Le pétrole entraîne le rouble et Vladimir Poutine dans sa chute

Publié le 21/01/2016 à 14:39

Le pétrole entraîne le rouble et Vladimir Poutine dans sa chute

Publié le 21/01/2016 à 14:39

Par AFP

La dégringolade du rouble, au plus bas jeudi face au dollar, met la pression sur le président russe Vladimir Poutine face à une crise économique qui s'annonce de plus en plus grave en raison de la déroute du marché du pétrole.

Une nouvelle année de baisse du niveau de vie des Russes est désormais à craindre, un revers pour Vladimir Poutine qui a bénéficié dans les années suivant son arrivée au pouvoir de taux de croissance spectaculaires alimentés par la manne pétrolière.

Cette prospérité a permis d'augmenter le pouvoir d'achat et de réduire la pauvreté parmi la population, après les douloureuses années 1990, assurant au président une impressionnante popularité.

Le Kremlin a réfuté un «effondrement» de la monnaie russe qui a perdu plus de 12% de sa valeur depuis le début de l'année, et renvoyé la balle dans le camp de la banque centrale. Mais sur les marchés, le mouvement s'amplifie chaque jour.

Après être passé mercredi sous son record des journées noires de décembre 2014, le rouble s'est enfoncé jeudi malgré une stabilisation en cours de journée des prix du baril de pétrole, principale source de revenus de la Russie avec le gaz.

Le dollar a bondi jusqu'à 85,99 roubles, du jamais vu depuis que les autorités russes ont retiré trois zéros à la monnaie pendant la banqueroute financière de 1998.

Dans le même temps, l'euro s'est échangé jusqu'à 93,70 roubles, la pire situation pour le rouble depuis décembre 2014 quand la barre des 100 roubles pour un euro avait été atteinte.

L'effondrement des cours du pétrole signifie que l'économie russe, également visée par des sanctions occidentales pour cause de crise ukrainienne, devrait rester en récession cette année et que le budget va manquer d'une part importante des revenus prévus.


Graphique: Le cours du rouble russe est, avec celui du dollar canadien, le plus corrélé avec le cours du pétrole. Photo: Société Générale.

«Effectivement, le cours (du rouble) change, le cours est volatil, mais ce n'est pas un effondrement», a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. «Il n'y a aucune raison de douter que la banque centrale a envisagé un plan destiné à échapper à un réel effondrement», a-t-il ajouté.

Plan anticrise

La banque centrale est restée prudente pour l'instant, expliquant mercredi que la dépréciation de la monnaie avait des raisons «objectives» et assurant que la stabilité financière n'était pas menacée. Autrement dit, pas d'intervention à attendre.

«La chute de la monnaie va causer des maux de tête pour les pouvoirs publics», ont estimé les experts du cabinet Capital Economics. «Cela remet en doute le ralentissement de l'inflation (...) et pose des risques concernant la stabilité financière».

Dans ce contexte, les turbulences monétaires risquent fort de repousser à une perspective lointaine la baisse des taux espérée par les milieux économiques, alors que le coût du crédit actuel, conséquence de l'effondrement du rouble de fin 2014, étrangle les entreprises et les ménages. Certains économistes commencent même à évoquer une hausse de taux pour enrayer la chute, lors de la prochaine réunion de la Banque de Russie le 29 janvier.

De son côté, le gouvernement s'active depuis le début de l'année pour identifier de nouvelles coupes budgétaires et sources de revenus face à la baisse de valeur du pétrole.

Jusqu'à présent concentré sur ces mesures de rigueur, il prépare désormais «un plan anticrise», a indiqué jeudi la vice-Premier ministre Olga Golodets: «Les principales mesures seront annoncées la semaine prochaine».

Rien en revanche pour lutter contre la chute de la monnaie, qui ne présente pas que des inconvénient pour les pouvoirs publics. Elle gonfle mécaniquement les rentrées budgétaires tirées des ventes d'hydrocarbures, dont le prix est fixé en dollar, et renforce la compétitivité des industries locales.

«Quand le rouble chute de 5% par jour, cela inquiète tout le monde», constate néanmoins l'économiste Anton Tabakh, de la Haute Ecole d'Economie de Moscou. «Certes, tout cela intervient dans un contexte d'effondrement mondial, auquel s'ajoutent des facteurs locaux, mais l'absence de réaction de la banque centrale et du gouvernement pose des questions», a-t-il ajouté, interrogé par l'AFP.

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