Économie canadienne: la nouvelle qui inquiète Craig Wright

Publié le 05/12/2018 à 10:00

Économie canadienne: la nouvelle qui inquiète Craig Wright

Publié le 05/12/2018 à 10:00

Par Stéphane Rolland

L’économie canadienne pourrait croître à un rythme moins vigoureux après l’annonce de la baisse de production annoncée par l’Alberta, prévient Craig Wright, économiste en chef de la RBC, en entrevue avec Les Affaires lors d’un passage récent à Montréal. Voici un compte rendu de l’entretien.

LES AFFAIRES- Le PIB canadien a déçu au troisième trimestre. Allez-vous réviser vos prévisions?

CRAIG WRIGHT- Tout le monde doit faire quelques ajustements. Les pertes d’emplois chez GM, par exemple, forceront aussi quelques ajustements. Par contre, la baisse de la production de pétrole de 8,7% adoptée par l’Alberta pour janvier est probablement la plus grosse nouvelle. Ça risque d’avoir un impact de près de 1 point de pourcentage de croissance pour le premier trimestre. Au premier trimestre, nous prévoyions une croissance légèrement inférieure à 2%, mais nous allons probablement réajuster ce chiffre, lors de la publication de nos prévisions financières vendredi.

L.A. -Aux États-Unis, le gouverneur de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell a causé une commotion en disant que le taux directeur était «juste» en dessous du taux neutre. S’agit-il vraiment d’une déclaration importante?

C.W.- Je pense que oui. Rappelons que la Fed estime que le taux neutre se situerait entre 2,5% et 3,5%. Nous pensons que les taux iront vers le haut de cette fourchette. Je pense que M. Powell vient d’ajouter un peu d’incertitude à son plan de match. Comme ça, si l’économie ralentit, il pourrait prendre une pause et n’aura pas les mains liées.

L.A.- Votre équipe produit un indice d’accessibilité à la propriété. Cet indicateur démontre que le marché immobilier canadien n’a jamais été aussi inaccessible depuis 30 ans. Qu’est-ce qui a entraîné cette situation?

C. W.- Il faut dire que ce sommet de 30 ans est la moyenne nationale, mais c’est surtout attribuable à certains marchés comme Toronto et Vancouver. Le marché immobilier canadien n’existe pas : ce n’est qu’une moyenne de plusieurs marchés qui ont des caractéristiques différentes. Une combinaison de deux facteurs a rendu le marché moins abordable pour les ménages. Dans un premier temps, on a vu le prix des maisons augmenter et dans un deuxième temps la hausse des taux d’intérêt a rendu le service de la dette plus élevé.

L.A.- Le marché immobilier à Montréal affiche des signes de vigueur. Y a-t-il un risque qu’elle rejoigne Toronto et Vancouver dans le club des villes où le marché est inaccessible?

C.W.- La tendance va dans cette direction, mais on est encore très loin de Vancouver ou Toronto. (À Montréal, 44% du revenu des ménages est nécessaire pour couvrir le coût de l’immobilier, selon l’indice RBC. Ce chiffre est de 76% pour Toronto et 88% pour Vancouver). Montréal demeure un des marchés les plus vigoureux au Canada et la tendance devrait se poursuivre à court terme. L’économie est forte et le marché de l’emploi l’est tout autant. Ça devrait continuer de soutenir les prix de l’immobilier dans le marché montréalais.

L.A. – La cherté du marché immobilier représente-t-elle un désavantage concurrentiel pour les villes affectées ?

C.W.- Ça représente un désavantage, en effet. Si jamais une personne est courtisée pour un emploi dans une autre région, l’accessibilité du marché immobilier pourrait être un facteur. 

L.A. -La réforme fiscale a supprimé l’avantage concurrentiel de la fiscalité canadienne. Que pensez-vous des mesures annoncées par Ottawa pour améliorer la compétitivité des entreprises?

C.W.- C’est un pas dans la bonne direction. J’aimerais qu’on se dirige plus rapidement vers un budget équilibré afin d’avoir un surplus. Aussi tard dans le cycle économique, c’est un moment où il serait plus souhaitable d’avoir un budget équilibré, au minimum. Ce serait même mieux d’avoir un surplus.

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