Les prochains mois devraient se traduire par une reprise économique en U graduel, estime le rédacteur en chef de la revue The Economist, John Micklethwait.

L’économie reprendra du poil de la bête, mais cette reprise ne sera pas rapide et forte, ou en forme de V, car des problèmes structuraux majeurs demeureront: le chômage et l’endettement, a expliqué M. Micklethwait, de passage à Montréal hier pour une conférence organisée par HEC et le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

« La reprise est sans emplois. Cette année, dans les pays de l’OCDE, 25 millions de gens seront au chômage et beaucoup de ces emplois ne reviendront pas. Quant aux dettes accumulées par les entreprises, elles agiront comme un frein ».

Selon lui, le grand défi pour les gouvernements sera de choisir le moment approprié pour passer de la lutte à la déflation à la lutte à l’inflation. « Si elles passent de l’un à l’autre au mauvais moment, on risque de se retrouver avec une récession en forme de W », prévient-il.

M. Micklethwait craint également que le mouvement anti-capitaliste qui résulte de la crise n’incite les gouvernements à trop réglementer les finances et l’économie. « Il ne faudrait pas tomber dans ce piège. Rappelons-nous que les 25 dernières années (de libéralisation) ont été très positives pour le monde, notamment dans les pays en émergence oû la pauvreté a été réduite ».

De plus, selon lui, on a tort de blâmer la dérèglementation pour la crise financière. Elle n’a pas joué un rôle central dans cette crise. Au contraire, c’est l’intervention de l’état aux États-Unis qui a amené les gens à acheter des maisons qu’ils ne pouvaient pas se payer » rappelle-t-il.

John Micklethwait vient de publier un nouvel ouvrage intitulé « God is Back » dans lequel il témoigne du renouveau religieux à travers le monde et ses impacts sur la politique et l’économie.

The Economist est probablement la plus prestigieuse revue d’économie et de politique dans le monde occidental. Les ventes et les profits de ce magazine hebdomadaire sont en progression, contrairement à bien d’autres médias écrits qui souffrent de la montée des médias numériques.