Peut-on décrypter la Fed?

Publié le 24/02/2015 à 12:17

Peut-on décrypter la Fed?

Publié le 24/02/2015 à 12:17

Par Jean Gagnon

Janet Yellen. (Photo: Bloomberg)

Toute la faune économique et financière est suspendue aux lèvres de Janet Yellen, présidente de la Réserve fédérale américaine (Fed).

C’est qu’elle est au Capitol aujourd'hui et demain, à expliquer aux législateurs américains les tenants et aboutissants de la politique monétaire qu’applique actuellement la Fed. Tout le monde sera attentif à ses moindres gestes et paroles afin de détecter quand celle-ci haussera finalement les taux d’intérêt.

Nul doute que la Fed est beaucoup plus limpide aujourd’hui et qu’il soit tentant de vouloir décrypter ce qu’elle nous révèle.

C’était bien différent dans le bon vieux temps (il y a 20 et plus), rappelle Irwin Kellner, chef économiste chez MarketWatch. «Peu de gens savaient ce que la Fed surveillait, et même ce qu’elle était en train de faire», dit-il. Ce n’est qu’après le fait que l’on comprenait ce qu’elle faisait.

Irwin Kellner rappelle comment Alan Greenspan était passé maître dans l’art de confondre les observateurs par ses longues et tortueuses explications. «Si ce que je vous dis semble clair, c’est probablement parce que vous me comprenez mal», avait dit un jour celui que l’on surnommait le maestro.

Mais avec Ben Bernanke et Janet Yellen, les choses ont changé. Tellement que les observateurs résument actuellement le message de la Fed à un seul mot, soit patience. C’est le mot que la Fed a inclus dans son dernier communiqué. Et tous les observateurs se disent que lorsque la Fed retirera ce mot du communiqué, c’est que la hausse de taux sera alors imminente.

Sauf que Mme Yellen n’a pas confirmé la chose ce matin, bien au contraire. «Le mot pourrait être retiré du communiqué, mais cela ne veut pas dire qu’il y aura une augmentation de taux lors d’une des réunions suivantes», suggère-t-elle.

Michelle Girard, économiste senior à la Royal Bank of Scotland (RBS) interprète la chose de la façon suivante: «la Fed ouvre la porte à l’abandon du mot patience à sa réunion de mars, mais la hausse de taux surviendra uniquement lorsque les données économiques le permettront, soit en juin, en septembre, ou même plus tard.»

«On accorde probablement trop d’importance à la Fed actuellement, car ses choix sont pour l’instant très limités», croit pour sa part Denis Durand, associé principal chez Jarislowsky Fraser. Il ne prévoit pas de hausse de taux avant la fin du troisième trimestre. Et celle-ci pourrait même être repoussée au début de 2016. «La Fed est consciente qu’une hausse de taux pourrait mettre en danger la croissance économique», dit-il.

Deux facteurs prêchent pour un maintien des taux au niveau actuel, soit tout près de zéro. «Il faut regarder la scène mondiale où d’autres économies devront retrouver un meilleur rythme de croissance», dit-il. De plus, la Fed devra s’assurer que sa cible d’inflation de 2% pourra être atteinte, ce qui est maintenant plus difficile à la suite de la chute du prix du pétrole. «N’ayons pas de grandes attentes, car il ne peut pas se passer grand chose avec la Fed pour l’instant», conclut Denis Durand.

 

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