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La grave crise que traverse Banco Espirito Santo (BES) a pris une dimension internationale, après des révélations sur des retards de paiements d'une des sociétés du groupe portugais qui n'a pas honoré des échéances de titre de dette détenus par des clients en Suisse.
La sanction des marchés a été immédiate: le titre de la BES a poursuivi sa chute vertigineuse à la Bourse de Lisbonne, et l'agence d'évaluation financière Moody's a enfoncé la note de son principal actionnaire, Espirito Santo Financial Group (ESFG), plus loin en catégorie «spéculative», à Caa2.
Les craintes sur le secteur bancaire du Portugal ont contribué à faire grimper le taux d'emprunt à dix ans du pays sur le marché obligataire. Le rendement a progressé à 3,771% contre 3,648% mardi, après avoir grimpé jusqu'à 3,908%.
L'action de la BES, première banque cotée du pays, a plongé de 4,65% à 0,61 euro à la clôture mercredi après avoir dégringolé de 10,70% dans la matinée, dans un marché en baisse de 2,13%. Le holding ESFG a dévissé de 10,96% à 1,30 euro.
Plongée dans la tourmente depuis la découverte d'irrégularités comptables dans le holding familiale du groupe, Espirito Santo International (ESI), la BES a vu son titre chuter de 30% après l'annonce le 20 juin du départ de son PDG Ricardo Salgado.
La perspective de l'arrivée prochaine d'une nouvelle équipe à la tête de la BES, qui sera emmenée par l'économiste Vitor Bento, n'aura pas suffi à calmer les esprits, même si elle a été bien accueillie par les marchés.
Les déboires d'ESI, lourdement endetté, ont suscité mercredi de nouvelles inquiétudes: selon une source proche du groupe, le holding n'a pas remboursé à temps des échéances de titres de dette à court terme détenus par plusieurs clients de Banque Privée Espirito Santo Suisse.
«Il y a eu un retard dans le paiement de titres de dette à 30 jours de la part d'ESI, qui n'a toujours pas été effectué», a indiqué cette source à l'AFP.
Dans un communiqué, Banque Privée Espirito Santo a promis de «prendre toutes les mesures à sa portée pour sauvegarder les intérêts de ses clients qui ont une exposition à ESI».
Restructuration de la dette
Le groupe s'apprête à dévoiler un plan de restructuration de la dette d'ESI, évaluée par le presse portugaise à plus de 7 milliards d'euros. A priori, l'ESI souhaite négocier un allongement des maturités. «Il n'y aura pas de décote» pour les créanciers, a-t-on assuré au sein du groupe.
En grande difficulté financière, ESI détient 49% de Espirito Santo Financial Group, premier actionnaire de la BES avec 25%. L'autre actionnaire historique de la BES, le français Crédit Agricole, a profité d'une récente augmentation du capital pour réduire sa participation de 20,1% à moins de 15%.
Dénonçant «l'opacité» régnant au sein de la structure du groupe Espirito Santo, Moody's a dégradé mercredi de trois crans, de B2 à Caa2, la note de la dette à long terme d'ESFG, en raison de son exposition aux dettes d'ESI et de la holding non financière Rioforte.
Selon son communiqué, «les inquiétudes de Moody's concernant la crédibilité d'ESFG se sont aggravées en raison du manque de transparence entourant la situation financière du groupe Espirito Santo et la complexité des liens en son sein».
Autre groupe particulièrement exposé à la dette du groupe Espirito Santo, Portugal Telecom a vu son titre chuter depuis deux semaines. Mercredi, il s'est effondré de 5,53% à 2,00 euros.
Les turbulences au sein du groupe Espirito Santo ont contribué à crisper les relations entre Portugal Telecom et le brésilien Oi, dont la fusion doit être finalisée à l'automne. Oi reproche à Portugal Telecom de lui avoir caché l'acquisition récente de titres de dette de 900 millions d'euros du holding Rioforte.
