L’économie du Québec a enregistré une troisième baisse mensuelle consécutive de son PIB en mai, ce qui laisse entrevoir une révision à la baisse de la croissance pour 2015.
Le PIB réel de la province a diminué de 0,5%, après avoir reculé de 0,3% en avril et de 0,1% en mars.
La croissance de la province a été affaiblie par le secteur manufacturier(-1,8%), les services publics(-5,3%) et le secteur de l’extraction minière, pétrolière et gazière(-8,3%).
«L’ampleur de la baisse mensuelle du PIB réel a l’effet d’une douche froide», dit l’économiste Hélène Bégin, économiste principale de Desjardins. «Certaines statistiques publiées précédemment pour le mois de mai manquaient de vigueur, mais elles n’annonçaient pas un tel recul.»
Son homologue Marc Pinsonneault, de la Banque Nationale, s’est également montré surpris. «Avec une création nette de 36000 emplois depuis le début de l’année, la perte de 0,9% du PIB réel au cours des quatre mois se terminant en mai a de quoi surprendre», écrit-il dans une note.
Pour l’économiste de Desjardins, les données publiées jeudi sont lourdes de conséquence. Celles-ci font en sorte que la croissance annualisée se situe à 1,1%.
«Notre scénario de prévisions qui tablent sur une croissance du PIB réel de 1,3% en 2015 devra sans doute encore être revu à la baisse», souligne Mme Bégin.
«La faiblesse des derniers mois est telle qu’il serait étonnant que la croissance économique égale en 2015 le taux de 1,4% enregistré en 2014», dit de son côté M. Pinsonneault.
Ce qui sauve la donne
Plusieurs facteurs font en sorte que le Québec devrait éviter la récession technique(deux trimestres consécutifs de baisse), dont la vigueur des ventes au détail de juin, les mises en chantier et le chèque de la PUGE expédié par Ottawa. À lire, notre texte publié mercredi qui montre les fortes ventes d'automobiles, y compris au Québec.
La faiblesse du dollar canadien et la vigueur de l'économie américaine pourraient aussi aider les exportations québécoises. Le produit intérieur brut (PIB) américain a en effet progressé de 3,7% en rythme annualisé entre avril et juin, selon les données publiées jeudi matin. Lisez notre article La croissance américaine fait mieux que prévu
Mais force est de constater que la province se dirige vers une année de faible croissance.
L’indice du Baromètre des affaires de la FCEI publié également jeudi matin montre que la confiance des entrepreneurs est plutôt stable au Québec. Ils sont 16% à prévoir recruter du personnel à temps plein au cours des prochains mois, contre 8% qui prévoient réduire leurs effectifs, selon la FCEI.
La faiblesse de la demande demeure la principale limite à l’augmentation de la production ou à la hausse des ventes.
