Martial Gagné voit grand pour Lunetterie New Look


Édition du 05 Avril 2014

Martial Gagné voit grand pour Lunetterie New Look


Édition du 05 Avril 2014

Par Dominique Beauchamp

Martial Gagné, président de Lunetterie New Look

La principale enseigne de l'optique au Québec, Lunetterie New Look (Tor., BCI, 17,76 $), grandit lentement dans l'ombre depuis plusieurs années. Mais voilà qu'un achat majeur dans les Maritimes, un placement privé de 25 M$, des revenus record et un bond rapide de son action attirent les regards de nouveaux actionnaires. Son président, Martial Gagné, présente sa vision d'une offensive qui fera de New Look le chef de file partout au Canada.

De nouveaux actionnaires à satisfaire et un saut de 89 % de l'action en neuf mois changent la donne pour l'entreprise habituée à l'anonymat. Malgré ces nouvelles pressions, le président Martial Gagné vise bien rester le consolidateur discipliné de l'industrie de l'optique qu'il a toujours été, tout en étant plus audacieux que par le passé.

«Le rythme est plus essoufflant qu'avant. Le bond de l'action hausse la barre, mais il reflète aussi l'achat très rentable de Vogue Optical, qui nous a permis de presque doubler notre taille», explique en entrevue celui qui, à 46 ans, est déjà un vieux routier de l'optique.

L'achat de Vogue pour 73,4 millions de dollars, l'équivalent de 60 % de sa valeur boursière au moment de l'annonce et un placement privé de 2,1 millions d'actions ont placé New Look sur l'écran radar de nouveaux investisseurs tels que les gestionnaires Mawer, K2 ou Intact, qui n'auraient pas jeté un coup d'oeil à New Look avant, étant donné le trop peu d'actions se négociant en Bourse.

«Ils ont pris une grosse bouchée avec les 65 magasins de Vogue. Pour soutenir son élan en Bourse, la société devra livrer de bonnes synergies, améliorer les revenus de Vogue, réaliser d'autres acquisitions, tout en remboursant sa dette», dit Werner Muehlemann, vice-président d'Intact Gestion de placement.

Une dizaine d'investisseurs institutionnels ont participé à l'émission d'actions de janvier. Pour l'instant, un seul courtier, Beacon Securities, a amorcé le suivi de New Look.

L'entreprise aurait pu émettre cinq fois plus d'actions étant donné l'appétit actuel pour les PME en croissance et pour les détaillants à valeur ajoutée, qui évoluent dans un créneau stable.

Des occasions à saisir

Pourquoi ce virage de croissance pour l'ex-fonds de revenu apprécié en raison de son dividende élevé ? Parce que le fer est chaud.

Des opticiens âgés ou usés par la concurrence des grandes chaînes sont plus nombreux à envisager de vendre leur cabinet.

C'était le cas de Vogue Optical, de Charlottetown : Corey, l'un des fils des fondateurs Wayne et Doreen Gray, ne souhaitait plus suivre les traces de ses parents. «Nous les connaissions depuis longtemps. L'occasion de les acquérir s'est présentée et nous l'avons saisie», raconte cet adepte d'arts martiaux.

Le virage de New Look a aussi trouvé son origine dans l'embauche, en 2012, du globe-trotter Antoine Amiel, à titre de vice-président du conseil. Son mandat : donner un nouvel élan à la stratégie de consolidation, au moment où la conjoncture lui était favorable.

Malgré ses 44 ans, M. Amiel est aussi un vétéran de 20 ans de l'optique. Il a dirigé les finances et la mise en marché des cinq filiales internationales du fabricant japonais de lentilles Nikon-Essilor, à Tokyo, à Londres et à Montréal, pendant 13 ans.

«Je suis content d'être en tandem avec lui. Il apporte ses connaissances et une belle énergie. On se challenge l'un et l'autre pour prendre les meilleures décisions», confie M. Gagné, au bureau chef de Montréal.

Leur mentor, John Bennett, le financier de 68 ans derrière New Look depuis 1993, juge que les forces des deux hommes se complètent bien.

«M. Gagné a beaucoup de boulot avec la gestion quotidienne des magasins. M. Amiel peut quant à lui s'occuper des acquisitions comme il l'a fait avec Vogue et amener l'entreprise à un autre niveau», dit l'ex-courtier de Scotia McLeod, qui a lancé la banque d'affaires Benvest Capital en 1991.

M. Bennett se dit disposé à voir son actionnariat de 38 % diminuer davantage si New Look devait émettre d'autres actions afin de financer de futurs achats majeurs, à l'instar de Vogue.

«Si MM. Gagné et Amiel présentent au conseil d'autres aussi bonnes transactions, je n'ai pas d'objection à ce que mon bloc soit dilué de nouveau.»

Autre astre favorable aux acquisitions de plus grande envergure : les faibles taux d'intérêt ont rendu l'emprunt abordable, au moment où New Look avait épuisé les pertes fiscales accumulées de 48 millions de dollars de Sonomax santé auditive, acquise en 2010.

Pour régler la transaction de Vogue, New Look a conclu un financement total de 75 M$, dont un prêt de 15 M$ du Fonds de solidarité FTQ.

Les frais d'intérêt étant une dépense déductible du revenu imposable, emprunter pour avaler des cabinets d'optique rentables est efficace sur le plan fiscal, explique M. Amiel, détenteur d'une maîtrise en financement des entreprises de l'Université Paris-Dauphine IX.

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