Bill Gross claque la porte, le marché obligataire sera-t-il affecté ?

Publié le 29/09/2014 à 12:01

Bill Gross claque la porte, le marché obligataire sera-t-il affecté ?

Publié le 29/09/2014 à 12:01

Par Jean Gagnon

Il était considéré comme le « roi des obligations ». Il y a 40 ans, il fondait en Californie la firme de gestion Pacific Management Co. (PIMCO) qui allait devenir le plus gros gestionnaire d’obligations au monde.

En 2000, Bill Gross vendit la firme à Allianz, un géant allemand de l’assurance, tout en demeurant le chef des investissements. Âgé de 70 ans, sa fortune personnelle est estimée à 2 milliards.

Vendredi dernier, il annonçait qu’il quittait PIMCO pour se joindre à Janus Capital Group, une firme de Denver qui a fait sa renommée surtout sur le marché des actions, mais qui a eu maille à partir avec les autorités réglementaires à la suite de l’éclatement de la bulle technologique et qui a dû verser 226 millions en pénalités en 2003.

Qu’est-ce qui a pu inciter Bill Gross à quitter ainsi la firme qui lui a valu toute sa notoriété ? Quel sera l’impact sur le marché des obligations ? Et peut-il y avoir d’autres dommages collatéraux ?

Si Bill Gross a claqué la porte vendredi, c’est probablement parce que les dirigeants d’Allianz allaient de toute façon lui montrer celle-ci au cours des jours suivants, indiquent de nombreux observateurs du marché des obligations. D’abord, les rendements n’étaient plus au rendez-vous depuis quelques années. De plus, Bill Gross avait selon plusieurs un comportement erratique avec ses collègues et lors de certaines sorties publiques. Mais surtout, on apprenait récemment que la Securities and Exchange Commission (SEC) mène actuellement une enquête en rapport avec une possible manipulation par PIMCO de l’évaluation du prix de certaines des obligations détenues dans ses portefeuilles.

Avec le départ de Bill Gross, les clients qui n’étaient probablement pas d’accord avec certaines des stratégies utilisées exigeront sûrement des modifications à celles-ci, explique Guy Liébart, président de Gestion Sodagep. « Or, si plusieurs opérations à gros volume sont nécessaires pour renverser certaines stratégies, le marché pourrait être quelque peu déstabilisé », dit-il. « Toutefois, tout devrait se rétablir assez rapidement, car PIMCO n’est pas le seul gros joueur et les marchés sont efficaces », ajoute-t-il.

De plus, ce n’est pas le départ de Bill Gross qui va changer la politique monétaire, indique Paul-André Pinsonnault, économiste principal, revenu fixe, à la Financière Banque Nationale. Et c’est elle qui en bout de ligne impacte surtout les marchés obligataires. Des effets pourraient toutefois être perceptibles dans certains secteurs du marché des obligations. On pourrait assister à certains mouvements de prix sur des obligations moins liquides, telles celles de pays périphériques.

Mais la principale interrogation concerne plutôt l’enquête de la SEC. Est-ce ce facteur qui a incité Bill Gross a quitté précipitamment ? Si PIMCO devait être reconnu coupable d’avoir manipulé l’évaluation de certaines obligations qu’il détenait, cela pourrait constituer un œil au beurre noir, non pas seulement pour PIMCO, mais aussi pour toute l’industrie des fonds communs d’obligations, selon Paul-André Pinsonnault. Ce pourrait bien être le plus gros risque que cache le départ en trombe du « roi des obligations ».

 

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