La crise financière, prise deux

Publié le 20/09/2011 à 15:14

La crise financière, prise deux

Publié le 20/09/2011 à 15:14

Le monde risque d'assister à une reprise de la crise financière de 2007 et 2008 et de la panique boursière qui a suivi, selon Jeffry A. Frieden, professeur de sciences politiques à l'Université Harvard.

En effet, plusieurs des causes sous-jacentes de la crise sont toujours présentes. « On a toujours des injections massives de capitaux aux États-Unis, il y a toujours la possibilité qu'une banque fasse de mauvais prêts et, de manière plus importante, le laxisme réglementaire qui a contribué à la crise est à risque de ressurgir », a-t-il indiqué, en marge d'une conférence organisée par le centre interuniversitaire de recherche Cirano, vendredi dernier.

Ainsi, la dernière crise financière était en fait une crise du crédit typique : une injection de capitaux massive dans le pays de l'Oncle Sam a amené les banques à prêter davantage, même à ceux qui étaient peu solvables. Cette augmentation du nombre de prêts de mauvaise qualité, qui ont par la suite été titrisés et injectés dans le système financier, a engendré la crise financière.

Alors que les politiciens devraient s'attaquer à cette déréglementation qui était à l'origine, Jeffry A. Frieden déplore un immobilisme à Washington. « La grogne populaire est diffuse alors que les Républicains sont solidement unis contre la réglementation », a-t-il observé.

Solutions durables

De manière à éviter une reprise de la crise financière et le coûteux sauvetage de plusieurs institutions financières, plusieurs intervenants à la conférence du Cirano ont proposé des solutions.

Les décideurs doivent mettre en place des conditions favorables aux marchés des devises et des produits dérivés, d'après Robert Amzallag, fellow invité de Cirano et ancien chef de la direction de BNP Paribas-Canada. Par exemple, le marché des dérivés de gré à gré affichait, en 2010, une circulation nominale de 600 billions de dollars US, selon la Banque des règlements internationaux. Le marché des devises enregistrait quant à lui des négociations quotidiennes de 3,9 billions de dollars US. Ces deux marchés sont « des monstres trop gros pour faire faillite », selon lui.

« C'est comme conduire une moto Harley Davidson. Il ne faut pas la laisser trop pencher, donc il faut intervenir vite s'il y a un problème. Il faut essayer de rouler sur une route qui est plate, donc éviter tous les excès comme le déficit américain, la dette extérieure américaine, le surplus de la Chine ou le soutient à la Grèce qui prend des proportions énormes. Et il faut maintenir en bon état tous les acteurs de ces marchés, soit les grandes banques, de manière à ce qu'ils aient confiance les unes envers les autres. Si vous ne faites pas ces trois choses-là, vous allez avoir des problèmes », a déclaré Robert Amzallag, en marge de la conférence.

Pour éviter une crise, on devrait carrément abolir la titrisation, selon Mario Seccareccia, professeur titulaire au département de science économique à l'Université d'Ottawa. Cette technique qui consiste à regrouper des créances sous forme de titres négociables sur le marché des capitaux est une façon de se départir d'actifs risqués tout en générant des revenus de transaction. La titrisation les amène à se déresponsabiliser des prêts consentis et les incite à prendre de l'ampleur jusqu'à devenir trop grosses pour faire faillite.

Cette position a déplu à plusieurs intervenants, qui jettent plutôt la faute sur les agences de notation qui ont mal évalué le risque des actifs titrisés. « Je ne pense pas que le problème était la titrisation, mais plutôt la manière dont ces produits étaient vendus et le rôle des agences de notations », a soutenu Mario Albert, président-directeur général de l'Autorité des marchés financiers.

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