Pourquoi le dollar américain chute-t-il par rapport aux principales devises dans le monde, dont le dollar canadien ?

Parce qu'il y a un déséquilibre mondial. Les États-Unis ont un énorme déficit commercial, tandis que la Chine affiche un important surplus. Les marchés mondiaux sont très inquiets du déficit budgétaire du gouvernement américain et de la capacité de Washington de le financer sans créer d'inflation. Pour corriger ce déséquilibre qui fait chuter le billet vert, les exportations américaines doivent être plus compétitives et les exportations chinoises, moins compétitives. Le problème, c'est que depuis un an la Chine n'a pas permis à sa monnaie [le yuan] de gagner de la valeur par rapport au dollar américain, contrairement à ce qui s'est produit pour le huard et d'autres devises. Certes, la devise chinoise s'est appréciée de 20 % depuis 2002 par rapport au dollar américain, mais cette année, rien n'a bougé.

Dans une analyse récente, vous affirmez que la dépréciation du billet vert n'est pas une mauvaise chose pour l'économie américaine. Pourquoi ?

Cette dépréciation est positive dans la mesure où les exportations des États-Unis deviennent plus compétitives et qu'elles permettent de réduire le déficit commercial américain, comme on le voit depuis quelque temps. À vrai dire, ce débat est un peu futile. Le taux de change est tout simplement le résultat de l'offre et de la demande pour le dollar américain. Mais en même temps, ce taux donne un coup de pouce aux Américains, pour leurs exportations, mais aussi pour combattre la baisse généralisée des prix. Leur économie est dans une phase déflationniste. L'inflation pourrait donc être encore plus basse et atteindre des niveaux dangereux. Or, ce n'est pas le cas.

Des analystes disent que la force du huard par rapport au dollar américain est un problème; d'autres rétorquent que c'est un avantage. Qu'en pensez-vous ?

Ces deux points vue sont valables. Pour les consommateurs, la force du huard est une bonne chose : l'achat de biens importés coûte moins cher. Mais pour exportateurs, c'est plus difficile, car nos produits sont moins compétitifs aux États-Unis, mais aussi ailleurs dans le monde. Mais à long terme, un huard fort est positif pour notre économie : cela force nos exportateurs à accroître leur productivité.

( CV )

Nom: Sherry Cooper

Fonction: Vice-présidente à la direction et stratège en économie mondiale

Entreprise: BMO Groupe financier

L'économiste a publié en 2008 son troisième livre, intitulé The New Retirement: How it Will Change Our Future.

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