène une enquête sur le rôle de l’entreprise dans cette affaire. Durant la guerre contre le régime Khadafi, Stéphane Roy a accordé un contrat à Cynthia Vanier pour une mission d'«établissement des faits» en Libye.

En outre, le géant du génie s’est retiré en octobre du projet du pont Padma, au Bangladesh. La Banque mondiale venait de retirer son financement au projet, précisant qu’une société détenue par un ministre du gouvernement bangladais avait discuté de commissions avec les firmes impliquées, dont SNC-Lavalin. La Gendarmerie royale du Canada a perquisitionné des bureaux torontois de l’entreprise en septembre.

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