Japon: l'économie rechute au T2

Publié le 17/08/2015 à 08:39

Japon: l'économie rechute au T2

Publié le 17/08/2015 à 08:39

Par AFP

Photo Bloomberg.

L'activité économique s'est contractée au deuxième trimestre au Japon, un revers pour le gouvernement de Shinzo Abe qui va désormais devoir passer à la vitesse supérieure, de l'avis des analystes.

Durant la période d'avril à juin, le Produit intérieur brut (PIB) a reculé de 0,4% par rapport au trimestre précédent (janvier-mars), selon des chiffres préliminaires publiés lundi.

La consommation des ménages, qui compte pour quelque 60% du PIB, a fléchi de 0,8% (après +0,4% au premier trimestre). Les investissements non résidentiels des entreprises sont quant à eux ressortis en baisse de 0,1% (après +2,8% au 1T).

Le commerce extérieur a lui aussi contribué négativement à l'évolution du PIB (-0,3 point), alors que les exportations ont été de 4,4% inférieures à celles du premier trimestre.

Les analystes interrogés par le groupe d'information économique Nikkei s'attendaient en moyenne à un repli du PIB de 0,5% sur un trimestre. En rythme annualisé, il a diminué de 1,6%, alors que les analystes redoutaient -1,9%.

C'est certes un peu mieux qu'escompté, mais « il n'y a rien de bon dans les chiffres d'aujourd'hui », a estimé Hideo Kumano, de l'institut de recherche Dai-ichi Life, cité par l'agence Bloomberg. « La consommation s'est montrée très faible, de même que les exportations, reflet du ralentissement dans les économies émergentes, en particulier en Chine ».

Un creux « temporaire » ?

Il s'agit du premier recul enregistré dans l'Archipel depuis le troisième trimestre 2014. Le Japon était alors retombé en récession, dans la foulée d'une hausse de la TVA.

Le pays a ensuite rapidement renoué avec la croissance, accélérant même le rythme en début d'année (+1,1% au premier trimestre selon des données révisées), mais la consommation des foyers est demeurée anémique, signe de la fragilité de la reprise.

Ces statistiques mettent sous pression le Premier ministre conservateur Shinzo Abe qui tente depuis plus de deux ans de relancer la troisième puissance économique mondiale via une stratégie dite « abenomics » composée de trois « flèches » (largesses budgétaires, assouplissement monétaire et réformes structurelles).

Le gouverneur de la banque centrale du Japon (BoJ), Haruhiko Kuroda, veut cependant croire que le creux observé au printemps n'est que « temporaire », et il entrevoit un rebond pour la période juillet-septembre.

Le ministre de la Revitalisation économique, Akira Amari, a livré lundi la même analyse, évoquant des facteurs ponctuels: une moindre demande de la part de la Chine et des États-Unis, le mauvais temps et une taxe sur les mini-véhicules qui a découragé les achats.

Si la contraction devait néanmoins se prolonger, l'objectif d'inflation de 2% visé par la BoJ pourrait être difficile à atteindre dans le délai espéré (courant 2016), préviennent les économistes qui pronostiquent pour la plupart une expansion du programme de rachat d'actifs d'ici à la fin de l'année.

Surplace 

Le ministre a par ailleurs lancé un nouvel appel aux entreprises, jugeant que les hausses salariales, à même de doper la consommation, n'étaient pas à la hauteur des profits records engrangés à la faveur du yen faible.

La dépréciation de la devise nippone, conséquence indirecte de l'assouplissement de la politique monétaire, apparaît comme la principale réussite des « abenomics », avec son corollaire: l'envolée de la Bourse de Tokyo à des niveaux inédits en 15 ans.

Le nombre de touristes a également bondi, mais « les bénéfices économiques demeurent faibles », estime Marcel Thieliant, de Capital Economics.

« Dans l'ensemble, les réformes ont été inégales et n'ont pas réglé les principaux problèmes. La troisième flèche fait du surplace », déplore-t-il. « Le gouvernement doit de toute urgence répondre au déclin rapide de la main-d'oeuvre et à la relativement faible productivité du pays ».

Augmenter la part des femmes et des immigrés, s'attaquer aux rigidités du marché du travail, déréglementer le secteur des services, moderniser l'agriculture... autant de réformes incluses dans cette « troisième flèche » des abenomics mais dont la réalisation piétine depuis des mois, critiquent les experts.

D'aucuns craignent même que ces mesures impopulaires ne soient encore reportées, alors que la cote du gouvernement est au plus bas sur fond d'inquiétudes face au projet de renforcer les prérogatives de l'armée et à la relance de l'énergie nucléaire.

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