Le prix du pétrole complique les décisions de la Banque du Canada

Publié le 04/12/2014 à 13:43

Le prix du pétrole complique les décisions de la Banque du Canada

Publié le 04/12/2014 à 13:43

Par Jean Gagnon

Personne n’en doute plus, la chute du prix du pétrole change la donne pour plusieurs décideurs. Et la Banque du Canada (BdC) n’y échappe pas.

Alors que le mois dernier certains économistes suggéraient que la BdC pourrait fort bien hausser le taux directeur dès le mois de mai prochain, il semble plutôt maintenant que cette première hausse depuis plusieurs années soit repoussée jusqu’au dernier trimestre de 2015, croit Paul-André Pinsonnault, économiste principal à la Financière Banque Nationale. Cela aura de quoi refroidir ceux qui prévoient la déroute du marché obligataire durant la prochaine année.

Tout en annonçant hier qu’elle maintenait son taux de financement à 1 %, la BdC dit que l’économie canadienne donne des signes d’une généralisation de la reprise parce que le raffermissement des exportations commence à se refléter dans l’augmentation des investissements et de l’emploi, explique M. Pinsonnault. La BdC note également que le taux d’inflation a dépassé sa cible de 2 %, et que l’écart de production, c’est-à-dire la production en fonction des capacités de production de l’économie, semble être plus petit qu’elle l’avait estimé dans le Rapport de la politique monétaire d’octobre. Enfin, la banque centrale dit aussi que les déséquilibres dans le secteur des ménages font maintenant peser un risque important sur la stabilité financière.

Ce sont tous là des facteurs qui laissent croire que la BdC voudra hausser les taux plus tôt que tard. Mais c’est sans compter la chute du prix du pétrole. « Au Canada, la baisse du prix du pétrole aura un impact sur l’inflation qui diminuera et sur l’économie où des projets liés au pétrole pourraient être mis en veilleuse », dit l’économiste de la Financière. La baisse du prix du pétrole, grâce aux économies qui en découlent, aidera également à assainir le bilan des ménages. Dans un tel contexte, plus besoin de hausser les taux d’intérêt.

À lire: La Banque du Canada ne signale pas l'urgence de relever les taux

À l’échelle mondiale, la baisse du prix du pétrole change également la donne. Il s’agit d’une importante source d’inquiétude pour les banques centrales, car elle modifie les perspectives d’inflation au moment même où on s’approche dangereusement de la déflation. Au sortir de la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) ce matin, le président Mario Draghi indiquait que l’organisme se prépare activement à la mise en place de mesures d’assouplissement quantitatif additionnelles en début d’année.

La situation internationale rend moins probable la hausse des taux aux États-Unis durant le premier semestre de 2015, croit Guy Liébart, président de Gestion Sodagep. « Il serait étonnant qu’ils haussent leur taux alors que leurs principaux partenaires économiques font l’inverse », dit-il.

Chose certaine, on ne voit toujours pas de pression à la hausse sur les taux obligataires. Les taux des obligations à long terme du gouvernement du Canada se maintiennent autour de 2,5 %. « Et les acheteurs continuent d’être nombreux pour acheter toutes les nouvelles émissions qui sont offertes sur le marché », dit M. Liébart. Compte tenu que les taux sont si bas, il sera difficile de générer de bons rendements avec les obligations en 2015, selon lui. Mais en même temps, il est peu probable que le marché obligataire se retrouve en déroute à cause d’une hausse des taux durant la prochaine année.

 

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