La Banque du Japon reconduit sa politique ultra-accomodante

Publié le 08/04/2014 à 07:47

La Banque du Japon reconduit sa politique ultra-accomodante

Publié le 08/04/2014 à 07:47

Par AFP

Photo: Bloomberg

La Banque centrale du Japon (BoJ) a reconduit mardi sa politique monétaire ultra-accommodante, quelques jours après une hausse de la taxe sur la consommation qui pourrait affecter la reprise et accroître les doutes sur les « Abenomics ». Le cas échéant, la BoJ se dit prête à intervenir.

Les neuf membres du comité de politique monétaire ont décidé à l'unanimité de conserver le même rythme d'achat de titres financiers (obligations d'Etat notamment) dans le but de doubler la masse monétaire en deux ans et d'atteindre si possible dans le même temps un objectif d'inflation de 2%.

« L'économie nippone continue de se reprendre à un rythme modéré, même si elle est un peu affectée par un contre-coup après la hausse le 1er avril de la taxe sur la consommation », a déclaré lors d'un point de presse le gouverneur de la BoJ, Haruhiko Kuroda. Selon lui, « les effets devraient être visibles au cours des mois d'avril à juin mais tendre à disparaître ensuite, car la situation de l'emploi notamment s'améliore ».

Cet équivalent de la TVA française est passé de 5% à 8%, une hausse validée en octobre par le conservateur Shinzo Abe, redevenu Premier ministre fin 2012 et homme-orchestre d'une politique économique appelée « Abenomics ».

Cela fait exactement un an, depuis la prise de fonctions de M. Kuroda, que la BoJ a réformé sa politique monétaire, avec une attention désormais portée sur un objectif d'inflation via le contrôle de la masse monétaire au lieu de la fixation d'un taux directeur au jour le jour.

A en croire M. Kuroda, les mesures adoptées pour vaincre la déflation donnent les effets escomptés et la situation évolue dans la bonne direction.

« L'inflation se situe entre 1 et 1,5% depuis plusieurs mois et cela va continuer un moment, avant de s'élever en fin d'année », prédit M. Kuroda.

Bien que cette augmentation des prix soit en partie due à la baisse du yen et à la hausse subséquente des tarifs des produits importés, à commencer par l'énergie, elle n'en est pas moins réelle.

De facto, les consommateurs, les commerçants et les fabricants ont désormais en tête l'idée que les prix vont grimper, ce qui est censé freiner la guerre tarifaire qui a pendant une quinzaine d'années eu l'effet désastreux de ralentir l'activité économique.

- Prête aux ajustements nécessaires -

Reste que nul ne sait encore quelles seront les conséquences de la hausse récente de la « TVA japonaise » sur le comportement des acheteurs. Un surcroît de demande a eu lieu avant, qui est à présent suivi d'un contre-coup, mais l'importance et la durée de ce dernier restent des inconnues.

Si ces mauvais effets risquaient de casser la reprise amorcée depuis début 2013, la banque du Japon devrait intervenir, préviennent les analystes.

Le gouverneur acquiesce. Il a répété avec insistance mardi sa détermination à « poursuivre tant que nécessaire sa politique d'assouplissement quantitatif et qualitatif ». Il précise en outre « qu'en observant les risques positifs et négatifs concernant l'économie, l'évolution des prix et la situation dans son ensemble, la banque effectuera les éventuels ajustements requis ».

« Les Abenomics ont dopé la croissance en 2013 et la politique monétaire y a contribué », reconnaissent dans un rapport les économistes Joshua Hausman, de l'Université du Michigan, et Johannes Wieland, de l'Université de Californie. Mais ils considèrent que « l'objectif d'inflation de 2% n'est pas encore totalement crédible », ce que pointent aussi du doigt de grands patrons nippons.

Quant à Kiyoshi Okonogi, éditorialiste du journal Asahi Shimbun, il est plus cinglant: « les gens qui ont placé de grands espoirs dans les Abenomics pour débarrasser le Japon de la déflation vont bientôt goûter une amère déception ».

Selon lui, même si l'assouplissement monétaire sans précédent de la Banque du Japon a contribué à accroître les bénéfices des entreprises et a dopé leurs actions, cela reste insuffisant pour enclencher le cercle vertueux voulu d'une hausse simultanée de la demande, de la consommation, des investissements et des salaires.

Et de rappeler que le volet monétaire n'est qu'une des trois « flèches » de la politique de M. Abe aux côtés de largesses budgétaires, qui ne peuvent durer indéfiniment, et de réformes dont la mise en oeuvre concrète ne peut être différée trop longtemps.

À la une

Dette et déficit du fédéral: on respire par le nez!

19/04/2024 | François Normand

ANALYSE. Malgré des chiffres relativement élevés, le Canada affiche le meilleur bilan financier des pays du G7.

Budget fédéral 2024: «c'est peut-être un mal pour un bien»

19/04/2024 | Philippe Leblanc

EXPERT INVITÉ. Les nouvelles règles ne changent pas selon moi l'attrait des actions à long terme.

Multiplier la déduction pour gain en capital, c'est possible?

19/04/2024 | WelcomeSpaces.io

LE COURRIER DE SÉRAFIN. Quelle est l'avantage de cette stratégie?