Entrevue: Couillard veut protéger les sièges sociaux stratégiques

Publié le 15/12/2016 à 15:31

Entrevue: Couillard veut protéger les sièges sociaux stratégiques

Publié le 15/12/2016 à 15:31

Par Stéphane Rolland

Crédit : Alain Décarie

Québec va identifier les sièges sociaux «stratégiques» afin de les protéger. Le gouvernement présentera une stratégie «détaillée» à cet égard au début de l’année 2017, affirme Philippe Couillard lors d’une entrevue éditoriale avec Les Affaires à son bureau de Montréal.

La stratégie sera présentée «avant ou dans» le prochain budget, précise le premier ministre du Québec. «On va envoyer le message, non pas qu’on est une économie fermée, ça serait la pire chose à faire à l’international — d’ailleurs, c’est ce que le PQ et la CAQ font, c’est ça que ça donne comme signal. — Il faut être excessivement prudent, mais nous avons les outils que nous n’hésiterons pas à utiliser, comme les autres nations, lorsque nous avons des actifs particulièrement importants.»

Le chef du parti libéral n’a pas voulu dire comment son gouvernement pourrait empêcher le départ d’un fleuron. «En gros, ce sont les outils existants qu’on rassemble et qu’on renforce, répond-il. Je ne veux pas “scooper” mon affaire avant le temps.»

Au cours de la dernière année, le gouvernement Couillard a été pointé du doigt lorsque des fleurons québécois ont été achetés par des intérêts étrangers. On pense à l’acquisition de Rona par l’Américaine Lowe’s, à l’achat du Cirque du Soleil par des fonds d’investissements texan et chinois et à l’acquisition de St-Hubert par l’Ontarienne Cara. François Legault et Jean-François Lisée ont tous deux prôné une approche plus musclée pour empêcher l’exode des sièges sociaux.

Le portrait n’est pas si sombre que celui que peignent les partis d’opposition, défend M. Couillard. Il y a trois entreprises québécoises qui achètent à l’étranger pour chaque société qui se fait acquérir, selon les données du ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation du Québec pour la période entre janvier 2010 et la fin février 2016, souligne-t-il. «Tout n’est pas fleuron au Québec et tout n’est pas stratégique, nuance-t-il. Il faut devenir plus équilibré. Il y a des entreprises qui sont stratégiques le meilleur exemple, c’est Bombardier. »

Le premier ministre voit l’intervention de son gouvernement dans Bombardier comme un exemple de ses bons coups en matière de défense des sièges sociaux. «Dieu sait que j’ai été critiqué là-dessus. Pourtant, si le gouvernement n’était pas intervenu, il n’y aurait plus eu de Bombardier. Pas seulement Bombardier Aéronautique, Bombardier tout court. Il fallait le faire. On est intervenu à un moment stratégique parce qu’il fallait le faire par une participation au capital de la Série C. »

Protection modérée

S’il entend protéger les sièges sociaux, M. Couillard ne veut pas qu’il y ait un doute sur son respect de la liberté d’entreprise. La victoire de Donald Trump aux élections américaines a pourtant mis un protectionnisme beaucoup plus agressif à l’ordre du jour à Washington. Le président élu n’hésite pas à critiquer férocement les entreprises qui délocalisent des emplois afin de forcer la main à ses dirigeants.

Cette façon de faire pourrait-elle être reproduite au Québec? Comme lors de l’annonce récente de la fermeture de l’usine de biscuits Christie du groupe Mondelez à Montréal (qui a entraîné la perte de 500 emplois). M. Couillard aurait-il pu s’inspirer des agissements du président élu et inviter les Québécois à boycotter les produits de l’entreprise afin de forcer la multinationale à revoir sa décision? « Je comprends que c’est la réaction qu’on peut avoir, mais je me méfie du signal que ça donnerait aux investisseurs, répond-il. Si on leur envoie le signal qu’on va retirer la liberté des entreprises de décider, ça ne serait pas très bon.» 

Il «n’hésite pas» à critiquer Mondelez pour autant. «Elle a pris sa décision sans nous prévenir, même si le gouvernement l’a soutenu pendant toutes ses années, dénonce-t-il. J’ai un peu de misère avec ça. »

Le cas l’usine Christie reflète les difficultés du secteur manufacturier, admet le premier ministre. Les usines doivent s’assurer de demeurer productives pour ne pas se faire déclasser, poursuit-il. Il assure qu’il prend la mesure du défi devant lui. «On n’a pas les mains vides. Nous avons plein de mesures pour encourager le secteur manufacturier à se moderniser et à investir. »

Et les emplois?

La performance des libéraux en matière d’économie sera mesurée à la lumière de leur promesse de créer 250 000 emplois en cinq ans. Après un début difficile, la tendance morose s’est améliorée depuis août. Les libéraux peuvent maintenant se vanter de la création de 136 000 emplois depuis leur élection, ce qui représente une moyenne annuelle de 54 600. L’objectif est d’en créer 50 000 par année. «Il y en a qui ont parlé bien vite, déplore M. Couillard. Ils ont parlé avant la fin de l’histoire. On nous disait qu’on ne serait même pas capable de faire la moitié de l’objectif. »

Des doutes subsistent cependant sur la qualité des emplois créés. Les deux tiers des emplois créés sont à temps partiel depuis le début de l’année. En novembre 2016, la qualité des emplois se situait toujours sous ce qu’elle était en novembre 2012, selon l’indice produit par l’Institut du Québec, bien que la situation soit meilleure qu’au même mois en 2013, 2014 et 2015.

Philippe Couillard, pour sa part, juge que le marché de l’emploi va mieux, grâce au retour à l’équilibre budgétaire et à la «prévisibilité» du contexte réglementaire. Il se félicite qu’une plus grande part de la création d’emplois provienne du privé. Il attribue l’augmentation du travail à temps partiel au vieillissement de la population tandis que les préretraités veulent une tâche moins lourde. «Le fait qu’il y ait plus d’emplois créés dans le secteur privé montre que le vent tourne, que la confiance est retrouvée envers le Québec. »

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