Lendemain de veille pour l'économie américaine en 2019?

Publié le 12/12/2018 à 07:03

Lendemain de veille pour l'économie américaine en 2019?

Publié le 12/12/2018 à 07:03

Par AFP

L'année 2019 aura-t-elle des allures de lendemains de fête pour la première économie du monde? Un rapide tour d'horizon donne pourtant une image des États-Unis au meilleur de leur forme.

La croissance va s'établir autour de 3% en 2018 --la meilleure performance depuis la crise financière il y a 10 ans-- grâce en particulier à des baisses d'impôts massives offertes par Donald Trump. Le pays connaît le plein emploi avec un taux de chômage inférieur à 4% et les prix restent sages.

Mais cette «économie Boucle d'or», ni trop chaude ni trop froide, commence à montrer des fragilités et 2019 vient avec son lot d'incertitudes.

Le commerce avec le grand partenaire chinois, lui en proie à un ralentissement avec une croissance de seulement 6,2% l'année prochaine, selon le FMI, les taux d'intérêt, et, de l'autre côté de l'Atlantique, les secousses du Brexit, les protestations des gilets jaunes et l'Italie constituent autant d'alarmes qui pourraient sonner la fin de la fête.

Trump, chef de guerre commerciale

Les hostilités commerciales déclenchées tous azimuts par Donald Trump dès son arrivée à la Maison Blanche font courir un risque réel à la croissance américaine mais pas seulement. Le PIB mondial pourrait être réduit de 0,75% en raison de l'accroissement des tensions commerciales, a récemment estimé le FMI.

Washington a déclenché la guerre depuis des mois à coup de taxes pour équilibrer les échanges et surtout changer les pratiques de Pékin, qu'il accuse de vols de brevets, de transferts forcés de technologies, d'espionnage industriel, etc.

La trêve concédée pour 90 jours entre Pékin et Washington ne convainc pas et l'impact sur l'économie est réel sans que le déficit commercial --l'aune à laquelle Donald Trump jauge le succès de sa politique-- ne se résorbe.

«La bataille commerciale n'ajoute rien à la croissance, pour l'instant et il n'est pas sûr qu'elle le fasse à plus long terme», doute Joel Naroff, économiste indépendant.

«De toute évidence, les Chinois cherchent à diversifier leurs chaînes d'approvisionnement pour limiter leur dépendance vis-à-vis des États-Unis et à ouvrir d'autres marchés pour leurs produits», ajoute-t-il. L'effet négatif pourrait donc être durable pour les États-Unis.

Sur le terrain, une entreprise américaine comme MedSourceLabs, qui traite avec la Chine pour fabriquer des équipements médicaux, illustre ces craintes: «l'incertitude commence à se sentir dans nos relations au jour le jour avec nos fournisseurs» chinois, a indiqué son PDG Todd Fagley, à l'AFP.

«Notre crainte est que le remède soit pire que le mal», lance pour sa part Jake Colvin, vice-président du National Foreign Trade Council, le lobby des exportateurs.

General Motors comme Ford ont déjà prévenu que les tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium leurs coûteraient au moins un milliard de dollars cette année à un moment où le cycle de ventes auto semble avoir atteint son apogée.

Les agriculteurs du Midwest sont eux aussi durement touchés et ils sont obligés de casser les prix ou de stocker leurs récoltes de soja notamment, qui avant les hostilités étaient vendues en Chine.

Fragilités internes

Les prévisionnistes tablent donc sur un ralentissement de la croissance l'année prochaine: Goldman Sachs Research envisage une croissance de 2,5%, similaire à la prévision de la Banque centrale pour l'instant. Oxford Economics ne table plus que sur 2% fin 2019.

L'administration Trump continue d'assurer qu'un rythme égal ou supérieur à 3% est dans le viseur.

Globalement, l'économie américaine ne pourra pas rester immunisée contre l'affaiblissement de la croissance mondiale, déjà signalé par le FMI.

Même Jerome Powell, le patron de la toute puissante Banque centrale américaine (Fed) a commencé fin novembre à semer des doutes sur l'allure de l'économie et le rythme du renchérissement du crédit.

La Fed, dont on attend a priori encore une légère hausse de taux le 19 décembre, pourrait signaler ce même jour qu'elle va ralentir les tours de vis monétaires l'année prochaine.

Le marché immobilier américain flanche déjà, sous l'effet des huit hausses de taux depuis fin 2015, qui ont porté le coût des crédits immobiliers autour de 5%, du jamais-vu depuis dix ans.

Les consommateurs --70% de l'économie américaine-- ont le moral au zénith mais face à la chute de Wall Street, où l'indice Dow Jones a effacé ses gains de l'année en quelques semaines.

Le lourd endettement des entreprises mais aussi le déficit fédéral sont aussi des facteurs de risque.

Pour autant, Christine Lagarde, la patronne du FMI a récemment estimé qu'il n'y a «pas les éléments d'une récession à court terme».

Mais en cette fin d'année, investisseurs et économistes guettent l'«inversion» de la courbe des taux d'intérêt, lorsque le taux d'intérêt de la dette à deux ans devient plus élevé que le taux à long terme.

Historiquement, ce phénomène a précédé de quelques trimestres la plupart des récessions américaines depuis 1950.

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