SNC-Lavalin: des accusations au criminel menaceraient l'avenir de la société, avertit son pdg

Publié le 08/10/2014 à 07:35, mis à jour le 08/10/2014 à 10:48

SNC-Lavalin: des accusations au criminel menaceraient l'avenir de la société, avertit son pdg

Publié le 08/10/2014 à 07:35, mis à jour le 08/10/2014 à 10:48

Par lesaffaires.com

Toute action gouvernementale punitive en lien avec le scandale de malversations et de corruption menacerait l’avenir de SNC-Lavalin et pourrait même la forcer à cesser ses activités.*

Voilà en substance l’avertissement qu’a lancé le pdg de la multinationale montréalaise, Robert Card, dans une entrevue avec l’équipe éditoriale du Globe & Mail.

Le patron de la firme de génie-conseil serait «grandement préoccupé» si la société devait subir des actions coercitives, car de telles mesures affaibliraient sévèrement l’entreprise.

Et «si l’entreprise ne peut faire des affaires, deux choix se présentent à elle. Il faudra la démembrer et cesser d’exister complètement ou il faudra qu’elle soit détenue par quelqu’un d’autre», a-t-il déclaré en entrevue.

Or, un transfert de propriété à une firme étrangère mettrait en péril les quelque 5000 emplois du siège social montréalais de la société, a dit Robert Card.

SNC-Lavalin est la cible depuis plus de deux ans d’enquêtes portant sur des transactions non éthiques réalisées par d’anciens employés en Lybie, en Algérie, au Bangladesh et dans le cadre du processus d’obtention du contrat du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

Un ancien vice-président de SNC-Lavalin, Riadh Ben Aïssa, a récemment été reconnu coupable, en Suisse, de corruption ainsi que de blanchiment d'argent. Ben Aïssa avait été mis en accusation pour des actes de corruption, de gestion déloyale et de blanchiment, liés à des affaires conclues en Libye. Il avait été arrêté en avril 2012 sous des soupçons du versement de pots-de-vin par SNC-Lavalin pour obtenir des milliards de dollars de contrats en Libye sous le régime Kadhafi.

Depuis le dévoilement du scandale de malversations, SNC-Lavalin a été forcée de revoir ses pratiques, ce qui a mené au départ de plusieurs membres au sein de sa haute direction ainsi qu'à la mise sur pied d'un code de déontologie.

L’entreprise a déjà subi d’importants dommages financiers depuis le début de cette affaire et a survécu, a indiqué M. Card, mais elle risque de ne pas pouvoir poursuivre ses activités dans sa forme actuelle si elle était visée par des accusations au criminel.

Une des raisons pour lesquelles SNC serait grandement affectée est liée au fait qu’elle est un important fournisseur de services auprès d’entités gouvernementales. Or, le gouvernement fédéral a récemment mis en place de nouvelles règles d’intégrité très strictes. Selon ces règles, les entreprises peuvent être radiées de la liste des fournisseurs admis si elles sont accusées d’avoir commis certains crimes, comme la corruption.

Même si SNC était seulement accusée et non reconnue coupable, les dommages causés à sa réputation feraient en sorte que toutes ses activités liées aux gouvernements seraient mises en danger, a dit M. Card, insistant sur le fait que l’image est un élément central dans le secteur.

Les conséquences seraient très néfastes pour l’entreprise à l’étranger.

M. Card, le premier américain à diriger SNC, se dit toutefois conscient du fait que les autorités voudront envoyer un message fort pour éviter que de telles pratiques se reproduisent. Mais les actions qui seront choisies par les autorités ne doivent pas selon lui changer la direction stratégique de l’entreprise.

Maxim Sytchev, analyste chez Dundee Securities, croit toutefois que les commentaires du pdg ont été rapportés hors de leur contexte. Il souligne que la société a pris plusieurs mesures qui ont transformé ses façons de faire. Il indique également que SNC a récemment obtenu la certification de l'Autorité des marchés financiers (AMF) qui lui permet de soumissionner pour des contrats publics au Québec.

*Le texte a été mis à jour à 10h45 afin d'ajouter les commentaires de l'analyste

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