Monnaie: les pays émergents contre-attaquent

Publié le 29/01/2014 à 16:08

Monnaie: les pays émergents contre-attaquent

Publié le 29/01/2014 à 16:08

Par AFP

Les turbulences financières sur les pays émergents se sont poursuivies mercredi malgré la contre-attaque de plusieurs banques centrales et pourraient même s'aggraver avec la décision de la Réserve fédérale américaine de resserrer davantage sa politique monétaire.

A l'issue d'une réunion de deux jours, la Fed a décidé de continuer à réduire la voilure sur son soutien à l'économie américaine en limitant ses injections de liquidités, au risque d'accélérer les mouvements de capitaux qui déstabilisent le globe depuis le printemps dernier.

Les investisseurs s'étaient alors massivement désengagés des pays émergents où ils s'étaient enagagés pour obtenir des rendements plus élevés et absorber les excès de liquidités injectées par la Fed. Ces reflux de capitaux désordonnés ont nourri une forte volatilité et fait chuter les monnaies brésilienne ou indienne. Cette tendance s'est encore intensifiée ces derniers jours avec les plongeons du rand sud-africain ou de la livre turque.

Mise au banc des accusés, la Fed n'en a toutefois fait aucune mention dans son communiqué mercredi. Ces turbulences "semblent avoir échappé à l'attention de la Fed", a ironisé Chris Low, analyste chez Capital Market. Son collègue Omer Esiner, de Comfex, y voit surtout le signe que la Réserve fédérale ne craint pas de "contagion" sur l'économie des pays riches.

Sans attendre la décision de la Fed, les banques centrales des pays émergents étaient, elles, passées à l'action afin d'enrayer la dégringolade des monnaies et la fuite des capitaux. Mais leur contre-attaque n'a rencontré qu'un succès limité.

A l'issue d'une réunion d'urgence, la banque centrale turque avait annoncé mardi soir, contre l'avis du gouvernement, une très forte augmentation de ses principaux taux directeurs (de 4,4 à 10% pour son taux hebdomadaire) pour retenir les capitaux étrangers et freiner la chute continue de la livre face au dollar et à l'euro.

Une "gigantesque et audacieuse hausse de taux", comme l'a observé Anita Paluch, analyste chez Varengold, qui "a permis de calmer un peu les inquiétudes et diminué la demande pour les actifs jugés les plus sûrs", comme le dollar et le yen.

La banque centrale d'Afrique du Sud a agi à son tour mercredi, en relevant ses taux d'intérêt - dans des proportions moindres puisque son taux de base est passé de 5 à 5,5%.

Avec ces décisions, la Turquie et l'Afrique du sud ont emboîté le pas à l'Argentine, l'Inde, ou encore à la Russie, qui ont ces derniers jours sorti les armes monétaires lourdes (contrôles sur l'achat de devises, hausses de taux ou injections de liquidités...).

 

Répit de courte durée

Le répit aura toutefois été de courte durée. La livre turque a effacé à la mi-journée la totalité du rebond provoqué par la hausse des taux avant de se reprendre légèrement tandis que le rouble touchait son plus bas historique face à l'euro. Le rand a lui aussi plongé à la mi-journée face au dollar.

"Il est peu probable que ces actions aient un impact à long terme" car elles ne s'attaquent pas aux problèmes fondamentaux qui pénalisent leurs économies, a prévenu Kathleen Brooks, analyste chez Forex.com.

Beaucoup de ces pays restent dans l'ensemble plombés par un cocktail alliant déficits de leurs comptes courants et des difficultés à se financer.

Certains comme la Turquie, affectée par un scandale de corruption, ou l'Ukraine, en proie à des manifestations de masse, sont en outre plombés par une instabilité politique et sociale qui risque de rebuter davantage les investisseurs.

"Le fait que les monnaies aient continué de faiblir, y compris dans les pays qui ont commencé à remonter leurs taux d'intérêt, ouvre une nouvelle phase potentiellement plus inquiétante des tensions sur les marchés financiers", estiment les experts de Capital Economics.

Tentant de calmer le jeu, le Fonds monétaire international a récusé mardi tout mouvement de "panique" tout en appelant fermement les pays à lutter contre l'inflation.

Le représentant brésilien au FMI, Paulo Nogueira Batista, s'est montré plus pressant, assurant que le "feu orange était en train de clignoter".

Mais il a toutefois relevé un point positif pour les émergents: la chute de leur monnaie pourrait "améliorer" la compétitivité de leurs exportations, a-t-il déclaré à l'agence Dow Jones Newswires.

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