Bois d'oeuvre: Washington et Ottawa sont passés près d'une entente

Publié le 11/07/2017 à 13:10

Bois d'oeuvre: Washington et Ottawa sont passés près d'une entente

Publié le 11/07/2017 à 13:10

Par François Normand

Le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross (source photo: Getty)

Les États-Unis et le Canada sont passés tout près de conclure une entente de principe sur le bois d’œuvre le 29 juin. Proposée par le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross, l’entente a été toutefois rejetée par l’industrie américaine, a appris Les Affaires.

Selon une source canadienne près des négociations, Wilbur Ross a présenté cette entente (qui aurait été la base de négociations plus poussées par la suite) le 29 juin au matin à la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland.

Or, le secrétaire au commerce n’aurait pas consulté au préalable la coalition américaine sur le bois d’oeuvre, qui s’est rapidement opposée à l’entente de principe la journée même.

Aussi, le 29 juin en fin de journée, l’offre de Wilbur Ross était morte et enterrée, selon la source près des négociations.

L’entente de principe prévoyait un quota de 31% sur les exportations canadiennes de bois d’oeuvre aux États-Unis en 2017. Ce quota aurait par la suite descendu à 28% en 2020-2022.

Sous un régime de quota, les droits compensatoires et anti-dumping de 27% actuellement en vigueur seraient évidemment éliminés.

La coalition américaine était d’accord avec ces quotas.

Elle s’opposait en revanche au principe de retourner en situation de libre-échange sans quota quand les prix du bois d’œuvre sont élevés et atteignent un certain niveau aux États-Unis, une demande importante aux yeux des producteurs canadiens.

Le secrétaire américain avait proposé le seuil de 386 $US par 1 000 pieds mesure de planche (pmp) à partir duquel on retourne en libre-échange.

Or, comme les prix avoisinent actuellement les 420 $US, on serait en situation de libre-échange, selon l’entente de principe proposée à Chrystia Freeland.

Quand les prix sont élevés sur le marché américain, cela permet à des pays comme le Chili, la Suède ou la Nouvelle-Zélande d’exporter du bois d’œuvre aux États-Unis sans aucune restriction, contrairement au Canada.

Wilbur Ross veut ménager le consommateur américain

Depuis quelques semaines, une fourchette de quota de 22% à 28% circulait dans les médias nord-américains.

En proposant la cible de 28% (le moins pire des scénarios), Wilbur Ross semble vouloir ménager le consommateur américain contre une hausse des prix aux États-Unis. Il semble aussi vouloir ne pas trop affaiblir l’industrie canadienne, qui est indispensable pour alimenter le marché américain en bois d’œuvre, selon des sources de l’industrie.

Cela dit, même à 28%, il s’agit du quota le plus restrictif dans l’histoire des conflits du bois d’œuvre entre le Canada et les États-Unis depuis le début des années 1980.

«On n’a jamais vu ça», dit la source près des négociations.

Historiquement, les parts de marché du Canada aux États-Unis oscillent de 30 à 33%.

Au milieu des années 1990, elles ont même dépassé les 34%, souligne l’analyste Paul C. Quinn de RBC Marchés des capitaux. Elles ont chuté à 26% après la récession de 2008-2009, pour ensuite rebondir à plus de 30% après 2014.

Le dendroctone du pin atténuera le choc

Si le quota de 28% était appliqué aujourd’hui, il y aurait impact majeur au Canada. Il y aurait un surplus de bois d’oeuvre qui ne pourrait pas être exporté aux États-Unis.

Les producteurs de la Colombie-Britannique -dont les coûts de production sont faibles- vendraient en partie leur surplus dans l’Est du Canada. Cette situation pourrait faire chuter les prix et entraîner la fermeture de scieries, notamment au Québec.

Par contre, l’impact serait moindre si le quota était appliqué en 2022, et ce, raison de l’épidémie du dendroctone du pin qui a ravagé les forêts de la Colombie-Britannique, souligne l’analyse Hamir Patel de CIBC Marchés des capitaux.

Pourquoi? Parce qu’une partie du bois de la province ne pourra pas être transformée dans les prochaines années, ce qui réduira l’offre de bois d’œuvre au Canada.

Par conséquent, au moins deux usines (peut-être même trois) devraient fermer en Colombie-Britannique dans les prochaines années.

Résultat? Ces fermetures pourraient ramener naturellement les capacités d’exportations du Canada aux États-Unis à des parts de marchés avoisinant les 28%.

«Le dendroctone du pin devrait retirer de 1 à 2 milliards de PMP de capacité en Colombie-Britannique dans les années à venir, ce qui fait qu'un quota de 28% serait seulement modestement sous la part qu'aurait naturellement eu le Canada avec le retour d'une situation milieu de cycle pour les mises en chantier», écrit Hamir Patel.

 

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