La Fed doit-elle agir maintenant?

Publié le 15/10/2015 à 11:35

La Fed doit-elle agir maintenant?

Publié le 15/10/2015 à 11:35

Par Jean Gagnon

La présidente de la Fed, Janet Yellen. (Photo: Bloomberg)

On assiste présentement à un tollé de critiques de la part de plusieurs ténors de la scène économique et financière américaine qui demandent à la Réserve fédérale américaine (Fed) de cesser de cultiver l’incertitude et de hausser les taux d’intérêt. Doit-elle céder aux pressions ?

En 2013, on parlait déjà que le moment était venu d’entreprendre une normalisation de la politique monétaire américaine. Cela signifiait que l’on allait commencer sous peu à abandonner la stratégie des taux d’intérêt à zéro, mise en place à la suite de la crise financière.

Deux ans plus tard, les taux d’intérêt sont toujours à zéro. Mais contrairement à l’approbation que recevait la Fed chaque fois qu’elle décidait de maintenir les taux à zéro, c’est maintenant plutôt la grogne qu’elle suscite chez plusieurs chroniqueurs et participants aux marchés depuis qu’elle a une fois de plus décidé de passer son tour en septembre.

L’ex-président de la Réserve fédérale de Dallas, Richard Fisher, aujourd’hui un des commentateurs de la scène financière les plus écoutés aux États-Unis, s’est joint aux critiques de la Fed et lui demande de commencer à hausser les taux maintenant. «L’incertitude est l’ennemi numéro un de la prise de décision, nous savons tous cela. Prenons une décision et passons à l’action», disait-il lors d’une entrevue sur CNBC en début de semaine.

Réunis à Lima, au Pérou, pour une rencontre du Fonds monétaire international (FMI), plusieurs banquiers centraux ont exprimé l’opinion qu’ils préfèreraient l’effet possiblement négatif d’une hausse de taux que d’avoir à subir plus longtemps l’incertitude que cause l’indécision de la Fed.

Cette indécision de la Fed est palpable sur les marchés boursiers, souligne Benoit Brillon, Chef des placements, Gestion de portefeuille Landry. «Pour que les gestionnaires puissent vraiment prendre part à des actions sur les marchés, ils doivent être capables d’établir des prévisions sur un horizon de 2 à 3 ans. Pour l’instant, ils sont incapables de voir plus loin que six mois devant, compte tenu de l’incertitude quant aux actions de la Fed», dit-il.

Charles Plosser, qui était jusqu’à récemment le président de la Réserve fédérale de Philadelphie, a critiqué ouvertement la Fed en début de semaine sur la formulation du communiqué qu’elle émet après chacune de ses rencontres. «La Fed doit cesser d’utiliser son communiqué pour tenter de bâtir un consensus autour de sa décision, car le résultat est plutôt de créer beaucoup de confusion sur les marchés financiers», disait-il lors d’une rencontre à la National Association for Business Economics conference.

«Vague ou non, indécise ou pas, la Fed n’est pas là pour faire plaisir à tout le monde, mais plutôt pour appliquer une politique monétaire appropriée aux conditions économiques», rétorque Francis Généreux, Économiste principal, Desjardins, aux détracteurs de la Fed.

Le problème est qu’il y a présentement suffisamment d’arguments pour inciter la Fed à repousser une première hausse de taux à l’an prochain, selon lui. L’économie américaine était probablement prête à absorber une hausse de taux en septembre, mais la situation internationale constituait un gros point d’interrogation et a freiné l’ardeur de la banque centrale américaine, selon l’économiste.

Pour compliquer un peu plus la décision de la Fed d’ici la fin de l’année, voilà que certains indicateurs économiques américains, ont commencé à faiblir. Entre autres l’emploi, mais aussi l’ISM manufacturier qui recule depuis quelques mois et qui se rapproche du niveau de 50. «Rarement a-t-on vu la Fed monter les taux alors que l’ISM est à 50», souligne Francis Généreux.

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