France: l'attentat d'Air Products en six questions

Publié le 26/06/2015 à 14:36, mis à jour le 27/06/2015 à 08:48

France: l'attentat d'Air Products en six questions

Publié le 26/06/2015 à 14:36, mis à jour le 27/06/2015 à 08:48

Lyon. Six mois après les attentats de Paris, la France est de nouveau en alerte maximum. Un attentat a été commis ce vendredi matin dans le sud de la France près de Lyon, dans une usine du groupe américain Air Products, faisait un mort et deux blessés. Le point sur les premiers éléments de l’enquête sur place, avec Marie Lyan.

1-Que s’est-il passé?

Il était à peine 10h du matin, heure française (4h, heure de Montréal), lorsqu’une voiture est entrée dans l’enceinte d’Air Products, un groupe américain spécialisé dans la fourniture de gaz industriels et de produits chimiques dont l’une des unités de liquéfaction est basée à Saint-Quentin Fallavier (Isère), près de Lyon (Rhône). Un chauffeur livreur de 35 ans s’est d’abord dirigé vers l’extrémité du site pour déposer la tête d’un homme décapité sur un grillage, avant de faire demi-tour et de déposer son corps dans un entrepôt. Il a ensuite projeté sa fourgonnette contre des bouteilles de gaz et d’azote, provoquant une détonation, avant d’être interpellé par des sapeurs-pompiers, qui l’ont neutralisé.

2-Qui est le suspect?

Le terroriste présumé, Yassin Salhi, avait été embauché en avril dernier en tant que chauffeur-livreur au sein d’une entreprise de transport, sous-traitante d’Air Products. Marié et père de 3 enfants, il habitait dans la banlieue lyonnaise à Saint-Priest (Rhône). Connu des services de police, il avait même fait l’objet d’une surveillance rapprochée par les services de renseignement français (DGSE) à travers une « fiche S » en 2006, mais sa surveillance avait été interrompue depuis 2008. Il était proche des mouvements salafistes et a déployé au moins un drapeau de Daesh et aurait entonné « Allah Akbar » en pénétrant dans les locaux de l’entreprise. Sa compagne, jointe par téléphone par des journalistes de la radio Europe 1, s’est montrée choquée, affirmant qu’ils avaient « une vie de famille normale ». Elle a été arrêtée quelques heures plus tard à son domicile et placée en garde à vue, de même que la sœur du terroriste présumé et qu’un homme, suspecté d’avoir surveillé le site le matin même.

3-Qui était la victime décapitée?

C’est la question qui a occupé les renseignements français durant plusieurs heures. A qui appartenait la tête de la victime, retrouvée plantée sur le grillage d’Air Products et couverte d’inscriptions rédigées en langue arabe ? Selon un porte-parole du ministère de l’Intérieur français, il s’agit de l’employeur du terroriste présumé. D’après le journal le Parisien, l’homme, âgé de 50 ans, était le directeur commercial de l’entreprise de transport, ATC, basée près du lieu de l’attaque sur la commune de Chassieu (Rhône). D’après les premiers éléments de l’enquête, il pourrait avoir été tué avant que le terroriste présumé ne franchisse le seuil d’Air Products.

4-Comment le terroriste est entré?

Le préfet de l’Isère, Jean-Paul Bonnetain, a indiqué que la voiture utilisée par l’assaillant possédait les autorisations nécessaires pour entrer sur le site de production, classé parmi les lieux sensibles selon le dispositif de prévention européen des sites industriels, Seveso. « La procédure a donc été respectée, mais les circonstances prouvent que c'est peut-être au sein même du dispositif ou de l'entreprise intervenante qu'était logée la menace », a-t-il indiqué aux journalistes, accréditant la thèse d’une voiture de fonction habituée à procéder à des livraisons sur ce site. D’après des témoignages recueillis sur place, le meurtrier était connu du personnel d’Air Products.

5-Comment ont réagi les autorités françaises?

Le président de la République française, François Hollande, a annoncé dans l’après-midi le renforcement du plan Vigipirate au niveau le plus élevé dans la région Rhône-Alpes, touchée par cet attentat, pour une durée de 3 jours. Il a même écourté sa visite à Bruxelles, où il se rendait pour un sommet européen consacré à la dette grecque, afin de rejoindre Paris pour la tenue d’un conseil de défense restreint. Son ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneve, en déplacement dans le département du Rhône ce jour-là, s’est rendu directement sur le site de l’entreprise Air Products tandis que le premier ministre, Manuel Valls, en mission économique en Colombie, a participé à distance au conseil de défense retreint.

6-Pourquoi l’entreprise Air Products?

Classé site « Seveso » en raison de son activité de production et de stockage de gaz à caractère sensible, le site de Saint-Quentin Fallavier du groupe américain Air Products n’était pourtant pas le site le plus à risque du groupe. Composé de 87 salariés, une partie de ses locaux comprenait des activités de production, indemne, ainsi qu’une partie dédiée au stockage et au conditionnement, touchée par cet attentat. Le groupe emploie 21 200 employés à travers 50 pays dans le monde, et a réalisé 10,4 milliards de ventes en 2014. En plus de son siège en banlieue parisienne, à Aubervilliers, il compte notamment trois sites de liquéfaction situés à Saint-Quentin Fallavier (Isère), Beauvais (Oise) et Strasbourg (Bas-Rhin). Jointe par téléphone, la direction de la communication du groupe a précisé ne jamais avoir reçu de menaces. « Nous n’avons aucune explication », ajoute-t-elle. L’enquête a été confiée au parquet antiterroriste de Paris.

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