Or: ce qui pourrait redonner du lustre au métal précieux

Publié le 23/01/2015 à 06:48

Or: ce qui pourrait redonner du lustre au métal précieux

Publié le 23/01/2015 à 06:48

Photo: Bloomberg

Depuis plus de 18 mois, le lingot d'or se négocie entre 1 150 $US et 1 350 $US l'once. Ainsi, les investisseurs qui ont acheté des fonds aurifères au moment où l'or atteignait son sommet pendant l'été de 2011 ont probablement subi des pertes d'environ 8% par an, faisant passer un investissement de 10 000$ à 7 700$. Pourtant, pour ceux qui sont prêt à jeter l'éponge, il pourrait y avoir un peu de répit, ou même une lueur d'espoir que le lingot connaîtra de nouveau cette période exaltante de l'époque où il se négociait à 1 900 $US l'once.

Par Michael Ryval*

Cela pourrait être le cas si vous croyez que se réaliseront les conditions permettant à l'or de renaître de ses cendres, comme l'explique Onno Rutten, vice-président de Placements Mackenzie.

« La tendance actuelle pourrait quand même se prolonger un peu, peut-être une autre année. Pour le moment, tous les pays tentent de comprendre les activités des banques centrales, aux États-Unis, en Europe et au Japon, et ce que cela signifiera pour les taux d'intérêt réels », dit M. Rutten, gestionnaire de portefeuille principal de la Catégorie Mackenzie Métaux précieux . « Tant que le marché essaie de comprendre, l'or ne sait pas trop où aller. »

M. Rutten s'est joint à Placements Mackenzie en 2011 après avoir eu une carrière d'ingénieur de procédés en Afrique du Sud et en Australie, et plus tard comme analyste des actions des métaux et des mines pour Scotia Capital et UBS. Il est titulaire d'une maîtrise ès sciences en génie minier et pétrolier de l'Université de Delft (Pays-Bas) et d'un MBA de l'INSEAD (France).

Contrairement aux investisseurs qui associent le prix de l'or aux pressions inflationnistes, M. Rutten soutient que ce qui compte, ce sont les taux d'intérêt, une fois que l'inflation a été prise en compte. À l'heure actuelle, les taux d'intérêt réels avoisinent zéro, mais les prévisions du marché semblent toutes pointer vers une hausse des taux réels à mesure que la reprise s'accélérera aux États-Unis.

« Si la conjoncture économique idéale que nous connaissons actuellement se confirme, l'or continuera d'être sous pression. Car si les taux réels augmentent, le coût d'opportunité lié à la participation à l'or augmente. Dans une conjoncture de taux d'intérêt positifs, on peut investir dans d'autres catégories d'actifs et obtenir un rendement », dit M. Rutten.

À court terme, l'or pourrait même descendre jusqu'à 1 100 $US l'once et éventuellement plus bas, dit M. Rutten. « C'est le scénario de base sur lequel le marché se concentre, et pourquoi l'or se situe dans cette zone intermédiaire. »

M. Rutten soutient que les investisseurs devraient envisager deux scénarios différents qui pourraient être de bon augure pour l'or. Les deux scénarios reposent sur la possibilité d'une erreur des décideurs. Dans le premier scénario, la Réserve fédérale américaine ferait augmenter les taux d'intérêt trop lentement. Dans ce cas, l'inflation, qui exerce déjà une pression croissante, pourrait s'accélérer. « Le chômage est déjà assez faible, donc les pressions sur les salaires montent, dit M. Rutten. La grosse surprise pour le marché serait de voir une forte hausse de l'inflation globale en 2015. »

Après avoir fait marché la planche à billets à raison de milliards de dollars pendant des années, la Fed hésite à augmenter les taux prématurément. « Il existe un risque réel que la Fed ait trop tardé et que nous connaissions une inflation de 2,5 % à 3 %, dit M. Rutten. Le cycle normal de l'inflation consiste en une hausse des salaires, et puis les gens commencent à dépenser et les prix augmentent. Nous avons déjà entamé ce cycle. »

Par ailleurs, si la Fed relève modestement ses taux mais que l'inflation augmente, les taux d'intérêt réels vont baisser ou être négatifs. « Cela serait de très bon augure pour l'or. »

M. Rutten fournit des données historiques, basées sur une analyse des taux d'intérêt réels pendant la période allant de 1971 à 2013, pointant vers un rendement mensuel annualisé des prix aurifères de 28 % en période de creux, et une chute des taux d'intérêt réels, « ce qui n'est pas loin de la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement. »

Le deuxième scénario porte sur une panique de la Fed devant la hausse de l'inflation, avec pour résultat une hausse trop rapide des taux d'intérêt. « Nous regorgeons d'antécédents historiques montrant que lorsque la Fed hausse les taux trop rapidement, cela freine la croissance économique et l'économie se met à caler », dit M. Rutten.

« Le problème avec les hausses des taux d'intérêt, c'est que nous partons de 0 %. Il y a une question qui reste à débattre, c'est comment les consommateurs réagiront à un scénario de hausse brutale des taux d'intérêt », dit M. Rutten. Si l'économie américaine se mettait à stagner, dans le pire des scénarios, M. Rutten laisse entendre que la Fed pourrait devoir inaugurer une quatrième vague d'assouplissement quantitatif (QE4) pour faire redémarrer l'économie en imprimant plus d'argent.

L'année dernière, le modèle de prévision de M. Rutten suggérait que l'or aurait dû atteindre jusqu'à 1 600 US$ l'once. Mais cela ne s'est pas concrétisé, admet M. Rutten, le marché ayant commencé à anticiper la disparition progressive de la troisième phase d'assouplissement quantitatif. De plus, l'or s'est sous-classé à mesure que les banques centrales continuaient à élargir la base monétaire mondiale. M. Rutten est donc prudent vis-à-vis des prévisions de 2015, suggérant tout de même deux scénarios selon lesquels l'or pourrait connaître une poussée.

« Mais je veux que mon avis soit équilibré, dit M. Rutten. Si la Fed réussit à prendre le chemin d'une inflation modeste, d'une bonne croissance économique et d'une hausse graduelle des taux d'intérêt, le prix du lingot pourrait ne pas bouger. Mais je ne veux pas être exposé entièrement à un scénario idéal. Je veux me protéger contre les erreurs de politique monétaire. »

Michael Ryval, qui contribue régulièrement à Morningstar, est un auteur pigiste de Toronto se spécialisant dans les domaines du placement et des affaires.

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