Pourquoi ce graphique devrait inquiéter les Québécois

Publié le 26/09/2016 à 15:52

Pourquoi ce graphique devrait inquiéter les Québécois

Publié le 26/09/2016 à 15:52

Par François Normand

L'Ontario a regagné systématiquement plus vite que le Québec le terrain perdu aux États-Unis depuis la grande récession de 2008-2009, montrent des données de Statistiques Canada compilées par Les Affaires. Et cela tient essentiellement à la structure industrielle du Québec.

Ainsi, depuis 2008 (année de référence pour nos calculs) à 2015, les exportations cumulées de l'Ontario ont bondi de 25% pour atteindre 194,2 milliards de dollars. Pendant la même période, celles du Québec ont seulement progressé de 17% à 59,5 G$.

Un autre point est préoccupant, même il n'apparaît pas sur notre graphique.

À notre demande, Statistique Canada nous a fait parvenir toutes les exportations de l'Ontario et du Québec depuis 1988, soit un an avant l'entrée en vigueur de l'Accord de libre-échange (ALE).

Une donnée devrait interpeller les décideurs économiques et politiques du Québec.

En 2015, les exportations de l'Ontario aux États-Unis ont atteint un niveau record (194,2 G$), battant ainsi le précédent sommet de 193 G$ établi en 2000.

Or, les exportations records du Québec remontent toujours à 2000. Cette année-là, les entreprises québécoises ont expédié pour 63,4 G$ de marchandises sur le marché américain, soit 3,9 G$ de moins qu'en 2015 (et cela ne tient pas compte l'inflation depuis 15 ans).

Cette situation préoccupe au plus haut point le délégué général du Québec à New York, Jean-Claude Lauzon. «Les entreprises québécoises n'ont pas repris le terrain perdu. Et pendant ce temps-là, le marché américain a grandi», confiait-il dans un récent entretien avec Les Affaires.

Pourquoi le Québec affiche-t-il un retard par rapport à l'Ontario? Difficile de répondre à cette question avec certitude, affirment les économistes que nous avons contactés.

Certes, la présence de l'industrie automobile en Ontario peut expliquer certaines choses, selon Maurice Marchon, professeur d'économie à HEC Montréal.

Quand l'économie américaine a plongé en récession, les déboires des manufacturiers automobiles aux États-Unis ont fait très mal à l'industrie ontarienne. En 2009, les gouvernements du Canada et de l'Ontario ont même dû débourser 13,7 milliards de dollars pour sortir GM et Chrysler de la faillite.

Par contre, quand l'activité économique a rebondi aux États-Unis, l'économie ontarienne a repris son souffle plus vite.

Cela dit, la présence de l'industrie automobile chez nos voisins ontariens ne permet pas d'expliquer entièrement le retard du Québec en matière d'exportation aux États-Unis.

Par exemple, en 2009, les exportations ontariennes aux États-Unis ont dégringolé de 24%. Or, celles du Québec ont quand même chuté de 21%.

La structure industrielle du Québec serait en cause, et on ne peut rien y faire à court et à long terme, selon Benoit Durocher, économiste principal au Mouvement Desjardins.

Aussi, quand les États-Unis plongent, l'Ontario tombe avec elle. Mais quand la machine américaine redémarre, l'économie ontarienne s'emballe rapidement en raison de son intégration au marché américain.

Or, la structure industrielle du Québec fait en sorte que notre économie n'est pas aussi intégrée à celle des États-Unis, souligne Benoit Durocher.

Non seulement le Québec n'a pas une grosse d'industrie automobile, mais les secteurs où il se démarque habituellement aux États-Unis, comme le bois d'oeuvre, n'ont pas redécollé après la grande récession de 2008-2009.

En 2015, les exportations québécoises de bois d'oeuvre sur le marché américain ont totalisé 1,1 G$, soit le même niveau qu'en 2006, selon l'Institut de la statistique du Québec.

Même constat pour l'aluminium sous forme brute (non alliée): les exportations québécoises sont sensiblement au même niveau qu'elles étaient il y a dix ans à 2,6 G$.

Par contre, les ventes d'avions sont globalement à la hausse depuis quelques années.

Cela dit, il y a de l'espoir dans le cas du bois d'oeuvre, car la construction résidentielle a repris du poil de la bête aux États-Unis.

Reste toutefois à voir si le Canada et les États-Unis pourront éviter un autre conflit du bois d'oeuvre.

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