Le baptême de feu du PDG de la nouvelle IPL


Édition du 08 Septembre 2018

Le baptême de feu du PDG de la nouvelle IPL


Édition du 08 Septembre 2018

Par Dominique Beauchamp

« Ma priorité est de dégager de la valeur de nos investissements considérables », dit Alan Walsh, chef de la direction d’IPL.

Le PDG de Plastiques IPL (IPLP, 12,24 $), revenue en Bourse le 28 juin, mène tout un combat depuis le début juin.

Outre l'habituelle tournée épuisante pour promouvoir l'appel public à l'épargne, l'Irlandais Alan Walsh a eu à composer avec le bond spectaculaire des prix de la résine qui frappe toute l'industrie, obligeant le fabricant de contenants de plastique rigide à émettre ses actions au bas de la fourchette prévue.

Aujourd'hui, l'ascension des prix du polypropylène et du polyéthylène, entre autres, jette de l'ombre sur ses premiers pas en Bourse.

Émise à 13,50 $, l'action d'IPL a perdu 9,3 % depuis.

« Je n'ai jamais observé de hausses aussi rapides de cette ampleur en carrière », admet M. Walsh en entrevue, en faisant référence à l'augmentation de 13 % des cours de la résine et à celle de 20 % des frais de logistique et de transport, au premier semestre.

Alors que le dirigeant assurait aux investisseurs que sa société était résistante aux aléas économiques - grâce à son portefeuille diversifié de produits pour des industries assez stables -, voilà que le fabricant doit maintenant expliquer pourquoi ses marges brutes ont fondu de 4 % à 17,4 % au deuxième trimestre par rapport à l'an dernier. C'est l'envers de la médaille du fort bond de 12,4 % des ventes affiché au deuxième trimestre, sans l'effet des prix.

Le grand patron se retrouve à décrire aux analystes comment il entend contrer cette hausse soudaine des coûts, au lieu de faire valoir le potentiel de ses ambitieux plans d'expansion.

M. Walsh s'attend à ce que les prix de la résine se stabilisent au deuxième semestre, à moins que des ouragans violents ne perturbent à nouveau l'industrie pétrochimique.

Dans l'intervalle, IPL « augmente les prix contractuels où c'est possible de le faire et tente de renégocier les autres », dit-il.

Déjà, en juin et juillet, la moitié de la hausse du prix du polypropylène a été transmise aux clients.

Principaux actionnaires

28,0 % Caisse de dépôt de placement du Québec
10,4 % Van Berkom & Associés
6,0 % Fonds de solidarité FTQ

Pour tout nouveau client, IPL essaie d'insérer une clause d'indexation aux frais de transport dans les nouveaux contrats américains.

Le fabricant regroupe aussi des entrepôts, optimise l'itinéraire de l'expédition et implante un nouveau système de gestion logistique pour réduire ses dépenses.

La majorité des analystes consultés sont optimistes à l'effet qu'IPL pourra graduellement refiler aux clients une bonne part des coûts supplémentaires, mais cette conjoncture ajoute de nouveaux défis aux promesses de croissance élevée qu'IPL doit déjà satisfaire.

Retour en Bourse : une évolution naturelle

Forte de 14 usines, 2 400 employés et 5 300 clients, la nouvelle IPL est revenue en Bourse pour accélérer sa croissance, même si elle n'avait pas besoin de capitaux. Le retour en Bourse a d'abord facilité le regroupement et la simplification administrative des deux sociétés exploitantes, en Irlande et à Saint-Damien- de-Buckland, dans la région de Chaudière-Appalaches.

« Le remboursement de dettes de 105 millions de dollars américains nous donne la flexibilité de réaliser de nouvelles acquisitions stratégiques plus rapidement que nous ne l'aurions pu autrement », indique M Walsh.

L'achat, en juin 2017, de Macro Plastics, par exemple - un fabricant de contenants réutilisables pour la manutention dans les industries agricole et automobile -, a fourni une « troisième jambe stratégique » à IPL.

Ce créneau croît non seulement plus vite que les deux autres, mais la capacité des six machines de Macro Plastics, au Kentucky, sans égale en Amérique du Nord, lui procure un solide avantage concurrentiel, explique M. Walsh.

Les fermiers se servent des bacs de manutention pour leurs pommes, oranges, raisins et noix, tandis que le distributeur Chep, par exemple, utilise ses boîtes pliables pour la logistique des pièces automobiles de Ford Motor en Europe depuis décembre 2017.

Ce premier client devrait mener à d'autres contrats dans d'autres marchés de Ford et de la part d'autres constructeurs automobiles, espère le dirigeant.

Signe que les fermiers troquent de plus en plus les boîtes en bois et en carton contre les bacs en plastique, plus hygiéniques, le carnet de commandes atteint un record.

Des investissements importants

Un programme d'investissement de 240 M$ US dans huit usines, entre 2016 et 2021, devrait propulser ses revenus de 35 % à 775 M$ US d'ici 2021. Le bénéfice d'exploitation ajusté devrait suivre le mouvement.

Cette croissance rapide « pendant que le fer est chaud » coûte cher puisque IPL réinvestit tous ses flux de trésorerie dans ses usines pour rester « première de classe », a révélé celui qui était chef des finances avant d'être promu PDG en 2011.

Les nouvelles presses du fabricant, dont celles d'Edmonton, impriment par un procédé de thermostatique tout l'aspect graphique des contenants des produits tels que yogourts, crème glacée ou sorbets.

« Ce procédé offre beaucoup de potentiel de croissance », assure M Walsh.

Scott Fromson, de Marchés mondiaux CIBC, résume bien le portrait pour les investisseurs. L'année 2018 constitue une période de transition pour IPL, alors que son plan de dépenses atteint une pointe. « L'an prochain devrait donner un meilleur aperçu du potentiel à long terme pour la société de générer des flux de trésorerie », écrit-il.

Des cibles repérées

Les acquisitions complètent le tableau, mais M. Walsh promet qu'il restera aussi sélectif et discipliné que dans le passé.

Le comptable de formation essaie d'éviter les mises aux enchères où IPL pourrait se buter aux riches fonds d'investissement privés.

« Nous avons repéré des occasions intéressantes dans nos trois segments, mais il est impossible de dire quand elles pourraient aboutir », souligne-t-il.

Des acquisitions ajouteraient à la croissance annuelle promise de 6 % à 8 % des revenus et de 6 % à 9 % du bénéfice d'exploitation, selon les prévisions de la société.

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