Jannet Yellen, présidente de la Réserve fédérale américaine. Photo: Bloomberg
Comme c’est son habitude à la fin des huit réunions annuelles du Federal Open Market Committee (FOMC), la Réserve fédérale (Fed) annoncera mercredi à 14h15 par voie de communiqué ses décisions quant à la politique monétaire qu’elle entend suivre au cours prochains mois.
Les observateurs sont unanimes pour dire qu’elle annoncera une diminution de ses achats mensuels d’obligations de 10 milliards de dollars américains. On sait qu’elle veut mettre fin à ces mesures d’assouplissement quantitatif en octobre.
Pour ce qui est des taux d’intérêt, ils ne bougeront pas cette semaine, c’est sûr. Mais en apprendrons-nous un peu plus sur les intentions de la Fed quant au moment où elle commencera à les augmenter?
On sait que la banque centrale est très prudente dans ses énoncées concernant les taux, car les effets sur les marchés financiers sont majeurs dès qu’elle évoque un changement de politique.
La grande patronne de l'institution, Janet Yellen, a déjà bousculé un peu le comité bancaire du Sénat il y a deux semaines, en insinuant que la Fed pourrait augmenter le taux d’intérêt sur les fonds fédéraux (fed funds) plus tôt et plus rapidement que prévu si la situation de l’emploi continuait de s’améliorer au même rythme qu’au cours des derniers mois.
C’est pourquoi tous les intéressés vont s’empresser d’aller à l’avant-dernier paragraphe du communique de la Réserve fédérale dès sa publication: c’est à cet endroit que la Fed parle de taux d’intérêt.
Dans le communiqué suivant la réunion de juin, la Fed écrivait (traduction libre): «Le comité continue d’anticiper qu’il sera probablement approprié de maintenir le taux actuel des fonds fédéraux durant une période de temps considérable après la fin du programme d’achats d’obligations». Rappelons que la Fed maintient le taux des fonds fédéraux entre 0 et 0,25 % depuis la crise financière.
Alimenter la spéculation
Se pourrait-il que la Fed modifie le message? Pourrait-elle laisser tomber la mention «période de temps considérable»? Il n’en faudrait pas plus pour relancer les spéculations sur des hausses de taux.
Depuis le début de l’année, les investisseurs font preuve de beaucoup de complaisance, encouragés qu’ils sont par des taux d’intérêt très bas. En effet, les taux obligataires ont baissé, même si les données économiques s’améliorent, et les Bourses touchent constamment de nouveaux sommets même si le marché en est à sa sixième année de hausse.
«La complaisance des marchés n’est pas sans inquiéter la Fed, alors que le moment approche où celle-ci devra entreprendre la normalisation de sa politique monétaire», explique François Dupuis, économiste en chef chez Desjardins.
Dans un discours intervenu à la mi-juillet, Janet Yellen a déjà averti les investisseurs que «la valeur (boursière) dans certains secteurs semble être très exagérée, notamment pour de petites entreprises dans les réseaux sociaux et dans le secteur des biotechnologies».
Le message de Mme Yellen a rappelé aux investisseurs la célèbre sortie de son prédécesseur Alan Greenspan, en décembre 1996, lorsqu’il avait mentionné «nous sommes dans une «exubérance irrationnelle». À lire: La Bourse est surévaluée ou déjà dans une bulle, jugent une majorité de financiers.
Parler de la possibilité de hausser les taux plus tôt que prévu serait une façon de s’attaquer au problème de complaisance, mais le faire à partir du communiqué serait trop fort, croit M. Dupuis. «Plus que jamais le Fed doit être prudente, car elle fait face à une situation atypique.»
Bien que les taux d’intérêt soient au plancher depuis un bon moment, le Fonds monétaire international (FMI) abaisse ses prévisions quant à la croissance économique. «L’équilibre est précaire, et la Fed ne doit surtout pas faire d’erreur dans le communiqué», croit l'économiste de Desjardins.
Statu quo, donc? Pour le savoir, on se donne rendez-vous à l’avant-dernier paragraphe du communiqué de la Fed mercredi à 2h15.
