Bonne nouvelle pour le Plan Nord. Après une véritable descente aux enfers, le minerai de fer montre enfin des signes de redressement. À 55 $ US la tonne, le métal est en rebond de près de 60 % sur son creux de la fin de décembre 2015. L'élan peut-il se poursuivre ?
Le rebond du minerai a été particulièrement marqué la semaine dernière, alors qu'en une seule journée, le 7 mars, le prix du fer a bondi de 19 %.
La Chine est au coeur de la stabilisation et des nouveaux espoirs du secteur. Alors que des doutes courent depuis plusieurs mois sur la capacité du pays à maintenir une bonne croissance économique, les dirigeants chinois ont dévoilé, il y a quelques jours, un plan de croissance pour l'année 2016 qui vise à faire progresser le PIB réel dans une fourchette de 6,5 à 7 %.
«À l'intérieur de ce plan, il y a un engagement à construire plus de logements dans les grandes villes afin de combattre une hausse rampante des loyers. Il y a aussi pour 160 milliards de dollars canadiens en construction ferroviaire et pour 350 G$ CA en construction routière. C'est probablement ce qui excite un certain nombre de négociants», explique Jeremy Sussman, de Clarkson Platou Securities.
«Il y a aussi le fait que, plus tôt cette année, une mauvaise météo a nui à la production en Australie, au Brésil, de même qu'en Chine. Nous croyons que c'est ce qui explique la première hausse, du creux de 40 $ US la tonne jusque dans la cinquantaine de dollars», soutient de son côté Jessica Fung, de BMO Marchés des capitaux.
Dans la foulée du rebond du prix du fer, les titres des producteurs de minerai, dont Labrador Iron Ore (LIF, 11,74 $) qui a notamment une participation de 15 % dans la société Iron Ore, ont progressé en Bourse.
Beaucoup d'analystes estiment cependant que l'élan n'est probablement que temporaire.
«Les stocks s'accumulent. N'oublions pas que deux projets importants entreront en production d'ici 12 mois. Roy Hill, en Australie, ajoutera 55 millions de tonnes [Mt] par année, et S11D, de Vale, au Brésil, en ajoutera 90 millions», dit Leonardo Correa, de BTG Pactual.
L'analyste précise que la production de plusieurs mines avait dernièrement été interrompue, mais qu'elle pourrait bientôt reprendre. «Nous estimons que 200 Mt ont été retirées en Chine et plus de 100 Mt à l'extérieur de la Chine, mais qu'une partie de cette production redevient économique aux prix actuels», dit-il.
«Si la demande n'augmente pas bientôt, les stocks de minerai de fer dans les ports chinois pourraient bien s'accroître à des niveaux qui n'ont pas été observés depuis 2014 sur une période de quelques mois», renchérit Jeremy Sussman.
