Reste-il des occasions aux États-Unis?


Édition du 24 Mars 2018

Reste-il des occasions aux États-Unis?


Édition du 24 Mars 2018

Par Dominique Beauchamp

[Photo: Charles DesGroseilliers]

Le cycle économique mûrit tandis que la remontée des taux nourrit des doutes sur la poursuite de la hausse des cours boursiers. Dans l'ombre des grands indices, toutefois, se cachent toujours des occasions. Nous avons demandé à trois pisteurs de titres de proposer des entreprises qu'ils jugent attrayantes.

COLIN WONG
Cogestionnaire, Fonds d'actions américaines Mawer
Calgary

« Prévoir les marchés est futile. Les gains reflètent la bonne conjoncture mondiale. C'est à nous d'établir si nos placements continuent de mériter l'évaluation accordée. »

Alphabet, GOOGL
Cours : 1153,25 $ US
Valeur boursière : 798,61 G$ US
Gain depuis 12 mois : + 32,3 %
Ratio cours/bénéfice prévu dans 12 mois : 23,8 fois
Croissance des bénéfices prévue (3 à 5 ans) : + 24,6 %

La société mère de Google n'a pas perdu ses principaux attraits aux yeux de M. Wong.

Son évaluation est encore raisonnable pour une société aussi dominante et rentable dont l'encaisse est de 100 milliards de dollars américains.

« Son portefeuille de produits ne cesse de grandir et lui offre de nouvelles sources de revenus potentiels, en même temps que la chef de la direction financière impose à l'entreprise plus de discipline financière », souligne le gestionnaire de Calgary, en mentionnant YouTube TV et Google Home.

La société entre de plus en plus souvent en collision avec Amazon (AMZN, 1 484 $ US) quant aux services infonuagiques, aux enceintes connectées et même à la publicité numérique, mais le terrain de jeu est encore bien assez vaste pour tous », soutient le financier.

Alphabet bénéficie d'un avantage sous-estimé, croit aussi M. Wong. Il est plus facile pour une entreprise de technologie de monétiser ses produits et services quand ils sont offerts aux entreprises plutôt qu'aux consommateurs.

« Abstraction faite de son encaisse, l'évaluation de moins de 25 fois les profits prévus est attrayante tant que la croissance annuelle continuera de dépasser 15 %, ce que nous prévoyons », précise le gestionnaire de Calgary.

Verisk Analytics, VRSK
Cours : 104,10 $ US
Valeur boursière : 17,2 G$ US
Gain depuis 12 mois : + 30,0 %
Ratio cours/bénéfice prévu dans 12 mois : 23,5 fois
Croissance des bénéfices prévue (3 à 5 ans) : + 14,6 %

Cette société méconnue de moyenne capitalisation offre l'analyse de données aux assureurs en dommages pour évaluer la souscription de polices et les réclamations.

Un deuxième service procure le sceau d'accréditation ISO aux contrats d'assurance.

La nature essentielle de ses services - elle détient une part de marché de 80 % dans certains créneaux - se reflète dans ses marges d'exploitation solides de 37 %, ses flux de trésorerie réguliers et un rendement élevé de 34 % de l'avoir des actionnaires.

« La robustesse de sa niche offre un bon filet de sécurité, comme en témoigne la croissance des revenus même pendant la crise de 2008-2009 », indique M. Wong.

Ses spécialités requièrent peu de dépenses en capital outre les investissements dans les centres de données et les drones.

Verisk digère encore l'achat historique de 2,8 milliards de dollars américains de l'Écossaise Woods Mackenzie en 2015, un spécialiste de l'analyse de données pour l'industrie des ressources naturelles qui gonfle ses dépenses d'amortissement.

Cela a pour effet de donner moins belle allure qu'avant aux bénéfices et au rendement de l'avoir des actionnaires, mais sur la base des flux de trésorerie, sa performance est solide.

LINDA LEBRUN
Cofondatrice et gestionnaire, actions américaines à petite capitalisation, Laurus Investment Counsel
Toronto

« Les récessions sont inévitables, d'où nos exigences de qualité à prix raisonnable pour nos PME, sur un horizon de trois à cinq ans. »

Columbia Sportswear, COLM
Cours : 77,70 $ US
Valeur boursière : 5,4 G$ US
Gain depuis 12 mois : + 35,0 %
Ratio cours/bénéfice prévu dans 12 mois : 21,9 fois
Croissance des bénéfices prévue (3 à 5 ans) : + 9,1 %

Le fabricant de vêtements de sport et des bottes Sorel recèle plusieurs des caractéristiques de qualité que recherche Laurus Investment Counsel.

La société de l'Oregon accroît ses revenus, ses bénéfices et ses dividendes sans trop d'éclat année après année, ce qui gonfle sa valeur au fil du temps.

En 2018, ses revenus devraient progresser de 4 % à 6 %, et ses bénéfices, de plus de 10 %, grâce à de meilleures marges.

« Son évaluation est raisonnable pour une entreprise qui ajoute à sa valeur économique petit à petit et qui sait s'adapter aux exigences des vêtements techniques et aux aléas des détaillants », fait valoir Mme Lebrun.

D'ailleurs, la croissance de 4 % des ventes et le bénéfice d'exploitation record de 2017, en pleine crise pour les détaillants, indiquent que ses produits trouvent preneur et que le fabricant est bien géré, ajoute-t-elle.

L'actionnariat de 55 % de la famille fondatrice Boyle aligne aussi leurs intérêts sur ceux des investisseurs.

Autre repère de qualité : Columbia a clos l'exercice 2017 avec une encaisse record de 768 M$ US et aucune dette, tandis que ses stocks ont diminué de 6 %.

TransUnion, TRU
Cours : 58,60 $ US
Valeur boursière : 10,7 G $ US
Gain depuis 12 mois : + 54,3 %
Ratio cours/bénéfice prévu dans 12 mois : 22,6 fois
Croiss. des bénéfices prévue (3 à 5 ans) : 12,8 %

La troisième agence d'évaluation de crédit, après Equifax et Experian, offre un service dont les prêteurs peuvent difficilement se passer.

« Le marché nord-américain est mûr, mais il dégage de bons flux de trésorerie tandis que la croissance à long terme proviendra des pays où la classe moyenne explose et où la réglementation du crédit augmente », explique Mme Lebrun.

TransUnion tire déjà 20 % de ses revenus de marchés étrangers, dont l'Inde, le Mexique et l'Afrique du Sud.

La société de Chicago investit aussi dans de nouveaux produits d'analyse de données pour donner encore plus de valeur à ses évaluations de crédit et renforcer son avantage concurrentiel.

La société peut certainement rafler des parts de marché à Equifax, qui n'a pas su protéger les données personnelles de 145 millions de ses clients lors d'une cyberattaque l'été dernier, mais ce n'est pas pour cette raison que Laurus détient ce titre.

« La société a un bon modèle d'affaires qu'elle exécute bien, dans un marché à trois. La hausse de sa marge d'exploitation, de 12,7 % en 2015 à 23,6 % en 2017, en témoigne », précise Mme Lebrun qui prévoit une progression de 9 % à 10 % des revenus en 2018.

Luxoft Holding, LXFT
Cours : 45,35 $ US
Valeur boursière : 1,5 G$ US
Recul depuis 12 mois : - 25,1 %
Ratio cours/bénéfice prévu dans 12 mois : 13,5 fois
Croissance des bénéfices prévue (3 à 5 ans) : + 7,4 %

Incorporé dans les Îles vierges britanniques, mais établi en Suisse, le fournisseur mondial d'outils de développement de logiciels sur mesure compte plus de 13 000 employés dans 21 pays.

La société est au coeur d'un effort prometteur de diversification de revenus, tant par spécialités que par régions, afin de moins dépendre de deux clients majeurs, ce qui ralentit temporairement sa croissance, explique Mme Lebrun.

Le PDG Dmitry Loschinin améliore aussi les marges en acceptant moins de mandats dans des spécialités peu rentables, tels que le secteur pharmaceutique et celui des télécommunications.

La stratégie commence à rapporter puisque ses revenus ont crû de 26,5 % au troisième trimestre, abstraction faite des clients UBS et Deutsche Bank, qui charcutent leurs dépenses.

Les revenus dans le secteur des automobiles connectées devraient par exemple croître de 40 % cette année grâce, entre autres, à un important constructeur allemand.

Ses dix principaux clients procurent encore 57 % des revenus, mais cette proportion a baissé de 7 % depuis un an. L'annonce d'un partenariat avec Amazon Cloud Services, pour accélérer l'adoption par les entreprises de la chaîne de bloc et des technologies de registre distribué, a fait bondir son action de 5 %, le 20 février.

La société dispose aussi d'un bilan presque sans dette.

DAVID SEGAL
Cogestionnaire de portefeuille Fonds américain d'actions Franklin
New Jersey

« Nous n'achetons pas le marché. Nous sélectionnons des occasions le plus souvent parmi les entreprises loin des projecteurs. »

General Motors, GM
Cours : 37,67 $ US
Valeur boursière : 52,8 G$ US
Gain depuis 12 mois : + 1,6 %
Ratio cours/bénéfice prévu dans 12 mois : 5,9 fois
Croissance des bénéfices prévue (3 à 5 ans) : + 14,5 %

Les ventes d'autos ont peut-être atteint un plateau, mais le modeste ratio cours/bénéfice de General Motors en tient déjà compte, croit M. Segal.

Les populaires véhicules sport utilitaires sont plus rentables pour le constructeur, ce qui compense pour le plafonnement des ventes de véhicules légers.

De plus, ses prochains modèles de camions profiteront du retour des dépenses des petites entreprises au moment où l'endettement élevé des consommateurs freine les ventes d'autos neuves.

Le gestionnaire de Franklin Templeton rappelle que le fabricant a déjà amputé 6,5 G$ US de ses coûts afin d'abaisser son seuil de rentabilité à un niveau de ventes de 10 à 11 millions d'unités aux États-Unis.

« Au troisième trimestre, toutes les divisions ont été rentables pour la première fois depuis 2014, malgré la fermeture de plusieurs usines pour réduire les stocks », dit-il.

GM fait preuve de plus de discipline financière comme le montre le redressement au Brésil, la vente d'Opel Vauxhall à Peugeot, en Europe, le retrait de la marque Chevrolet en Inde, ainsi que les dures négociations pour réduire ses coûts en Corée du Sud.

La renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain est un risque, mais l'évaluation peu gourmande du titre compense.

« La société remodelée est aussi en pôle position pour lancer les premiers véhicules autonomes, actuellement testés à San Francisco, dès 2019 », ajoute M. Segal.

Eli Lilly & Co., LLY
Cours : 79,40 $ US
Valeur boursière : 85,9 G$ US
Recul depuis 12 mois : - 8,6 %
Ratio cours/bénéfice prévu dans 12 mois : 15,0 fois
Croissance des bénéfices prévue (3 à 5 ans) : + 11,9 %

La pharmaceutique d'Indianapolis veut fouetter sa performance, ce qui devrait lui redonner plus de valeur d'ici trois ans, prévoit M. Segal.

Eli Lilly envisage afin d'essaimer en Bourse ou de vendre sa filiale de santé animale Elanco, qui représente 15 % de ses revenus. Le capital récolté lui procurerait d'énormes moyens financiers pour acquérir des sociétés de recherche pharmaceutique et s'assurer ainsi d'un bel avenir.

L'entreprise est déjà bien établie dans les domaines du cancer, de l'Alzheimer et du diabète, entre autres. Le nouveau PDG veut à la fois mettre la main sur de nouveaux médicaments prometteurs et réduire ses propres dépenses en recherche et développement, explique le financier.

David Ricks tente de relever les marges déficientes en supprimant des postes et des coûts, en partageant des laboratoires avec des rivaux et en confiant à d'autres certains essais cliniques.

Comme tant de ses semblables, la société pharmaceutique doit sans cesse combattre des médicaments concurrents et l'expiration de ses propres brevets.

Sous peu, un traitement de Sanofi pour le diabète rivalisera d'ailleurs le médicament vedette Humalog d'Eli Lilly. Au cours actuel, son titre incorpore déjà la pression qui s'exerce sur les prix de tous les médicaments, estime le gestionnaire du New Jersey. Le dividende de 3 % est solide, tout comme le bilan.

Cognizant Technology Solutions, CTSH
Cours : 84,35 $ US
Valeur boursière : 48,7 G$ US
Gain depuis 12 mois : + 41,1 %
Ratio cours/bénéfice prévu dans 12 mois : 16,5 fois
Croissance des bénéfices prévue (3 à 5 ans) : + 13,8 %

Le consultant en TI n'a pas terminé la relance réclamée par l'investisseur activiste Elliott Management, depuis novembre 2016.

L'entreprise du New Jersey a brassé son conseil d'administration et a déjà retourné 1,7 G $ du capital de 3,4 G $ US promis à ses actionnaires sous forme de rachat d'actions.

La société s'est aussi engagée à faire passer ses marges d'exploitation de 17,5 % à 22 %, d'ici 2019.

Les dirigeants s'appuient sur les clients clés des secteurs de la santé et de la finance et sur une nouvelle offre numérique pour rapprocher les marges de celles de ses rivaux indiens notamment.

Sans l'encaisse de 1,9 G $ US au bilan, le titre est peu chèrement évalué étant donné l'amélioration des marges et une accélération potentielle de la croissance des revenus supérieure à 10 %.

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